À notre santé… mentale !

Danièle était parfois agitée. Elle pouvait nous répéter une dizaine de fois, comme un disque rayé : « T’as pas une clope ? T’as pas une clope ? T’as pas une clope », en s’agitant devant le comptoir de la pharmacie. Malgré les 12 flacons d’halopéridol que la pharmacie lui délivrait avec d’autres psychotropes, cette femme sous tutelle, en famille d’accueil dans le village, était périodiquement agitée. De son côté, Madame S. nous expliquait que le voisin lui voulait du mal pendant que nous lui délivrions une ordonnance pour sa fille. Des voix le lui disaient. Celles qui venaient du mur mitoyen… Et puis, il y a eu P., dont le fils et le mari s’étaient suicidés le même jour, entraînant stupeur et douleur… Vous avez beau délivrer des psychotropes, jongler avec les interactions et la clinique des pathologies, vous êtes souvent désemparés face à la douleur psychique. Qu’il s’agisse d’un client, d’une collègue qui perd pied ou de ce monsieur apeuré qui parle tout seul dans la rue…, nous pouvons tous agir, ne serait-ce qu’un peu. En nous formant pour devenir secouriste en santé mentale (lire p. 11). Accueillir la parole, écouter, réconforter, orienter… Les gens qui ne vont pas bien, ça vous connaît ! C’est ça la pharmacie. Un lieu pour s’épancher quand l’écoute est bienveillante… En accueillant le printemps et ses nouveaux bourgeons symboles de renouveau, que son souffle nous pousse, et portez-vous bien !