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Comment prévenir la maladie rénale chronique ?
Le plus souvent silencieuse, la maladie rénale chronique concerne plus de 1 Français sur 10. Certains conseils hygiénodiététiques et un dépistage précoce contribuent à empêcher son apparition et/ou à freiner sa progression.
Pourquoi faut-il préserver les reins ?
Pour motiver le public à adopter des comportements de santé bénéfiques pour les reins, il peut être pertinent de rappeler la fonction de cet organe vital et les conséquences de son altération en matière de qualité de vie et de morbidité. De façon synthétique, les reins peuvent être décrits comme ayant 3 principales fonctions.
Filtration : les reins éliminent l’eau en excès et filtrent les substances toxiques issues de l’alimentation ou produites au cours de l’activité physique (urée, acide urique, créatinine, etc.) et les résidus des médicaments administrés.
Equilibration : les reins assurent le maintien de l’équilibre en eau et en substances minérales (sodium, potassium, calcium, bicarbonate, phosphore, etc.) de l’organisme en régulant le volume et la composition de l’urine. Ces substances minérales sont nécessaires à de nombreuses fonctions de l’organisme et influencent le niveau d’acidité du sang.
Synthèse : les reins produisent différentes hormones, vitamines et enzymes dont l’érythropoïétine nécessaire à la fabrication des globules rouges, la rénine intervenant dans la régulation de la pression artérielle, le calcitriol (forme active de la vitamine D) qui permet de fixer le calcium sur les os.
Un mauvais fonctionnement chronique des reins a ainsi pour conséquences une rétention d’eau et de sodium, une augmentation du volume sanguin ce qui peut se traduire par l’apparition d’œdèmes aux stades avancés, fatiguer le cœur et contribuer à une insuffisance cardiaque ou à son aggravation, ainsi qu’une augmentation de la pression artérielle, une ostéoporose, une anémie (facteur d’aggravation d’une insuffisance cardiaque) et une dénutrition (une hyperuricémie s’accompagne de troubles digestifs et d’un dégoût pour les aliments protidiques).
Une insuffisance rénale terminale nécessite une suppléance par dialyse ou greffon rénal. Chaque année, environ 11 500 personnes sont concernées.
Quels sont les facteurs de risque de maladie rénale chronique ?
Lorsqu’ils sont mal contrôlés, le diabète, qui après plusieurs années d’évolution peut entraîner une glomérulopathie, et l’hypertension artérielle, qui altère la paroi des vaisseaux sanguins et la fonction rénale à long terme, représentent les deux principales causes d’insuffisance rénale.
L’âge est aussi un facteur de risque d’altération de la fonction rénale, car le nombre de néphrons (unités fonctionnelles des reins) diminue chez les personnes âgées.
Si l’insuffisance cardiaque est parfois une complication de l’insuffisance rénale, elle peut, inversement, se compliquer d’une insuffisance rénale.
Le surpoids et l’obésité, en favorisant le diabète et les maladies cardiovasculaires, accroissent également le risque de maladie rénale chronique.
Certaines pathologies urologiques ou rénales (pyélonéphrites à répétition, calculs rénaux, insuffisance rénale aiguë, malformations, par exemple), des pathologies auto-immunes associées à des atteintes rénales comme le lupus ou encore des affections congénitales comme la polykystose rénale (responsable de 8 % des insuffisances rénales chroniques) peuvent altérer la fonction rénale.
Certains médicaments néphrotoxiques, comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), les aminosides, la ciclosporine, les dérivés du platine, le méthotrexate, les produits de contraste iodés, le tacrolimus, etc., ou l’expositionaux polluants professionnels que sont le plomb, le mercure et le cadmium peuvent altérer la fonction rénale.
Les antécédents familiaux d’insuffisance rénale sont également à prendre en compte.
Comment prendre soin des reins ?
Hors contre-indication médicale, il est recommandé, en population générale, de boire entre 1,5 et 2 litres d’eau par jour (soit 8 à 10 verres d’eau) régulièrement répartis dans la journée, pour « faciliter le travail des reins » et pour diminuer le risque d’infection et de calculs rénaux. Rester attentif aux personnes âgées, car elles perdent la sensation de soif et ont tendance à peu boire même lorsqu’il fait très chaud.
Lutter contre la sédentarité et essayer de pratiquer, au moins 30 minutes par jour, une activité physique adaptée à l’âge et à l’état du patient pour lutter contre le surpoids, prévenir les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2.
Surveiller son poids et adopter une alimentation saine et équilibrée : faire 3 repas journaliers, limiter la consommation de sel qui favorise l’hypertension (éviter les plats industriels, la charcuterie et les biscuits apéritifs, ne pas saler l’eau de cuisson des aliments, ne pas resaler les plats avec une salière de table, utiliser des épices pour cuisiner en remplacement du sel, notamment), veiller à consommer des fruits et des légumes, des céréales complètes, privilégier les modes de cuisson à la vapeur ou au grill plutôt que les fritures, choisir les produits laitiers à faible teneur en matière grasse ou écrémés.
Limiter la consommation d’alcool qui, d’une part, aggrave le risque de maladie cardiovasculaire et, d’autre part, représente un apport non négligeable de calories favorisant la prise de poids : au maximum 10 verres d’alcool standard par semaine sans dépasser 2 verres standard par jour.
Ne pas fumer ou essayer d’arrêter, car le tabac augmente le risque cardiovasculaire et exerce une toxicité rénale directe.
En cas de diabète, d’hypertension ou de cardiopathie préexistante, bien suivre le traitement pour que les objectifs thérapeutiques soient atteints. Surveiller (ou faire surveiller) régulièrement sa pression artérielle.
En quoi consiste le dépistage ?
Une maladie rénale chronique est facilement détectable. Réalisé précocement, le dépistage permet une prise en charge adaptée et de ralentir l’évolution de la maladie. Les patients les plus à risque (notamment diabétiques, hypertendus, obèses, exposés à des médicaments et produits néphrotoxiques) doivent en particulier faire l’objet d’un dépistage annuel.
Celui-ci repose sur l’estimation du débit de filtration glomérulaire (DFG) par la formule CKD-EPI à partir de la créatininémie (en réalisant une prise de sang à jeun ou non) et sur le rapport albuminurie/créatininurie (RAC, nécessitant un recueil d’urine qui peut être effectué à n’importe quel moment de la journée). Le RAC est désormais considéré comme plus fiable que la seule concentration d’albumine qui varie en fonction des ingesta d’eau.
Chez les patients insuffisants rénaux (DFG < 60 ml/min/1,73 m2), le score de risque rénal (SRR) peut être calculé à partir du DFG, du RAC, de l’âge et du sexe du patient. Il exprime en pourcentage, la probabilité d’évolution d’une maladie rénale chronique vers la dialyse ou la greffe à 5 ans.
Médicaments et reins : à dire aux patients
Certaines recommandations sont à suivre, notamment chez les personnes à risque.
– Eviter, a fortiori en automédication, la consommation, notamment prolongée, de médicaments néphrotoxiques tels que les AINS, de ceux susceptibles d’induire une déshydratation (et donc une diminution de la perfusion glomérulaire) comme les laxatifs stimulants et celle des spécialités contenant du sodium comme les médicaments effervescents.
– En cas de traitement par diurétiques, penser à faire réévaluer le traitement par le médecin lors des épisodes caniculaires ou de gastro-entérite.
– En cas de maladie rénale, informer tout prescripteur et tout pharmacien de l’atteinte rénale, pour qu’il puisse s’assurer que les médicaments prescrits ne soient pas contre-indiqués et les posologies adaptées.
Campagne de sensibilisation
Chaque année, la Semaine nationale du rein, qui a lieu en mars, portée par l’association France Rein permet de sensibiliser le public à cette maladie méconnue qui ne cesse de progresser (environ 2 % par an). A cette occasion, des dépistages gratuits de la maladie rénale sont proposés partout en France.
Pour en savoir plus : francerein.org.
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