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Oligoéléments : bien les conseiller à l’officine
Du grec « oligos » signifiant « peu abondant », le terme « oligoélément » caractérise tout élément chimique inorganique présent dans l’organisme à une teneur inférieure à 1 mg/kg de poids corporel, mais indispensables à son bon fonctionnement.
Quinze oligoéléments (OE) sont considérés comme « essentiels » : le chrome (Cr), le cobalt (Co), le cuivre (Cu), l’étain (Sn), le fer (Fe), le fluor (F), l’iode (I), le lithium (Li), le manganèse (Mn), le molybdène (Mo), le nickel (Ni), le sélénium (Se), le silicium (Si), le vanadium (V) et le zinc (Zn). Ces OE sont impliqués dans de nombreuses fonctions physiologiques et biologiques de l’organisme comme la synthèse de l’hémoglobine, les fonctions thyroïdiennes, immunitaires et cognitives. Ils se distinguent des OE qualifiés de « non essentiels », lesquels ne sont pas présents à l’état normal dans l’organisme et ne produisent aucun effet sur la physiologie. Ils possèdent néanmoins des propriétés pharmacologiques avérées comme l’argent (Ag), le bismuth (Bi) et l’or (Au).
Des oligoéléments pour trois approches différentes
La définition de l’oligothérapie est a priori simple : il s’agit de l’utilisation thérapeutique des oligoéléments, qu’ils soient essentiels ou non, à des doses jugées optimales d’action pour chacun d’eux. Toutefois, en fonction des doses utilisées et surtout de l’objectif thérapeutique, l’oligothérapie se décline en trois approches différentes :
- l’approche nutritionnelle avec les différentes carences possibles dans le cas de régimes alimentaires spécifiques (végan, par exemple), lors d’une grossesse, en période de croissance, etc. ;
- l’approche thérapeutique avec les contextes pathologiques qui peuvent être traités par les oligoéléments (acné, anémie, dysthyroïdie, etc.) ;
- l’approche fonctionnelle avec l’étude des symptômes qui peuvent être soulagés grâce aux oligoéléments (anxiété, asthénie, stress, troubles intestinaux, du sommeil, de la ménopause, etc.).
La durée de traitement par OE dépend du but de la thérapie et de l’indication souhaitée.
L’approche nutritionnelle
Une alimentation variée permet à elle seule de couvrir les besoins quotidiens en oligoéléments. Néanmoins, leur quantité est très variable selon les aliments et change selon le mode de conservation et de cuisson (mécanismes de chélation de certains oligoéléments par certains additifs chimiques, notamment). De plus, de nombreux facteurs peuvent interférer avec la biodisponibilité des oligoéléments, et certaines situations physiologiques et/ou pathologiques peuvent nécessiter des apports plus importants et/ou entraîner des pertes importantes en oligoéléments. Si les apports ne sont pas augmentés en conséquence, des déficiences puis des carences peuvent alors survenir. L’approche nutritionnelle vise donc à corriger ou prévenir des déficits modérés ou des apports insuffisants. Elle nécessite un interrogatoire précis par le pharmacien pour déterminer un ou plusieurs contextes possibles de déficit en oligoéléments et, ainsi, prodiguer des conseils diététiques adaptés et/ou orienter vers un apport complémentaire d’OE utiles : « Comment préparez-vous vos repas ? Quel est votre type d’alimentation ? Fumez-vous ? Consommez-vous de l’alcool, du thé, etc. ? » pour identifier des déficits d’apports et/ou de réduction de la biodisponibilité. « Êtes-vous enceinte ? Pratiquez-vous un sport intensivement ? Avez-vous une maladie ? Prenez-vous des médicaments (diurétique, corticoïdes, statines, AINS, etc.) ? Avez-vous des troubles du transit ?, etc. » pour repérer un déficit par augmentation des besoins et/ou des pertes. « Avez-vous des problèmes gastriques, des troubles hépatiques ? Avez-vous récemment subi une chirurgie digestive ? Prenez-vous des compléments alimentaires ? des vitamines ? des oligoéléments ? » pour déceler un déficit d’absorption.
L’approche fonctionnelle
Le concept d’oligothérapie fonctionnelle, appelé aussi « oligothérapie catalytique », a été développé au milieu du XXe siècle par le Dr Jacques Ménétrier sur la base d’observations cliniques. En fonction des manifestations fonctionnelles des patients, il distingue quatre modes réactionnels ou « diathèses » : diathèses allergique (ou arthritique), hyposthénique, dystonique (ou neuro-arthritique) et anergique. Chacune correspond à un « terrain » particulier et chaque terrain prédispose à certaines maladies. Le terrain d’un individu est basé sur deux composantes : sa nature ou constitution – ce qu’est l’individu en naissant –, et son évolution ou tempérament – ce que la personne devient par la suite. Dans cette approche, pour corriger le dysfonctionnement, il est nécessaire d’apporter l’OE correspondant ou une association d’OE à dose faible, comme le cuivre qui fait partie du complexe des diathèses « anergique » (cuivre-or-argent) et « hyposthénique » (manganèse-cuivre). L’autre particularité de cette approche est la durée de l’oligothérapie, sur plusieurs mois. Ainsi, la durée moyenne d’un premier traitement peut aller de deux (manganèse) à trois mois (manganèse-cuivre, manganèse-cobalt, cuivre-or-argent), par exemple. En prévention, les traitements sont commencés deux mois avant la période à risque, comme le manganèse dans l’allergie, et le complexe manganèse-cuivre contre les infections ORL. En général, le rythme des prises varie de deux à trois fois par semaine, en début de traitement pour les remèdes de diathèse, à une fois par jour pour les oligoéléments de traitement symptomatique (jusqu’à six fois par jour pour le cuivre ou le lithium). À cette oligothérapie de diathèse, peuvent s’ajouter des OE du syndrome de désadaptation qui correspond à la difficulté d’adaptation des glandes endocrines aux stimuli hypophysaires. Dans ce cadre, on utilise par exemple le complexe zinc-cuivre comme régulateur du syndrome de désadaptation de l’axe hypophysogénital (retard de développement local ou général, impuissance sexuelle fonctionnelle, dysfonctions ovariennes et irrégularité du cycle menstruel) ou encore le complexe zinc-nickel-cobalt dans le syndrome de désadaptation de l’axe hypophysopancréatique (pathologies par altération du métabolisme glucidique avec boulimie, malaise avant les repas, somnolence postprandiale, etc.).
Conseils pour une prise optimale
Quelle que soit l’approche, vos conseils doivent favoriser l’absorption afin d’atteindre une biodisponibilité optimale. La voie perlinguale est la voie d’administration la plus fréquemment utilisée, notamment en oligothérapie catalytique. Plusieurs formes galéniques existent et chacune nécessite des conseils concernant les modalités de prise :
- le contenu de l’ampoule (Oligosol) doit être versé dans la bouche et gardé environ deux minutes sous la langue afin de permettre une absorption optimale des oligoéléments ;
- la solution buvable en flacon multidose (OligoCure) doit être versée dans le godet jusqu’à la dose de solution souhaitée, puis versée dans la bouche et gardée environ deux minutes sous la langue avant d’être avalée ;
- les comprimés sublinguaux (Oligostim®) sont à laisser fondre sous la langue.
Certaines formes galéniques sont également destinées à la voie orale, comme les solutions buvables en ampoules (Granions®) dont le contenu de l’ampoule est à diluer dans un verre d’eau, les solutions buvables en flacon multidose (Oligomax) qui ne nécessitent pas de dilution, ou encore les gélules et capsules, à avaler avec un peu d’eau, sans les croquer ni les ouvrir. Cette dernière forme est réservée aux adultes et enfants de plus de 6 ans. Chez le nourrisson, il est conseillé de verser la solution à l’aide d’un compte-gouttes dans le sillon entre la gencive et la joue en maintenant la tête de l’enfant en position verticale, l’utilisation de la tétine du biberon étant aussi envisageable. Chez le jeune enfant, la dose de solution peut être versée sur un demi-morceau de sucre à laisser fondre dans la bouche. Pour les personnes âgées ou atteintes de pathologies articulaires de la main et des doigts qui rencontrent des difficultés pour casser les pointes des ampoules, un casse-ampoules buvables peut être conseillé.
Les autres voies d’administration
Au regard de leurs propriétés, les oligoéléments peuvent être dispensés par voie cutanée. Par exemple, l’association manganèse-cuivre, antiseptique, anti-inflammatoire et cicatrisante, peut être utilisée en pulvérisation ou par application de compresses imbibées en cas de crevasses mammaires lors de l’allaitement ou de plaie infectée et de fissures. Le zinc et le cuivre entrent dans la composition de pommade anti-acnéique. Les oligoéléments peuvent aussi être pris par voie nasale pour leurs propriétés anti-infectieuses, cicatrisantes et anti-allergiques. On les retrouve dans de nombreuses solutions de lavage et de protection des fosses nasales : cuivre et argent dans Oligorhine®, manganèse et argent dans Rhinargion®-A, manganèse dans StérimarTM Nez allergique, etc. Des formes injectables à administrer en intramusculaire, en hypodermique et par voie intraveineuse sont également disponibles, mais leur emploi reste exceptionnel. La voie intraveineuse sera utilisée principalement dans la nutrition parentérale totale du patient hospitalisé, correspondant à l’approche thérapeutique des oligoéléments.
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