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Prise de tension dans le Sud pour évaluer un nouveau suivi

Publié le 30 mars 2024
Par Matthieu Vandendriessche
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Une expérimentation est menée actuellement en Provence-Alpes-Côte d’Azur, axée sur les patients atteints d’hypertension artérielle, qui vise à la modéliser et à tracer un parcours collaboratif entre le pharmacien correspondant et le médecin traitant.

 

Depuis la parution d’un décret en mai 2021, un patient peut déclarer à l’Assurance maladie, avec son accord, son pharmacien correspondant. Cela afin qu’il renouvelle pendant une durée maximale de 12 mois tout ou partie des traitements lorsque le médecin en prescrit la possibilité et, le cas échéant, procéder à un ajustement des posologies. Ces actions ne s’effectuent que dans le cadre d’une structure d’exercice coordonné (équipe de soins primaires, maison de santé pluriprofessionnelle, communauté professionnelle territoriale de santé, etc.) à laquelle appartient également le médecin traitant. Depuis 2022, cette mission est restreinte aux territoires sous-médicalisés ou touchés par des difficultés d’accès aux soins. La rémunération du pharmacien correspondant a été fixée à 2 € TTC par patient suivi jusqu’à 100 patients, puis à 1 € TTC au-delà, avec un plafonnement annuel à 500 € TTC. Si des pharmaciens s’y sont engagés, cette mission méritait d’être revue afin de la rendre accessible au plus grand nombre. L’union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens de Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), l’agence régionale de santé Paca et l’omédit Paca-Corse ont donc lancé une nouvelle expérimentation qui s’étend pour l’heure à tous types de pharmacies, y compris celles qui n’appartiennent pas à une structure d’exercice coordonné, et qui vise les patients traités pour une hypertension artérielle (HTA). Une pathologie dont souffrent 17 millions de Français. Seulement la moitié d’entre eux seraient traités et près de 40 % des patients ne sont pas observants, selon Santé publique France.

80 pharmaciens volontaires

 

« Le projet consiste à structurer et à valoriser ce qui est souvent déjà fait au comptoir : identifier les éventuels problèmes lors de la prise des traitements », précise Félicia Ferrera, présidente de l’URPS pharmaciens Paca. La personne éligible au suivi doit recevoir au moins deux principes actifs antihypertenseurs et être atteint par au minimum deux autres facteurs de risques cardiovasculaires : hypercholestérolémie, diabète, tabagisme, obésité, etc. Pour tout patient qui le requerrait, une mesure ambulatoire de la pression artérielle est effectuée, puis il est adressé, si nécessaire, à son médecin traitant. Une évaluation du besoin de suivi thérapeutique des patients définis comme éligibles est réalisée selon une procédure modélisée. « S’il est observant, que la tolérance au traitement est bonne et la surveillance régulière, il peut d’ores et déjà désigner son pharmacien correspondant en le déclarant sur un formulaire Cerfa* disponible sur ameli.fr », explique Félicia Ferrera. Si un besoin de suivi renforcé est détecté, un bilan partagé de médication est alors proposé au patient. Dans le cas où il n’en remplirait pas les conditions, il bénéficie tout de même d’une revue médicamenteuse et également d’une action éducative ciblée sur la gestion quotidienne des traitements ou encore l’apprentissage de l’automesure. Toutes les actions officinales sont enregistrées dans le dossier médical partagé. Un plan pharmaceutique personnalisé peut être établi. Si le pharmacien ne souhaite pas assurer le suivi du patient, celui-ci sera orienté vers une consultation médicale. Pour la profession, une formation courte sur l’HTA est dispensée en e-learning, complétée par deux séances de cas pratiques en visioconférence. Entre autres rémunérations, la mesure de la pression artérielle est payée 10 €, tandis que les actions éducatives ciblées le sont à hauteur de 25 €. Après cette première phase d’expérimentation qui a rassemblé 80 pharmaciens volontaires, une deuxième sera conduite au sein, cette fois-ci, d’officines intégrées à une structure d’exercice coordonné.

  • * Centre d’enregistrement et de révision des formulaires administratifs.

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