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Le métier de préparateur autour du monde : formation, missions, évolution…
Entre disparité des formations et missions qui varient d’un pays à l’autre, le métier de préparateur en pharmacie peine à s’harmoniser au niveau européen. Pourtant, face aux nouveaux défis de l’officine, la montée en compétences s’impose partout comme une nécessité. Tour du monde au cœur d’un métier en pleine mutation.
La volonté ne date pas d’hier. En 2011, l’Association européenne des techniciens en pharmacie (EAPT) – regroupant, sous ce terme générique, les préparateurs français et leurs homologues dans les autres pays membres de l’UE – avait vu le jour avec un rêve en tête : harmoniser la formation au niveau européen. Un espoir issu de la mise en place du système universitaire européen licence-master-doctorat (LMD) à partir de 2004 en France. « Nous souhaitons que tous les techniciens en pharmacie aient une formation d’une durée minimale de trois ans pour acquérir un niveau licence, et que leur cursus s’inscrive dans le système LMD », confiait, en 2012 à Porphyre, João José Joaquim, alors président de l’EAPT, qui s’était fixé comme but de « faire connaître la profession de technicien en pharmacie et de la faire évoluer ».
Treize ans plus tard, si la formation a intégré le Système universitaire de transfert et d’accumulation de crédits (ECTS) dans certains pays, comme au Danemark ou au Portugal (voir encadré page 19), son harmonisation sur le plan européen tarde à voir le jour, et pour cause : « C’est un projet très long à réaliser car il y a une très grande disparité des rôles et des responsabilités de ces professionnels selon les pays », nous confie un ancien cadre dirigeant de la Fédération internationale pharmaceutique (FIP). Pour autant, le métier évolue et tend à monter en compétences, en France comme ailleurs en Europe, et même Outre-Atlantique. Les mutations de l’officine et l’orientation de son activité vers des missions de pharmacie clinique obligent les professionnels qui la composent à repenser leur métier.
Un, deux, trois diplômes ou rien du tout !
Du « Pharmaconomist » danois au « Técnico de farmácia » portugais, en passant par les « Apothekersassistent », il n’y a pas que le nom qui change ! Chaque pays a organisé son propre système pharmaceutique en fonction de ses besoins, ce qui explique les disparités entre les techniciens en pharmacie. Aux Pays-Bas, où les drogueries sont autorisées à vendre des médicaments soumis à prescription médicale facultative depuis plusieurs décennies, « 70 % des ventes sur l’OTC y sont aujourd’hui réalisées, explique notre source proche de la FIP. Il y a une formation spécifique pour devenir droguiste » – parallèlement à celle de l’Apothekersassistent, qui exerce en pharmacie ou à l’hôpital. Dans certains pays, l’activité et la formation du technicien en pharmacie ne sont pas réglementées, alors que dans d’autres, l’officine jongle avec trois types de professionnels, reflétant trois niveaux de formation, comme au Royaume-Uni ou au Canada où les pharmaciens côtoient les techniciens en pharmacie et les assistants – à ne pas confondre avec nos pharmaciens assistants français ! Malgré une formation différente (une année pour l’assistant, deux ans pour le technicien), tous deux préparent les médicaments et les délivrent au patient, conseil à l’appui, sous la supervision du pharmacien.
Au Canada, les programmes de formation des techniciens en pharmacie – qui relèvent de l’autorité des provinces – ont vu le jour dans les années 1970, sans harmonisation particulière entre les provinces. « Contrairement à la formation du pharmacien – qui se déroule sur cinq ans au minimum au sein de l’Union Européenne –, celle du préparateur est très “nationale” », souligne l’ancien cadre dirigeant de la FIP.
D’un pays à l’autre, la latitude varie…
L’exercice du métier varie lui aussi d’un pays à l’autre. En 2010, fraîchement débarquée de France pour s’établir au Canada, Daravanh Keomanivong, préparatrice, a vite déchanté. Si elle a rapidement trouvé une officine prête à l’embaucher, les directives de la titulaire l’ont finalement décidée à refuser l’offre. « Si tu donnes des conseils aux patients, tu es virée ! », l’a prévenue celle qui était sur le point de devenir sa patronne, mais qui a finalement fait fuir sa postulante. Au Canada, « les techniciens en pharmacie n’ont aucun contact avec les patients », explique notre source.
Plus au sud, de l’autre côté de la frontière, leurs homologues américains travaillent en synergie avec les pharmaciens sur des activités de santé publique, comme le dépistage, répondent aux demandes des patients et des prestataires, fournissent des conseils aux prescripteurs et aux patients qui cherchent des informations sur les interactions médicamenteuses, les contre-indications, les précautions d’emploi, les règles de conservation des médicaments, etc.
Les techniciens en pharmacie américains gèrent non seulement les stocks et les achats, mais aussi les substances contrôlées, et ils participent à la supervision et à la vérification du travail d’autres techniciens. Ils doivent également maîtriser la robotique, pour la préparation des délivrances sur ordonnance. Celle-ci est ensuite vérifiée par un pharmacien, avant d’être délivrée au patient, physiquement ou par envoi postal. Un continent, deux poids, deux mesures !
De son côté, en emménageant au Portugal en 2023, Vanessa (voir encadré ci-contre) s’imaginait notamment « prendre part au ca-pital d’une pharmacie ». En principe, dans ce pays, un préparateur ou tout autre investisseur, même non diplômé, peut posséder une officine, sans toutefois la diriger.
Mais dans les faits, « l’association des préparateurs au capital des pharmacies n’est pas la configuration la plus fréquente dans les pays au capital ouvert », observe notre ancien cadre dirigeant de la FIP. Côté pratique, « les techniciens en pharmacie portugais réalisent des missions de santé publique, comme les vaccinations dans le cadre du calendrier vaccinal, rapporte Vanessa. Pour moi, ils sont le reflet de ce que sera le préparateur en pharmacie français dans le futur ! »
Autonomie renforcée dans le nord
C’est toutefois dans les pays du nord que la profession jouit de la plus grande autonomie. Au Royaume-Uni, « toute une variété d’activités est réalisée par les techniciens en pharmacie, en autonomie, sans supervision, dans un cadre réglementé depuis 2011 », rapportait en 2017 une étude de la FIP sur les techniciens en pharmacie (« Technicians and pharmacy support workforce cadres working with pharmacists : an introductory global descriptive study », Fédération internationale pharmaceutique, 2017). À 700 km de là, au Danemark, les officines appartiennent à des pharmaciens mais peuvent ouvrir des succursales gérées par des techniciens en pharmacie (appelés « pharmaconomists »), dans un rayon de 75 km autour de la pharmacie principale.
Dans ces succursales, les pharmaconomists réceptionnent les ordonnances, répondent aux questions du patient, le conseillent, le questionnent sur ses antécédents, ses allergies… et vérifient la conformité de l’ordonnance avant de délivrer les médicaments, le tout sans supervision, juste avec un pharmacien joignable par téléphone.
En pratique, « la plupart des délivrances et des activités connexes au comptoir des pharmacies sont effectuées par des pharmaconomists », conclut l’étude de la FIP.
Ceux-ci sont d’ailleurs responsables de leurs propres erreurs de délivrance et peuvent, à ce titre, être condamnés à une sanction par l’Agence nationale pour les droits des patients et les plaintes (Patientombuddet). Une sanction qui se limite souvent à une simple réprimande officielle. La responsabilité des erreurs médicamenteuses peut, quant à elle, être supportée par le pharmaconomist, le pharmacien, ou le titulaire, qui endosse, pour sa part, à lui seul, la responsabilité du fonctionnement de la pharmacie et des process de travail.
Une amorce en matière d’harmonisation européenne
En septembre 2017, six pays étaient entrés dans le système européen de transfert et d’accumulation de crédits (ECTS), ou système universitaire européen licence-master-doctorat (LMD) :
• Le Portugal, où la formation de technicien en pharmacie est sanctionnée par un niveau master (240 ECTS), soit un bac+4 ;
• Le Danemark, la Finlande et la Lituanie, où la formation de technicien en pharmacie est sanctionnée par un niveau licence (180 ECTS), soit un bac+ 3 ;
• L’Irlande et Malte, où la formation de technicien en pharmacie est sanctionnée par un niveau bac+ 2 (120 ECTS).
Depuis 2022, la France a rejoint cette catégorie avec le diplôme français d’études universitaires scientifiques et techniques (Deust).
Nouvelles missions pour une montée en compétences
Historiquement, la formation des techniciens en pharmacie danois a progressivement évolué au gré des transformations des missions de l’officine. En 1984, avec la réduction du nombre de préparations en pharmacie et leur centralisation au sein de quelques-unes, les fonctions – et, en conséquence, la formation au métier d’« assistant en pharmacie » (son nom à l’époque) – se sont éloignées de la préparation pour se concentrer davantage sur l’information et le conseil au patient. En 1997, le rôle de l’assistant en matière de délivrance des ordonnances est devenu similaire à celui des pharmaciens. En 1999, il a pris le nom de « pharmaconomist ».
Le Royaume-Uni, les États-Unis, et même le Canada ont, eux aussi, peu à peu étendu le périmètre d’action de leurs techniciens, permettant aux pharmaciens de se concentrer davantage sur leurs nouvelles missions cliniques, centrées sur le patient pour optimiser la prise en charge thérapeutique : éducation thérapeutique du patient, conciliation médicamenteuse, etc. Les provinces canadiennes ont réglementé l’exercice des techniciens en pharmacie en 2016, mais même avant cela, « de plus en plus de tâches commençaient à leur être confiées dans les pharmacies, avec de moins en moins de supervision : préparation de produits non stériles, calcul des dosages, etc. », pointe l’étude de la FIP.
Quatre grands modèles
De l’absence de techniciens en pharmacie au Japon, à la pratique autonome du personnel de pharmacie au Malawi (Afrique de l’Ouest), le rôle et les missions des techniciens en pharmacie sont très divers selon les pays et les continents. Même chose, du côté de l’apprentissage du métier, appris « sur le tas », après un ou deux ans de formation, ou encore à l’issue d’une formation diplômante de 3 à 4 ans. Quatre grands modèles se dessinent toutefois :
• Les pays où il n’existe pas d’autre diplôme que celui du pharmacien dans l’officine (Japon) ;
• Les pays dans lesquels les autres professionnels sont supervisés par le pharmacien, directement ou par délégation (France, Australie, Afrique du Sud…) ;
• Les pays où l’activité des techniciens en pharmacie est réglementée et exercée de façon indépendante au sein d’une équipe de pharmaciens (Canada, Danemark…) ;
• Les pays où la profession est peu réglementée mais où les personnels travaillent seuls par nécessité pratique (de nombreux pays à faible revenu).
Source : Étude descriptive globale introductive de la Fédération internationale pharmaceutique (FIP) sur les techniciens en pharmacie, 2017.
Supervision et formation à ajuster
Au Royaume-Uni et aux États-Unis toujours, les techniciens en pharmacie vont désormais jusqu’à endosser des missions de pharmacie clinique, notamment en matière de conciliation médicamenteuse.
Outre-Atlantique, « la supervision [par le pharmacien] est fonction de la nature de l’activité », précise l’étude de la FIP. Pour assumer sans crainte leurs nouvelles tâches, les techniciens en pharmacie américains ressentent toutefois le besoin de bénéficier de formations supplémentaires. Au Royaume-Uni aussi, les activités des techniciens outrepassent désormais les connaissances et les compétences acquises durant leur formation.
« Les dispositions relatives à la supervision sont en cours de révision, et les changements futurs auront un impact sur la formation des techniciens en pharmacie, assure le rapport de la Fédération internationale pharmaceutique. La supervision revêtira de nou-velles définitions, sera assortie de nouvelles exigences, et le rôle et le degré d’autonomie des techniciens en pharmacie seront amenés à évoluer ». La durée et le niveau de la formation ne sont, en revanche, pas remis en question, mais pourraient l’être, si les fonctions devaient inclure davantage de missions de pharmacie clinique.
Travailler en synergie dans l’équipe
Selon le rapport de la FIP, les experts américains du secteur, estiment que « la pharmacie aurait tout intérêt à développer le leadership de l’équipe ». L’idée est de rendre l’équipe plus autonome, afin que le pharmacien puisse libérer davantage de temps pour les missions de pharmacie clinique. Depuis 2014, les travaux de recherche canadiens se concentrent, quant à eux, sur le développement de la collaboration interprofessionnelle dans les prestations de santé, à mesure que les besoins des patients se complexifient. Cette collaboration devrait s’opérer aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’officine, c’est-à-dire au sein de l’équipe. À l’instar du médecin qui délègue certaines tâches à l’infirmier en pratique avancée dans son propre service. Vertueuse pour le patient, cette collaboration est aussi bénéfique pour les professionnels. De récents rapports canadiens suggèrent que « les pharmaciens et techniciens en pharmacie qui ont l’opportunité de réaliser leur plein potentiel sont plus susceptibles d’entretenir une relation positive et solidaire ».
En attendant, certains officinaux se plaignent de relations de travail difficiles durant la période de transition : sentiment des techniciens en pharmacie d’être sous-employés, restreints dans leur marge de manœuvre… ou, une fois montés en compétences, crainte des phar-maciens de voir le rôle des techniciens en pharmacie empiéter sur le leur, voire de le remplacer…
Cette dernière appréhension est partagée par certains pharmaciens adjoints français, quand la question de faire monter le préparateur en compétences pointe son nez. « Il est pourtant de plus en plus reconnu et admis que chacun de ces professionnels a un rôle important et distinct à jouer pour aboutir à des services pharmaceutiques optimaux », souligne l’étude de la FIP. Reste à bien définir les rôles au sein des officines, pour permettre à tout ce petit monde de travailler en synergie, pour le bien du patient et le bien-être de l’équipe.
Pour en savoir plus :
« Working as a technician pharmacy in Europe », European Association of Pharmacy Technicians (EAPT).
« Préparateurs hors frontières », enquête de Claire Bouquigny, Porphyre n° 484, 2012.
Pouvoir exercer à l’étranger, pas si facile
En 2022, en prévision de son déménagement au Portugal, Vanessa, préparatrice, postule aux offres d’emploi. La titulaire d’une pharmacie portugaise lui propose de l’embaucher, à condition qu’elle acquière le diplôme en vigueur dans son pays d’accueil. Au Portugal, les techniciens en pharmacie sont titulaires d’un diplôme niveau master. Vanessa entame alors un processus de validation des acquis de l’expérience (VAE), pour obtenir, dans un premier temps, le diplôme français d’études universitaires scientifiques et techniques (Deust) de préparateur-technicien en pharmacie, à partir de son brevet professionnel (BP). Cette équivalence lui permettrait d’entrer dans le système européen de transfert et d’accumulation de crédits (ECTS) – ou système universitaire européen licence-master-doctorat (LMD). En validant le Deust, Vanessa obtiendrait en effet 120 ECTS, soit la moitié des crédits à acquérir pour valider le niveau master (240 ECTS).
« J’ai commencé ma VAE en décembre 2022 à la faculté de Marseille, avec trois autres préparateurs également titulaires du BP », se souvient Vanessa. Alors que les voies d’obtention du Deust par équivalence ne sont pas encore réglementées, certaines facultés ont pris l’initiative de proposer une VAE. Celle-ci est d’ailleurs répertoriée par France Compétences comme l’une des voies d’accès au Deust. Seul hic, en pratique « nous sommes très peu encadrés par rapport à la formation au BP », constate Vanessa, qui finit par abandonner. « J’aurais pu continuer une fois au Portugal en me rendant dans une salle réglementée du consulat pour les visios… Mais le mémoire de 30 à 40 pages, l’encadrement réduit… J’ai trouvé cela trop difficile. » D’autant que les textes sur l’équivalence BP-Deust à venir pourraient finalement trancher en faveur d’une validation des acquis professionnels et personnels (VAPP), beaucoup plus accessible.
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