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La pandémie au jour le jour

Publié le 4 juillet 2020
Par Magali Clausener
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Début 2020, le monde a basculé dans une situation inédite : un confinement dû à la pandémie de Covid-19. C’est ainsi que près de la moitié de la population de cette terre est restée chez elle. Chronique au jour le jour.

Décembre 2019

16 → Premier cas répertorié de Covid-19 à Wuhan en Chine. Plusieurs mois après, les autorités chinoises recensent un premier cas dans la région du Hubei le 17 novembre 2019. Selon des experts, l’épidémie aurait commencé dès le mois d’août.

21 → Un foyer de pneumonies virales est identifié à Wuhan. Des rumeurs commencent à courir sur les réseaux sociaux sur le fait que cette épidémie serait liée au marché de fruits de mer de Huanan.

27 → Premier séquençage du génome du Covid-19 par un laboratoire de Guangzhou.

30 → Les médecins de Wuhan alertent les autorités chinoises.

31 → Les autorités sanitaires de Wuhan, de Pékin et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annoncent publiquement l’existence d’une épidémie de pneumonie virale d’origine inconnue. Elles évoquent 27 cas, dont 7 graves. Selon un rapport ultérieur des autorités chinoises, il y a déjà au moins 266 personnes contaminées.

Janvier 2020

9 → Premier décès d’un patient Covid-19 chinois.

10 → En France, le ministère de la Santé alerte les agences régionales de santé (ARS) sur la définition des cas de Covid-19 et la conduite à tenir.

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12 → Partage du séquençage génétique du virus par les chercheurs chinois.

14 → Message DGS-Urgent aux établissements de santé et aux professionnels de santé libéraux.

20 → La Chine annonce que le virus est transmissible entre les humains.

22 → En France, le centre opérationnel de la régulation et de réception des urgences est placé en vigilance renforcée.

24 → Trois personnes venant de Chine sont hospitalisées en France, deux à Paris et une à Bordeaux.

25 → La réserve sanitaire est mobilisée.

27 → Le gouvernement français active le centre de crise sanitaire au sein de la Direction générale de la santé (DGS).

30 → L’OMS qualifie l’épidémie d’urgence de santé publique.

31 → La France organise les premiers rapatriements des Français vivant à Wuhan. Ils sont placés en quarantaine dès leur arrivée en France.

Février 2020

7 → La DGS demande à Santé publique France d’acheter 28,4 millions de masques FFP2. L’agence n’en reçoit que 500 000, le 12 février.

8 → Cinq cas de Covid-19 sont identifiés à Contamines-Montjoie (Haute-Savoie). Le cluster est circonscrit.

14 → Premier décès du Covid-19 en France. Il s’agit d’un touriste chinois âgé de 80 ans.

16 → Agnès Buzyn démissionne du gouvernement pour se présenter aux municipales de Paris. Olivier Véran lui succède au ministère de la Santé.

17 → La Porte ouverte chrétienne, une église évangélique pentecôtiste, organise à Mulhouse (Haut-Rhin) une manifestation religieuse réunissant plus de 2 000 personnes pendant 4 jours. Un millier de personnes sont contaminées. Ce rassemblement est le point de départ d’une série de contaminations en France, notamment dans le Grand Est. L’épidémie commence à être hors contrôle.

18 → Olivier Véran réunit une cinquantaine de professionnels de santé hospitaliers et libéraux, ainsi que l’ANSM et les ARS en vue de parer à une épidémie du Covid-19.

25 → Décès d’un enseignant de Crépy-en-Valois (Oise). Ce deuxième foyer dans l’Oise marque un tournant dans la propagation du virus et la gestion de la crise.

26 → Didier Raoult, directeur de l’Institut Méditerranée-infection (IHU) à Marseille (Bouches-du-Rhône) estime que « la chloroquine est la meilleure réponse à l’épidémie de coronavirus », en s’appuyant sur une étude chinoise. Cette déclaration est le début d’une polémique sur la chloroquine et l’hydroxychloroquine qui va se poursuivre tout au long de la crise sanitaire et enflammer les réseaux sociaux.

27 → Première intervention télévisée du Directeur général de la santé, Jérôme Salomon, pour un point sur la situation épidémique en France. Ce point quotidien durera jusqu’à fin avril.

29 → La France passe au stade 2 de lutte contre l’épidémie de Covid-19.

Mars 2020

5 → Premier cas de Covid-19 à l’Assemblée nationale. Jean-Luc Reitzer, 68 ans, élu du Haut-Rhin, est hospitalisé en réanimation.

6 → Compte tenu de la forte demande et des dérives de prix, le gouvernement encadre les prix des produits hydroalcooliques (GHA et SHA) jusqu’au 31 mai.

9 → La France interdit tous les rassemblements de plus de 1 000 personnes.

11 → L’OMS déclare officiellement l’état de pandémie après avoir annoncé, le 7 mars, que 100 000 personnes à travers le monde étaient contaminées par le coronavirus.

Installation du Conseil scientifique Covid-19 chargé de conseiller le président de la République.

12 → Le président de la République annonce la fermeture, pour une période indéterminée, de tous les établissements scolaires, y compris les universités, à partir du 16 mars. En revanche, il maintient le premier tour des élections municipales du 15 mars.

14 → Le Premier ministre annonce la fermeture de tous les commerces non indispensables (restaurants, cafés, cinémas, discothèques…). Seuls les magasins alimentaires, pharmacies, banques, bureaux de tabac, stations-services restent ouverts.

16 → Emmanuel Macron s’adresse de nouveau aux Français pour annoncer une stricte restriction des déplacements pendant au moins quinze jours à compter du 17 mars midi. Le deuxième tour des municipales, qui doit se dérouler le 22 mars, est annulé. Le même jour, l’OMS déclare : « Testez, testez, testez ! Isolez les personnes positives et remontez leurs chaînes de contacts ». La France décide de ne tester que les cas les plus sévères. La Fédération hospitalière de France (FHF) appelle à « une union sanitaire sacrée », pour faire face à l’épidémie et aider les hospitaliers à soigner les patients Covid-19 « dans les meilleures conditions possibles ».

17 → A midi, la France se confine. Elle compte 6 633 cas et 148 morts à l’hôpital. Les décès en Ehpad ne sont pas recensés.

18 → Le professeur Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, affirme, au Journal télévisé de 20 heures sur France 2, que les tests sont « un vrai problème ». « Les tests permettraient si on en avait en très grandes quantités de tester les individus suspects et ensuite les isoler […]. Si on n’a pas choisi cette stratégie dans l’immédiat, c’est parce qu’on n’avait pas la capacité de réaliser des tests pour un grand nombre de personnes », déclare-t-il.

Le même jour, l’ANSM restreint les conditions de délivrance du paracétamol face à la ruée des patients dans les officines pour en acheter. Le gouvernement a, en effet, alerté le 14 mars sur la consommation d’anti-inflammatoires qui pourrait jouer un rôle dans l’aggravation du Covid-19.

19 → Santé publique France met en place un dispositif de surveillance des cas graves d’infection au Covid-19 admis en réanimation.

Olivier Véran bloque les exportations de chloroquine si jamais ce traitement s’avérait efficace pour le Covid-19, alors que les pharmaciens voient arriver des dizaines d’ordonnances d’hydroxychloroquine associée ou non à l’azithromycine pour des patients non malades ou non symptomatiques.

20 → L’Ordre des vétérinaires demande aux vétérinaires qui ne l’ont pas encore fait de suspendre le libre accès à leurs établissements de soins vétérinaires.

22 → Le Parlement adopte le projet de loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19.

L’essai clinique européen Discovery afin de tester des traitements expérimentaux contre le Covid-19 est lancé. Quatre traitements sont ciblés : remdesivir (antiviral) ; lopinavir + ritonavir (Kaletra, antirétroviral) ; lopinavir + ritonavir associé à l’interféron bêta ; hydroxychloroquine (antipaludéen). Discovery doit inclure 3 200 patients européens. Des premiers résultats sont annoncés pour fin avril. Début juin, aucune étude n’a paru faute d’un nombre suffisant de patients.

25 → Troisième allocution du président de la République depuis le début de la crise sanitaire. Il annonce la majoration des heures supplémentaires ainsi qu’un plan massif d’investissement et de revalorisation des salaires des soignants hospitaliers.

26 → Comme l’avait annoncé Olivier Véran, les pharmacies d’officine ne peuvent délivrer les spécialités Plaquenil (hydroxychloroquine) et Kaletra (lopinavir/ritonavir) que dans leurs indications habituelles, précisées dans l’AMM. Désormais, leurs prescription, dispensation et administration aux patients atteints par le Covid-19 sont réservées aux établissements de santé.

27 → Le confinement est prolongé jusqu’au 15 avril.

31 → Santé publique France met en place un système de surveillance des cas de Covid-19 en Ehpad.

Avril 2020

1er Prise en compte des décès dans les Ehpad.

6 → Le gouvernement annonce le lancement du dépistage dans les établissements accueillant les « personnes les plus fragiles », principalement les Ehpad.

7 → La barre des plus de 10 000 décès est franchie en France, dont 7 019 à l’hôpital et 3 237 en Ehpad.

8 → Début du déconfinement à Wuhan en Chine.

13 → Emmanuel Macron s’adresse aux Français et avance la date du 11 mai pour un déconfinement.

20 → La barre des 20 000 morts en France du Covid-19 est franchie.

28 → Edouard Philippe présente à l’Assemblée nationale le plan de déconfinement.

30 → Première carte des départements verts et rouges. Le grand quart Est de la France figure en rouge. Surprise : des départements sont en orange.

Mai 2020

2 → La HAS définit, en complément des tests virologiques par RT-PCR, trois grandes séries d’indications pour les tests sérologiques, effectués sur prescription médicale : en complément du diagnostic chez des patients symptomatiques, en détection d’anticorps chez les personnels soignants et chez les personnels d’hébergement collectif non symptomatiques, ou comme outil de surveillance épidémiologique.

11 → Première phase du déconfinement. Chaque département dispose d’une « brigade sanitaire » chargée de suivre les contacts des patients contaminés par le Covid-19. L’objectif est d’identifier rapidement les « clusters » et d’arrêter la chaîne de contamination, en testant et en isolant les patients et les personnes contact.

L’état d’urgence sanitaire est prolongé jusqu’au 10 juillet 2020.

13 → La France déplore 27 074 décès liés au Covid-19, dont 17 101 dans les hôpitaux et 9 973 dans les établissements sociaux et médico-sociaux.

15 → L’ANSM alerte sur le risque de troubles neuropsychiatriques liés à l’hydroxychloroquine et à la chloroquine.

25 → Ouverture du « Ségur de la santé ».

26 → Après l’OMS qui a annoncé la veille la « mise en pause temporaire » de l’évaluation de l’hydroxychloroquine dans l’essai international Solidarity, l’ANSM suspend en France l’évaluation de l’hydroxychloroquine dans les essais cliniques sur le Covid-19. Une étude publiée dans The Lancet met en avant une surmortalité due à l’utilisation de la molécule.

28 → Edouard Philippe et Olivier Véran présentent la deuxième phase de déconfinement. Toute la France est en vert, à l’exception de l’Ile-de-France et de Mayotte, qui sont en orange.

Juin 2020

2 → Deuxième phase du déconfinement. Lancement de l’application StopCovid.

3 → Santé publique France recense 150 clusters (hors Ehpad et milieu familial restreint) dont 142 en métropole et 8 dans les départements et régions d’outre-mer. 66 % des clusters comptent plus de 5 cas.

L’OMS reprend l’essai sur l’évaluation de l’hydroxychloroquine. The Lancet a en effet mis en garde sur l’étude que la revue a publiée. Trois auteurs se sont d’ailleurs rétractés.

4 → Depuis le début de l’épidémie, 102 283 personnes ont été hospitalisées, dont 18 042 en réanimation, et 29 065 décès. L’épidémie décroît.

L’Inserm annonce à son tour vouloir reprendre les essais sur l’hydroxychloroquine. En France, 16 essais incluent cette molécule et pourraient reprendre après l’autorisation de l’ANSM.

5 → Création d’une « Alliance inclusive pour le vaccin » contre le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 par la France, l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas. L’objectif est de mettre en commun leurs moyens, pour soutenir le développement d’un vaccin et garantir l’approvisionnement de la population européenne à des conditions qui permettent également un accès équitable au vaccin à tous les pays.

9 → La France compte 29 296 morts. Moins d’un millier de patients sont en réanimation.

13 → L’Alliance formée par la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie passe un accord de principe avec AstraZeneca pour l’achat jusqu’à 400 millions de doses de vaccin à prix coûtant, avec des premières livraisons prévues avant la fin de l’année 2020.

14 → Quatrième allocution d’Emmanuel Macron qui annonce une accélération du déconfinement en France. En Chine, des quartiers de Pékin sont confinés et plus d’un millier de vols aériens sont annulés.

15 → Toute la France passe « en vert ».

16 → Sanofi annonce que le groupe va investir 490 millions d’euros en France pour la création d’un nouveau site de production de vaccins flexible et digitalisé, à Neuville-sur-Saône (Rhône), et 120 millions pour un nouveau centre de R&D sur le site Sanofi Pasteur à Marcy-l’Etoile (Rhône).

22 → Toutes les crèches et les écoles, ainsi que les collèges rouvrent complètement pour accueillir tous les élèves.

A quand les Trod ?

La question de l’utilisation de tests sérologiques pour détecter des anticorps au Covid-19 s’est posée en France pendant plusieurs semaines. Finalement, le 2 mai, la Haute Autorité de santé (HAS) définit trois grandes séries d’indications : en complément du diagnostic chez des patients symptomatiques ; en détection d’anticorps chez les personnels soignants à l’hôpital ou en ville, et chez les personnels d’hébergement collectif non symptomatiques ; comme outil de surveillance épidémiologique. Cependant, les tests sérologiques doivent être réalisés sur prescription et toujours en complément des tests virologiques par RT-PCR.

Le 18 mai, la HAS publie des recommandations sur l’utilisation des tests sérologiques. Elle est notamment favorable à la réalisation de tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) en officine, mais sous certaines conditions : sur prescription, formation du pharmacien, traçabilité écrite des résultats. Une satisfaction pour les syndicats de groupements de pharmacie qui réclament la possibilité de réaliser des Trod depuis avril.

Le 21 mai, la HAS publie une première liste des tests sérologiques dont les performances correspondent à son cahier des charges et après évaluation par le centre national de référence des virus des infections respiratoires (CNR) de l’institut Pasteur. Mais pour pouvoir pratiquer des Trod, les pharmaciens doivent y être autorisés via un arrêté. Le texte se fait attendre. Le 28 mai, les syndicats de pharmaciens et des groupements d’officine adressent une lettre ouverte au ministre de la Santé pour réclamer la parution de l’arrêté. La Fédération nationale des infirmiers (FNI), elle aussi, demande l’autorisation pour les IDEL de réaliser des Trod en particulier au domicile des patients âgés et polypathologiques. Le 16 juin, le ministre de la Santé se positionne en faveur de la réalisation des Trod en officine. C’est cependant un arrêté ministériel qui confirmera la possibilité.

La course aux vaccins

Alors que l’épidémie de Covid-19 débute en France, la course aux vaccins est déjà lancée dans le monde. Au plan international, le CEPI (Coalition for Epidemic Preparedness Innovations), qui réunit des représentants du secteur public et du secteur privé, annonce dès le 23 janvier un financement pour Inovio, Moderna Inc et l’université du Queensland afin de développer des candidats vaccins et le 3 février lance un appel à projets. Les Etats-Unis passent un accord avec l’américain Johnson & Johnson et un autre avec Sanofi Pasteur. En France, c’est l’Institut Pasteur qui se lance au sein d’un consortium composé de Themis Bioscience GmbH (Themis) et de l’université de Pittsburgh/Center for Vaccine Research (CVR). Le projet bénéficie le 19 mars d’un financement du CEPI à hauteur de 4,3 millions d’euros.

Au 9 avril, le CEPI recense déjà 115 vaccins candidats à différents stades de développement. Mi-mai, Sanofi crée la polémique : le directeur général du groupe déclare en effet réserver la primeur du vaccin aux Américains, au grand dam de la France qui juge cette position « inacceptable ». Le président de Sanofi France monte alors au créneau pour affirmer que le vaccin sera disponible pour tous les pays et bien entendu la France. La passe d’arme entre les Etats-Unis et la France semble un peu vaine : le vaccin de Sanofi n’existe pas encore. En fait, à cette date, seuls huit vaccins (quatre en Chine, un en Grande-Bretagne, un en Allemagne, deux aux Etats-Unis) sont parvenus au stade des essais cliniques. Un seul en est alors au stade des essais de phase II : il s’agit du vaccin de la biotech hongkongaise CanSino, qui est associée à l’Académie des sciences médicales militaires chinoise. Il utilise comme vecteur un adénovirus. Fin mai, la biotech américaine Moderna lance aussi un essai clinique de phase II. Les résultats sont prometteurs et la biotech annonce début juin qu’elle va entamer la troisième phase des essais cliniques en juillet sur 30 000 volontaires. La biotech fait un pari audacieux car la technologie de son vaccin repose sur l’ARN messager alors qu’aucun vaccin de ce type n’a prouvé jusqu’ici son efficacité. En France, l’Institut Pasteur devrait débuter des essais de phase I en juillet. Selon Peter Piot, directeur de la London School of Hygiene and Tropical Medecine et conseiller de la Commission européenne, interrogé par Le Monde, une dizaine de projets seulement pourrait aboutir. La course est loin d’être finie.