Les thermomètres médicaux

Définition

• Les thermomètres médicaux mesurent la température corporelle au niveau de sites périphériques. Ils reflètent plus ou moins étroitement la température centrale, dont la mesure de référence, au niveau de l’artère pulmonaire, est impossible en pratique courante.

• Ce sont des dispositifs médicaux de classe IIa, mis sur le marché avec marquage CE et contrôle de conformité par un organisme notifié.

Objectifs

Ces dispositifs sont indiqués pour dépister et mesurer une variation de température au-delà des normales circadiennes, entre 36,5 et 37,5 °C, selon le sexe, l’activité, l’âge, le moment de la journée… Ils diagnostiquent et suivent l’évolution de la fièvre.

Définie par une température centrale. à 38 °C, la fièvre est la réponse des centres hypothalamiques de thermorégulation à une agression.

Description

• Générale. Les thermomètres sont composés d’un corps muni d’une sonde de mesure et d’un dispositif d’affichage gradué ou digital.

Les modèles électroniques fonctionnent le plus souvent avec une pile et sont dotés d’une alarme qui signale la fin de la mesure. Certaines versions auriculaires s’emploient avec des couvre-sondes à usage unique.

• Fonctions supplémentaires.

→ Limitation des erreurs d’utilisation. Certains modèles intègrent des indicateurs lumineux et/ou sonores de bon positionnement et/ou une fonction de préchauffage de la sonde pour limiter l’interaction de la température ambiante.

Exemple : ThermoScan 7 auriculaire.

→ Facilité de lecture. Il existe des modèles avec grand écran en cas de difficultés visuelles, rétroéclairés pour mieux lire la nuit. Exemples : LBS Babyscan II et III, Braun Frontal Sans contact, Torm Digital Grand écran et Auriculaire A02, LBS Thermo-Compact et Thermoscope C-19, Exacto ThermoFlash…

Il existe aussi des thermomètres parlants pour les malvoyants. Exemples : Orgalys et Oscare, modèles auriculaires et frontaux parlants.

→ Signal de fièvre. Sonore pour Braun auriculaire ThermoScan 3, Exacto Thermoduo, Torm Auriculaire A02, LBS Babyscan II, Family Scan III, Magnien Frontal…, lumineux pour Terraillon Thermo Color, LBS Babyscan III, Marque Conseil Multifonction, Dodie Thermo+ frontal…, ou sonore et lumineux pour LBS Thermo-Compact, Thermoscope C-19…

→ Suivi régulier. Mise en mémoire de la dernière mesure pour certains modèles classiques électroniques, tels Magnien Électronique, Omron Eco Temp…, et jusqu’à plusieurs dizaines pour la plupart des thermomètres infrarouges.

→ Respect de l’environnement. Certains modèles électroniques fonctionnent à l’énergie solaire ou grâce à l’énergie produite en secouant le dispositif avant utilisation. Exemples : LBS Thermogreen, Geratherm Solar…

Techniques de mesure

• Conductivité. La mesure repose sur le transfert de chaleur direct entre la zone corporelle et la sonde. Ces thermomètres conductifs sont destinés à une utilisation ano-rectale, buccale ou axillaire.

→ À dilatation de fluide. Sous l’effet de la chaleur, un liquide se dilate et monte du réservoir dans le tube capillaire gradué à l’intérieur du corps en verre. Depuis l’interdiction des modèles au mercure, ils contiennent des alliages d’étain, de gallium ou d’indium. Exemples : Marque verte Digitemp, Magnien thermomètre au gallium, Torm thermomètre au gallium…

→ Électroniques. La mesure est basée sur la variation de la résistance électrique des matériaux des capteurs en fonction de la température. Ces thermomètres sont munis d’embouts plus ou moins flexibles et d’un écran d’affichage digital. Exemples : Thermomètre digital Gilbert, Alvita, Floris, Thermoval Rapid Flex, Magnien, Marque Conseil, Exacto, Omron Flex Temp… Il existe des thermomètres électroniques axillaires connectés pour lesquels la sonde est maintenue sous l’aisselle grâce à un patch, et dont la température mesurée en continu peut être suivie à distance via une application mobile. Exemple : e-Torm, pour les moins de 7 ans.

À noter : les bandelettes frontales F-Test, Thermotest… à cristaux liquides, qui changent de couleur selon la température, sont peu fiables. Ce sont des indicateurs de température corporelle et non des thermomètres.

• Infrarouge. La technologie infrarouge mesure, avec ou sans contact, les rayonnements thermiques émis par une surface, puis les convertit en température corporelle. C’est la technologie des thermomètres électroniques frontaux, temporaux et/ou auriculaires. Exemples auriculaires : Alvita, Braun ThermoScan 3, Digitemp auriculaire, Omron Gentle Temp 521, Thermocare, Torm A02… Mixtes auriculaire/frontal ou temporal : Babyscan II et III auriculaire et temporal, Orgalys auriculaire et frontal, Exacto thermoduo… Frontal et/ou temporal : Torm Frontal F04. Frontal sans contact : LBS Thermocompact et Thermoscope C-19, Torm SC02, Arrow sans contact, Braun sans contact, Marque Conseil, Dodie Thermo +, Omron Gentle Temp 720, Exacto ThermoFlash sans contact, Polygreen Frontal…

Sites de mesure

• Ano-rectal, la référence. La mesure par voie rectale est la seule mesure périphérique ayant montré des écarts acceptables par rapport à la mesure centrale.(1) Avantages : fiabilité, aucune correction des résultats nécessaire. Inconvénients : invasif, mesure difficile en cas d’agitation ou de sommeil, risque de micro-traumatismes locaux, évolution lente de la température, qui reste haute 30 à 45 minutes après diminution de la température centrale.

• Buccal. On mesure en sublingual la température des artères linguales. Avantages : moins invasif que la voie ano-rectale. Inconvénients : influence de la prise récente d’aliments et de la respiration, mesure impossible en cas de troubles de la conscience ou de détresse respiratoire. La mesure est inférieure à la température rectale, il faut la corriger d’environ + 0,6 °C.

À savoir : les thermomètres « tétines », tel Terraillon Tétine, sont jugés peu fiables car ils mesurent la température supralinguale et non sublinguale.

• Axillaire. La température est mesurée au niveau de l’artère axillaire. Avantages : moins invasif que les deux précédentes. Inconvénients : mesure la moins fiable, influencée par les mouvements, la position et l’air ambiant. La mesure est inférieure à la température rectale, avec un écart moyen de 0,5 à 1 °C. Une correction moyenne de + 0,8 °C est recommandée.

• Auriculaire. Le thermomètre mesure la température de la membrane tympanique, fidèle à la température centrale, avec un écart moyen de 0 à – 0,5 °C. Avantages : peu invasif, adaptation rapide aux variations de la température centrale, correction automatique de la température en « équivalent rectal » pour la majorité des appareils. Inconvénients : forte influence du bon positionnement de l’appareil, qui, mal orienté, mesure la température du conduit auditif et non du tympan, de la présence de cérumen, de poils, de la température ambiante, surestimation fréquente en position de décubitus latéral. Déconseillé en cas d’otite.

• Frontal/temporal. L’appareil mesure la température au niveau des artères frontales et temporales, liée à la température centrale, avec un écart moyen de 0,2 ou 0,3°. Avantages : peu invasif, même durant le sommeil, hygiénique, en particulier pour les sans contact. Correction automatique en équivalent rectal. Inconvénients : mesure influencée par la température ambiante, le bon positionnement, la distance car sans contact, la présence de sueur, de maquillage…

Critères de choix

• Précision. La référence pour le diagnostic et le suivi de la fièvre est la mesure ano-rectale avec un thermomètre conductif électronique, plus précis. Viennent ensuite les thermomètres infrarouges, à condition de bien respecter leur mode d’emploi.

• Praticité. Les thermomètres infrarouges auriculaires, frontaux et/ou temporaux sont moins invasifs. Ils sont recommandés pour la détection rapide de la fièvre et son suivi plusieurs fois par jour.

• Temps de mesure. Conductifs à alliage : en moyenne 3 minutes par voie rectale et jusqu’à 10 minutes en buccal et axillaire. Conductifs électroniques : selon les modèles, de 10 secondes (Marque Conseil, Torm 10 secondes, Terraillon ultra-rapide, Speedy…) à 1 minute. Infrarouges auriculaires, temporaux et/ou frontaux : d’une à quelques secondes selon les modèles.

• Âge. Pour limiter le risque de traumatisme ano-rectal, privilégier un thermomètre conductif électronique, plus rapide, à embout flexible et en forme d’olive (Magnien…). Éviter la voie buccale, a fortiori avec un dispositif en verre, qui peut se casser si l’enfant s’agite. Attention à la fiabilité des dispositifs auriculaires avant 2 ans car le conduit auditif est étroit à cet âge. Le ThermoScan 7 intègre la fonction Âge précision, qui adapte la mesure aux variations physiologiques, et une sonde grand angle pour des mesures plus précises chez le nouveau-né.

• Coût. De quelques euros à plusieurs dizaines d’euros pour les infrarouges.

Compter aussi le prix des consommables comme les piles et, le cas échéant, les couvresondes à usage unique pour Omron Gentle Temp, Braun ThermoScan 3 et 7…

• Hygiène. La technologie sans contact peut être un avantage indéniable pour ne pas réveiller un malade et pour limiter la transmission de micro-organismes lors d’épidémies, en particulier si le thermomètre est utilisé par plusieurs personnes.

• Multifonctions. La plupart des thermomètres infrarouges à mesure frontale/temporale peuvent prendre la température des surfaces environnementales : objet, liquide avec eau du bain, biberon…, ainsi que la température ambiante.

Mode d’emploi

• Calibrage. La plupart des appareils sont précalibrés selon la température corporelle standard, soit environ 37 °C. Certains peuvent néanmoins proposer un étalonnage individuel, avec un calibrage en fonction de la température de la personne hors fièvre. Vérifier ponctuellement le bon calibrage de l’appareil en le comparant avec un autre.

• Avant la mesure. Si possible, se reposer au moins vingt minutes dans une pièce à température ambiante.

Vérifier que l’embout du thermomètre est propre et sec. Mettre en mode mesure corporelle les modèles multifonctions. Sur site cutané : vérifier que la zone est propre, sèche, sans maquillage, non pileuse. Sur site auriculaire : nettoyer le conduit avec un peu d’eau tiède, puis attendre qu’il soit sec. Ne pas utiliser de coton-tige, qui masse le cérumen dans le conduit. La personne qui prend la température doit se laver les mains.

• La mesure.

→ Ano-rectale : sur le dos ou de côté, les jambes pliées, insérer la sonde d’environ 1 à 2 cm dans le rectum, avec un lubrifiant de type vaseline si besoin.

→ Buccale : placer le thermomètre sous la langue, bouche fermée et respirer par le nez.

→ Axillaire : sous l’aisselle, bras abaissé sur le thermomètre, sans bouger durant la mesure.

→ Auriculaire : assis de préférence, tirer le pavillon de l’oreille vers le haut et l’arrière, puis insérer la sonde, munie ou non d’un couvresonde selon les modèles, dans le conduit en direction du tympan.

→ Frontal ou temporal : avec ou sans contact, avec ou sans balayage, perpendiculairement à la zone cutanée, tel que préconisé dans la notice, en respectant bien la distance maximale spécifiée.

• Après la mesure. Jeter le couvre-sonde à usage unique le cas échéant. Nettoyer délicatement la sonde avec un chiffon propre ou une lingette imbibée d’alcool à 70 °C et le corps de l’appareil avec un chiffon doux. Stocker dans un endroit sec.

Réglementation

Pas d’inscription à la LPP, pas de prise en charge par l’Assurance maladie. La période de garantie varie selon les modèles.

(1) Mesure de la température corporelle, la voie ano-rectale est plus fiable , La Revue Prescrire, mars 2017, Tome 37 n° 401.

Mémento de la délivrance

→ Choisir le modèle selon la fiabilité nécessaire de la mesure, le site de mesure, la praticité, l’âge, le coût, l’utilisation partagée ou pas.

→ Bien expliquer le mode d’emploi et le temps de mesure.

→ Indiquer comment nettoyer et entretenir le thermomètre entre les mesures, et vérifier ponctuellement le calibrage.

→ Pas de prise en charge par l’Assurance maladie.