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Livmarli, contre le prurit cholestatique

Publié le 21 septembre 2024
Par Yolande Gauthier
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Le maralixibat Livmarli est le premier médicament approuvé aux États-Unis et en Europe pour le traitement du prurit cholestatique associé au syndrome d’Alagille. C’est un médicament orphelin.

Indication remboursée

Traitement, à partir de l’âge de 2 mois, du prurit cholestatique chez les patients atteints du syndrome d’Alagille.

Mode d’action

Le maralixibat est un inhibiteur sélectif, puissant et réversible du transporteur iléal des acides biliaires. Il agit localement, dans la section distale de l’iléon, en réduisant la recapture des acides biliaires et en augmentant leur clairance par le biais du côlon. Le maralixibat diminue ainsi la concentration des acides biliaires dans le sérum.

Posologie

La dose initiale est de 190 µg/kg 1 fois par jour. Elle est augmentée au bout de 1 semaine à 380 µg/kg 1 fois par jour, dose cible recommandée. En cas d’intolérance au traitement, elle peut être réduite à 190 µg/kg par jour ou être interrompue.

La dose quotidienne maximale préconisée est de 3 ml (28,5 mg) pour les patients pesant plus de 70 kg.

Contre-indications

Hypersensibilité à l’un des composants.

Grossesse et allaitement

L’utilisation de Livmarli pendant la grossesse est à éviter par mesure de précaution.

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Éviter également l’utilisation durant l’allaitement. 

Effets indésirables

Une diarrhée et des douleurs abdominales sont des effets indésirables très souvent rapportés.

L’élévation des aspartates aminotransférases (Asat) et des alanines aminotransférases (Alat) est fréquente.

Interactions médicamenteuses

Une diminution de l‘absorption orale des substrats de l’OATP2B1 (fluvastatine, rosuvastatine, etc.) dans le tube digestif ne peut être exclue.

Prudence en cas de coadministration de substrats du CYP3A4 (simvastatine, par exemple), dont les concentrations plasmatiques peuvent être accrues.

La quantité totale de propylène glycol contenue dans tous les médicaments et compléments alimentaires, y compris dans Livmarli, doit être prise en compte notamment chez les patients âgés de moins de 5 ans ou ceux dont la fonction rénale ou hépatique est altérée. L’administration d’alcool est susceptible d’augmenter la toxicité liée au propylène glycol.

Surveillance particulière

Surveillance du bilan hépatique avant et pendant le traitement.

Mesure des taux de vitamines liposolubles (vitamines A, D, E) et du rapport normalisé international (INR) recommandée avant l’instauration du traitement, puis surveillance selon les pratiques cliniques usuelles.

Surveillance régulière au cours des épisodes de diarrhée afin d’assurer une hydratation suffisante.

Surveillance des signes et symptômes d’une possible toxicité du propylène glycol : hyperosmolarité, dysfonction rénale, troubles du système nerveux central, dépression respiratoire, dysfonction hépatique…

Conservation

Après la première ouverture du flacon, Livmarli doit être conservé à une température ne dépassant pas + 30 °C et il convient d’utiliser la solution dans les 130 jours.

Fiche technique

Maralixibat 9,5 mg/ml en solution buvable incolore, flacon de 30 ml avec 3 seringues pour l’administration orale, 24 576,81 €, remb. SS à 30 %, AMM : 34009 302 649 5 9.

Commande auprès de Mirum Pharmaceuticals au 01 49 52 60 72 ou france@mirumpharma.com.

Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

Le syndrome d’Alagille

Le syndrome d’Alagille est une maladie génétique rare dont l’incidence est estimée à 1 naissance sur 30 000 à 70 000, mais elle est probablement sous ou mal diagnostiquée. La maladie survient dans 40 % des cas lorsque la mutation est transmise par un parent selon le mode autosomique dominant. Dans 60 % des cas, l’affection apparaît à la suite d’une mutation dite de novo.

A quoi est-il dû ?

Le syndrome d’Alagille est lié à des mutations hétérozygotes sur les gènes jagged 1 (JAG1) ou notch receptor 2 (Notch2). Ces derniers codent pour les composants de la voie de signalisation Notch. Elle-même est impliquée dans le développement du foie et d’autres organes tels que le cœur, les reins, les vaisseaux, les os, les yeux… Le trouble du développement des voies biliaires intrahépatiques se caractérise par une diminution du nombre et un rétrécissement du diamètre des canaux biliaires. Il en résulte un ralentissement du flux biliaire vers l’intestin, lui-même à l’origine d’une cholestase chronique sévère.

Comment se manifeste-t-elle ?

La cholestase hépatique, qui concerne 95 % des patients atteints du syndrome d’Alagille, se manifeste le plus souvent dans les 3 premiers mois de vie. Elle se traduit par une accumulation des acides biliaires au niveau du foie, à l’origine d’une inflammation du tissu hépatique, et par un passage dans le sang de ces acides biliaires, à l’origine d’un prurit pouvant être très intense. Le rôle des acides biliaires est de faciliter la digestion des graisses, ce qui permet notamment l’absorption des vitamines liposolubles. La cholestase peut alors entraîner d’autres manifestations telles que des xanthomes (lésions lipidiques sous-cutanées), une fatigue chronique, un retard de croissance et une malabsorption des vitamines liposolubles (A, D, E, K) avec des carences possibles. L’atteinte d’autres organes peut être à l’origine de manifestations cardiaques (sténose des artères pulmonaires), rénales (dysplasie, acidose tubulaire rénale), oculaires, osseuses (anomalies vertébrales). Le faciès se caractérise, dans 70 à 96 % des cas, par un front bombé, un menton petit et pointu et un hypertélorisme (écartement excessif des yeux).

Delphine Guilloux

Dites-le au patient

– Livmarli doit être pris au cours d’un repas ou à jeun dans les 30 minutes qui précèdent le repas, le matin en cas d’administration 1 fois par jour, ou le matin et le soir en cas d’administration 2 fois par jour. Ne pas mélanger la solution à un aliment ou à une boisson, mais l’administrer directement dans la bouche.

– Trois seringues pour l’administration orale sont fournies : une seringue de 0,5 ml pour les volumes prescrits de 0,1 à 0,5 ml, de 1 ml pour les volumes prescrits de 0,6 à 1 ml et de 3 ml pour ceux de 1,25 à 3 ml.

– En cas d’oubli d’une dose, renoncer à celle-ci et poursuivre le traitement au moment prévu pour la prise suivante.

L’avis de la HAS

– Service médical rendu modéré

– Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV)

– Population cible estimée entre 90 et 180 patients

Délivrance

– Liste I

– Médicament soumis à prescription initiale hospitalière

– Prescription initiale et renouvellement réservés aux spécialistes en pédiatrie ou en hépato-gastro-entérologie

– Surveillance particulière pendant le traitement