Hydroxychloroquine dans Covid-19 : le nombre d’ordonnances délivrées explose

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Hydroxychloroquine dans Covid-19 : le nombre d’ordonnances délivrées explose

Publié le 22 avril 2020
Par Anne-Hélène Collin
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L’hydroxychloroquine (voir notre enquête ici, et le signal de pharmacovigilance ici) a été le médicament le plus délivré sur ordonnance au cours des deux premières semaines de confinement (semaines 12 et 13, du 16 au 29 mars), révèle le premier volet de l’enquête EPI-Phare (groupe d’intérêt scientifique constitué par l’ANSM et la Cnam) visant à étudier la consommation médicamenteuse pendant le confinement, et publiée ce 22 avril : +.61,9 % en semaine 12 et + 145,1 % en semaine 13.

Ainsi, le nombre de nouveaux patients sous hydroxychloroquine est estimé à 28 000 entre le 16 et le 29 mars (essentiellement des moins de 60 ans et socialement favorisés), avec un pic à près de 5.000 personnes le 18 mars, soit 2 jours après la présentation de l’essai du Pr Raoult.

Première région ? Sans surprise, c’est Provence-Alpes-Côte d’Azur, devant l’Ile-de-France, alors que la région Grand-Est, particulièrement atteinte, reste dans la moyenne nationale. 

La tendance est la même pour l’azithromycine, avec une augmentation des prescriptions de 26,3 % en semaine 12 et 72,3 % en semaine 13. L’association hydroxychloroquine et azithromycine a concerné environ 8 100 personnes.

Gros succès également pour le paracétamol : rationné pour les ventes sans ordonnance depuis le 18 mars (semaine 12), les prescriptions se sont envolées dès le mois de février, avec une délivrance à un million et demi de personnes en plus que prévu en semaines 12 et 13. 

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Les Français prévoyants…

Plus généralement, la même enquête révèle que les pharmacies ont délivré 20 à 40 % de traitements chroniques de plus que d’habitude lors de la première semaine du confinement (du 16 au 22 mars), et met en évidence un « phénomène de stockage » des Français.

En tête des médicaments les plus délivrés, les traitements pour pathologie cardiovasculaire et diabète (+ 42 % pour l’insuline, autour de 30 % pour les antihypertenseurs et les antidiabétiques oraux), les médicaments à base de lévothyroxine (+ 40,8 %), les antirétroviraux (+ 31,8 %), les antidépresseurs (+ 21,6 %) et, loin devant, les traitements des maladies obstructives respiratoires (+ 46, 7 %) ou la contraception orale (+ 45,3 %). En semaine 13 (23 au 29 mars) les délivrances restaient soutenues : + 17 à + 37 % selon les classes thérapeutiques.

…mais qui ne consultent plus

A l’inverse, les médicaments nécessitant un acte médical tels que les vaccins (jusqu’à – 67,6 % en semaine 13), les DIU (- 58,6 % en semaine 13), les produits de contraste et préparations coloscopiques (- 71,9 % en semaine 13), les anti-VEGF indiqués dans la DMLA (- 39,6 % en semaine 13), ainsi que la contraception d’urgence (- 15,7 % en semaine 13) ont été moins délivrés que prévu. Les délivrances d’AINS ont aussi diminué (- 59,1 % en semaine 13), depuis l’alerte lancée par les autorités de santé.

« La possession de médicaments actifs en quantité suffisante ne veut néanmoins pas dire que les adaptations thérapeutiques fines des doses nécessaires pour certains traitements (…) ont été réalisées », s’inquiètent l’ANSM et la Cnam. De plus, l’absence d’examen de diagnostic pourrait retarder une prise en charge médicale. De quoi inquiéter davantage les autorités sanitaires, alors que les cabinets médicaux restent vides malgré des incitations répétées à consulter.