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La crise vue par un généraliste geek

Publié le 4 juillet 2020
Par Adrien Renaud
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Généraliste depuis 2014, dans le Nord, et dirigeant d’une start-up spécialisée dans le numérique en santé, le Dr Guillaume Gobert a vécu la crise du coronavirus sur deux fronts à la fois. Rencontre avec un médecin qui n’a pas peur d’être au four et au moulin.

Le Dr Guillaume Gobert fait partie de ces gens qui mènent de front deux vies professionnelles : quand ce jeune généraliste n’est pas dans son cabinet de Beuvrages, à côté de Valenciennes dans le Nord, c’est qu’il est dans les locaux lillois d’Ordoclic, la start-up qu’il a fondée en 2016 et qui propose divers outils numériques aux professionnels de santé. Ayant vécu la crise du coronavirus avec une intensité dédoublée, il a deux fois plus d’enseignements à en tirer.

Au départ, le généraliste a pourtant, comme beaucoup, minimisé l’ampleur du problème. « La ministre de la Santé disait que cela ne toucherait pas la France, et on avait plutôt l’impression d’un affolement médiatique », avoue-t-il. Puis subitement, tout a changé. « Tout le monde était confiné, et on nous disait de continuer à consulter, alors qu’on n’était pas équipés », explique le praticien.

Téléconsult’ à tous les étages

Celui-ci est alors monté au front, avec un mantra : « la débrouille ». « On s’arrangeait avec les pharmaciens, des patients nous ramenaient des masques…, énumère Guillaume Gobert. On voyait beaucoup moins de malades, plus personne ne passait par la salle d’attente, on a ouvert des créneaux de téléconsultation… » La téléconsultation est d’ailleurs l’un des aspects sur lesquels le généraliste a planché avec sa start-up. « C’était l’un des outils que nous devions sortir à la rentrée, et c’est finalement arrivé plus vite que prévu », explique-t-il.

Guillaume Gobert s’est également inscrit sur la liste des médecins volontaires, pour consulter dans un centre Covid du secteur. « Celui-ci n’a jamais décollé », indique le généraliste, ce qui ne l’a pas empêché, via Ordoclic, de travailler avec ce type de structure. « Nous avons un agenda partagé et un logiciel de prescription en ligne qui correspondent au besoin de ces centres », note le jeune médecin.

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Plus de numérique et plus de masques

Le besoin d’échanger davantage sur une messagerie sécurisées dans le domaine de la santé est l’un des principaux enseignements que Guillaume tire de la crise. « Aujourd’hui, nombre de documents partagés entre professionnels de santé et/ou avec les patients ne sont pas dans les clous en termes de sécurité », note-t-il. Un constat qui sert bien Ordoclic, société justement spécialisée dans la transmission d’ordonnances numériques sécurisées.

L’autre enseignement de la crise est, selon le Nordiste, plus terre-à-terre. « Cela nous a obligés à ouvrir les yeux sur l’importance des mesures d’hygiène au cabinet, estime-t-il. Nous voyons la grippe tous les ans, et pourtant nous ne portons pas systématiquement de masque, blouse et lunettes de protection pour autant. Je pense que cet aspect sera renforcé à l’avenir. »

Enfin, Guillaume Gobert espère que cette crise va améliorer un suivi des patients par leur généraliste. Voyant que certains de ses patients chroniques vulnérables ne venaient pas consulter pendant le confinement, il avait en effet pris l’habitude de les appeler pour vérifier que tout allait bien. « Cela m’a plu de faire ce travail de prévention », affirme-t-il. Malheureusement, depuis que son agenda est de nouveau rempli, il n’a plus de temps à consacrer à cette activité utile, mais très prenante. Et le généraliste d’en appeler à une modification du mode de rémunération des médecins, pour leur permettre de mieux jouer leur rôle de prévention.