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- Au cœur de l’été, les pénuries de médicaments persistent et… vont durer.
Au cœur de l’été, les pénuries de médicaments persistent et… vont durer.
Les saisons se suivent et… se ressemblent. Même en plein été, les pharmaciens doivent jongler avec un grand nombre de médicaments en tension. Mauvaise nouvelle, ces pénuries pourraient bien se poursuivre cet hiver.
Si, en ce mois d’août, les virus circulent moins, un grand nombre de médicaments restent en tension. « Rien que cette semaine, je n’ai pas été approvisionné en amoxicilline/acide clavulanique, j’ai reçu un petit peu d’Ozempic mais pas suffisamment pour répondre à la demande. J’ai obtenu un petit peu de Trulicity. Il y a également une rupture complète de Fungizone, de desloratadine pour les enfants, je suis contingenté en Pyostacine », explique Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Même écho auprès de Fabrice Camaioni, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Nous manquons de clarithromycine. Or, il s’agit du traitement le plus fréquemment donné pour lutter contre la coqueluche, maladie en recrudescence importante sur l’ensemble du territoire. »
Des répercussions sur les patients et les officinaux
Fin janvier 2024, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) enregistrait 4 925 signalements de ruptures de stock et de risques de rupture contre 3 500 en 2023, soit une hausse de 30 % en comparaison à 2022, et de + 128 % par rapport à 2021. Beaucoup d’experts estimaient avoir atteint un pic de ruptures dans la période post-Covid : les usines ayant été au ralenti pendant de longs mois. Las, depuis 2021, elles s’accentuent, au point de rendre la situation des patients intenables. Une étude publiée par l’association France Assos Santé dévoilait que « 45 % des personnes confrontées à ces pénuries ont été contraintes de reporter leur traitement, de le modifier, voire d’y renoncer ou de l’arrêter complètement ». Quant aux officinaux, ils passent, en moyenne, 12 heures par semaine à chercher les médicaments manquants, selon un sondage de l’USPO.
La situation peut-elle s’améliorer à l’hiver 2024-2025 ?
Afin d’éviter les surstocks dans certaines officines, l’ANSM a prévu d’assurer l’approvisionnement en amoxicilline pédiatrique par les grossistes-répartiteurs. Las, la mesure risque d’être insuffisante. « Nous ne répondons toujours pas aux problèmes multifactoriels à l’origine de ces pénuries », note Pierre-Olivier Variot. Si le problème du prix du médicament est souvent mis en avant, « il faudrait aussi s’assurer de plus de transparence dans la gestion des stocks de la part des industriels », prônent les deux syndicats de pharmaciens. Seule certitude : le problème des ruptures et des tensions est loin d’être réglé.
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