Le guide des vitamines

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Le guide des vitamines

Publié le 1 septembre 2024
Par Estelle Deniaud Bouet
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Les vitamines sont essentielles à la bonne santé de l’organisme. Le plus souvent, une alimentation saine et diversifiée suffit à couvrir les besoins quotidiens. Cependant, certaines situations peuvent nécessiter une supplémentation pour prévenir les déficits et les carences. Gare tout de même à l’hypervitaminose.

De quoi parle-t-on ?

• Les vitamines sont des substances nécessaires en petite quantité au bon fonctionnement de l’organisme. Il en existe treize, classées en deux catégories selon leur solubilité.

• Les vitamines liposolubles sont stockées dans les tissus graisseux et dans le foie. Il s’agit de la vitamine A (rétinol), de la vitamine D, de la vitamine E (tocophérol) et de la vitamine K (phylloquinone).

• Les vitamines hydrosolubles s’accumulent peu dans l’organisme en raison de leur rapide élimination dans les urines. Cette catégorie comprend les vitamines du groupe B (vitamine B1 ou thiamine, vitamine B2 ou riboflavine, vitamine B3, vitamine PP ou niacine, vitamine B5 ou acide pantothénique, vitamine B6 ou pyridoxine, vitamine B8 ou vitamine H ou encore biotine, vitamine B9 ou acide folique, vitamine B12 ou cobalamine) et la vitamine C ou acide ascorbique.

• L’organisme n’étant pas capable de synthétiser les vitamines, la principale source d’apports est l’alimentation, sauf pour deux vitamines. La vitamine D est produite au niveau de la peau (à partir du cholestérol) pour 80 à 90 % sous l’effet des rayonnements solaires. Seulement 10 à 20 % de la vitamine D provient des apports alimentaires. La vitamine K2, l’une des formes actives de la vitamine K, est quant à elle synthétisée par le microbiote intestinal, alors qu’une autre forme, la vitamine K1, est apportée par l’alimentation.

Quels sont les besoins en vitamines ?

• Les besoins quotidiens varient selon le sexe, l’âge, l’état physiologique (grossesse, allaitement) et l’état pathologique (certaines maladies augmentent les besoins). L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) précise pour chaque vitamine les références nutritionnelles pour la population (RNP), qui correspondent aux apports capables de couvrir les besoins de 97,5 % de la population. Dans les pays occidentaux, en l’absence de facteurs de risque de carences, une alimentation de qualité et en quantité suffisante doit normalement permettre de couvrir les besoins quotidiens.

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• Quand les apports en vitamines ne sont pas satisfaits, on parle de déficit, voire de carence. Ils entraînent des dysfonctionnements et des symptômes qui peuvent parfois avoir de graves conséquences sur la santé. Parmi les plus connues, on retrouve le scorbut pour la carence en vitamine C, le rachitisme pour la carence en vitamine D ou l’anémie de Biermer pour la carence en vitamine B12.

• La situation inverse existe aussi et peut s’avérer tout aussi néfaste. Quand les apports en vitamines excèdent les besoins, on parle d’hypervitaminose. Moins connues, certaines hypervitaminoses sont pourtant graves, par exemple le risque d’hypertension intracrânienne et de toxicité hépatique en cas d’hypervitaminose A, le risque de décalcification osseuse et de troubles rénaux en cas d’hypervitaminose D ou encore le risque de lithiase rénale ou d’excès de stress oxydant en cas d’hypervitaminose C. Des apports excessifs en vitamines peuvent également entraîner des interactions médicamenteuses, par exemple l’excès de vitamine B6 et certains médicaments antiépileptiques, ou la vitamine E avec les médicaments anticoagulants.

Quelles situations exposent à un risque de carence ?

On distingue principalement trois contextes.

• L’insuffisance d’apports alimentaires, par exemple un manque de vitamines du groupe B chez les sujets ayant une alimentation déséquilibrée, riche en aliments transformés ou encore en vitamine B12 chez les sujets végétaliens.

• Une altération de l’absorption digestive des vitamines, par exemple chez les sujets ayant subi une chirurgie gastrique ou chez les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.

• Une augmentation des besoins en vitamines, par exemple en vitamine C chez les fumeurs et les sportifs de haut niveau. La prise de certains médicaments peut également augmenter les besoins en certaines vitamines, par exemple les pilules œstroprogestatives associées à un déficit en vitamines B6, B9 et B12. Toute situation susceptible d’entraîner une altération de l’absorption des vitamines ou une augmentation des apports doit faire envisager une supplémentation préventive vitaminique, le plus souvent sur avis médical. Des dosages sanguins peuvent permettre de connaître précisément le statut vitaminique et ainsi d’adapter au mieux la supplémentation.

Supplémentation systématique en vitamines : pour qui ?

En France, la carence en vitamine la plus observée concerne la vitamine D. D’après l’Anses, en 2019, plus de 70 % des adultes avaient des apports insuffisants en vitamine D. Elle n’est pas due à des apports alimentaires insuffisants, mais elle est associée à une moindre durée d’exposition à la lumière extérieure. Des recommandations de supplémentations systématiques ont été formulées notamment pour les enfants, dès la naissance et jusqu’à l’adolescence. Autre supplémentation systématique, la vitamine B9 chez les femmes enceintes jusqu’à la fin du troisième mois de grossesse, pour prévenir certaines malformations fœtales.

Quels conseils donner au comptoir ?

• Les symptômes évocateurs d’une carence vitaminique ne sont souvent pas spécifiques, tout comme les symptômes de l’hypervitaminose. En cas de doute, il est conseillé d’orienter la personne vers son médecin traitant pour écarter une autre cause et confirmer la carence.

• En dehors de contextes particuliers, les besoins en vitamines de l’organisme peuvent être couverts grâce à une alimentation saine et diversifiée. Les recommandations de Programme national nutrition santé doivent être promues (mangerbouger.fr). La table Ciqual de l’Anses (ciqual.anses.fr) permet de connaître les aliments riches en chaque vitamine, pour mieux conseiller les patients au comptoir.

Lorsqu’un complément alimentaire est conseillé, il faut privilégier les formules ne dépassant pas 200 % des apports journaliers recommandés, avec des formes bien assimilées et sans excipients à effet notoire. Tenir compte des autres compléments contenant des vitamines consommées par la personne. Devant des symptômes persistants ou si une prise prolongée de vitamines est prévue, un avis médical doit être demandé.

Nos remerciements à Nathalie Chatel, docteure en pharmacie spécialisée en micronutrition et phytothérapie.