Paxlovid et tacrolimus : une association potentiellement fatale

Dans un courrier destiné aux professionnels de santé transmis sous l’autorité de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm), Pfizer France rappelle les points de vigilance concernant l’association de Paxlovid avec certains médicaments. Ainsi, une attention particulière doit être portée en cas de coadministration avec les immunosuppresseurs à marge thérapeutique étroite, tels que les inhibiteurs de la calcineurine (ciclosporine, tacrolimus), et les inhibiteurs de mTOR (évérolimus, sirolimus). Cette association est susceptible d’entrainer des réactions pouvant engager le pronostic vital, en raison d’interactions pharmacocinétiques (notamment une augmentation importante des concentrations sanguines de l’immunosuppresseur par inhibition de son métabolisme hépatique par le cytochrome P450 3A4).

Ainsi, le laboratoire, en accord avec les autorités sanitaires, demande qu’il soit fait appel à un groupe pluridisciplinaire de spécialistes en cas de co-administration de l’antiviral avec un immunosuppresseur à marge thérapeutique étroite. Si l’association est prescrite, une surveillance étroite doit être effectuée pendant et également après la fin du traitement par Paxlovid (dosage régulier de la concentration sanguine de l’immunosuppresseur). Enfin, il est rappelé que le traitement anti-Covid-19 est contre-indiqué avec les médicaments dont la clairance est fortement dépendante du cytochrome P450 3A et pour lesquels des concentrations plasmatiques élevées peuvent entraîner des réactions graves voire mortelles.

Depuis sa commercialisation en mai 2022, Paxlovid a fait l’objet de mises en garde contre les nombreuses interactions médicamenteuses auxquelles il expose. Des signalements de cas graves, fatals pour certains, résultant d’interactions médicamenteuses entre Paxlovid et des immunosuppresseurs ont conduit le Comité de pharmacovigilance (Prac) de l’Agence européenne du médicament alerter les professionnels de santé.