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Maëva Blanchard, fidèle aux posts
Préparatrice en pharmacie depuis 2014, la jeune femme est aussi créatrice de contenus. Aux manettes du compte @pharmaconseils, elle partage son savoir et ses recommandations sur le réseau social Instagram. Et ce depuis huit ans.
Maëva Blanchard a aujourd’hui une voix qui porte, dans la profession, et bien au-delà. Pourtant, il fut un temps où, écrit-elle, « personne n’aurait misé un caillou sur moi ». Elle, la « cancre à l’école ». Elle, qui a eu son bac ST2S (Sciences et technologies de la santé et du social) « à la troisième tentative ». La roue commence à tourner en juin 2012, quand elle franchit la porte de la mission locale de sa ville. La conseillère lui soumet l’idée d’intégrer l’école des préparateurs en pharmacie. Celle-ci a en effet remarqué que Maëva, fille de livreur de médicaments pour un grossiste-répartiteur, avait été préparatrice de commandes quatre ans durant, pendant ses vacances. Maëva rechigne tout d’abord, puis tente, et s’accroche durant ses deux années d’alternance dans une officine de Créteil. Elle décroche son diplôme en 2014.
Même les accrocs lors de ses premiers emplois ne lui feront pas regretter son choix : ici, un licenciement économique ; là, des soucis de management ; ci et là, des difficultés pour concilier activité professionnelle et maternités faute de place en crèche… En septembre 2020, elle intègre une pharmacie dans le 12e arrondissement de Paris, pensant rester un an. « Au final, j’ai pris racine », sourit-elle.
Instagram, une extension du comptoir
Elle s’en va en juillet 2024, via une rupture conventionnelle, pour poursuivre son rêve de s’installer dans le Var. Non sans peur : celle de ne jamais retrouver « un patron aussi humain ». Maëva a indéniablement trouvé sa voie en embrassant le métier de préparatrice. « J’aime mon métier, j’le kiffe », répète-t-elle à l’envi. Et, en se positionnant comme telle sur le réseau social Instagram, elle va, en plus, faire résonner sa voix. C’est en 2016 qu’elle crée le compte @pharmaconseils. Elle est alors mère au foyer. L’idée ? Garder du lien avec la pharmacie, entretenir ses connaissances, et partager ses conseils maternité et puériculture avec d’autres mamans… Huit ans plus tard, sa cible s’est élargie à la population générale.
@pharmaconseils est, en somme, une extension du conseil au comptoir. Maëva y évoque les maux, les moyens de prévention, les soins… Notamment les remèdes naturels, forte de son DU en aromathérapie. Elle balaie les fausses croyances populaires, aborde les sujets sociétaux… Le tout en restant toujours informative, en faisant preuve de pédagogie et en apportant une bonne dose d’humour. Elle n’est pas là pour influencer, avertit-elle : « Je donne des “tips”. Après, les gens en font ce qu’ils veulent ! Ils s’en servent, ou pas. »
Maëva utilise également son compte pour sensibiliser le grand public à son métier. Et embarquer ses followers (abonnés) dans le quotidien – simulé – de l’équipe officinale, qui se prête au jeu. Un quotidien fait de petites galères, comme l’erreur de carte bancaire à 19 h, ou la gestion des stocks quand on fait moins de 1,60 m ! Et parfois marqué par les attitudes plus ou moins risibles des patients : quand la pharmacie demande le numéro de téléphone, ce n’est pas une invitation à aller manger un kebab. Tous ces posts à l’officine qui n’auraient pas pu exister sans l’accord de son ex-patron, à qui elle avait confié son engagement sur les réseaux sociaux dès l’embauche. « Ça ne le dérangeait pas que je filme », à condition de « ne jamais tourner de vidéos quand il y avait du monde au comptoir et de ne pas faire la promo de la pharmacie ».
Large audience, grosse responsabilité
« À force de partages et de conseils qui ont rendu service à des gens », le compte, conçu par « passion », sans ambition de monétisation, a gagné en résonance. Mais cela ne s’est pas fait en un clin d’œil : il a fallu quatre ans pour qu’il atteigne les « 20 K » followers, aidé par la période Covid, qui a boosté son audience. Les « 60 K » ont été atteints en novembre 2022. Les « 100 K » en juin 2023. Maëva les a fêtés avec humour, en reprenant une « trend » (tendance) dans laquelle la chanteuse Afida Turner se comporte en diva. Bien sûr, elle rassure en légende : non, elle ne prend pas la grosse tête !
@pharmaconseils compte désormais 112 000 abonnés, un chiffre impressionnant. Mais heureusement, la jeune femme, qui explique être « très timide » contrairement à l’image qu’elle donne, n’en prend pas la mesure quand elle est seule face à son téléphone. Ce succès sur « Insta » lui a ouvert les portes des librairies : en février 2023 est paru son premier livre, Pharmaconseils pour mon bébé (éd. Larousse), consacré aux maux et aux soins des 0-3 ans. Un ouvrage qu’elle a écrit pour transmettre ses conseils à ses enfants… La publication contribue à accroître encore son audience. Or, qui dit large audience, dit responsabilité accrue. Si Maëva veillait déjà à ce que ses contenus soient éthiques, son agence – Fraich’Touch – lui a fait passer le certificat d’influence responsable de l’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité), pour attester qu’elle est sensibilisée aux règles du marketing d’influence. C’était la condition sine qua non pour « travailler avec certaines marques ». Au programme notamment : la transparence concernant les collaborations commerciales, l’exemplarité en matière d’écologie, de consommation d’alcool, etc.
La préparatrice explique qu’entretenir et développer l’audience, c’est s’astreindre à un rythme soutenu de publications. « Trois à quatre par semaine » en moyenne pour la jeune maman, qui s’en occupe souvent « de nuit ». Son calendrier est néanmoins « flexible », assure-t-elle. Elle peut anticiper plusieurs contenus. Ou ne pas poster si elle n’en a pas envie, « chose qu’avant, je n’aurais pas faite ». Prendre soin de son audience, c’est également assurer un contenu de qualité. D’où son exigence, sur le fond et la forme : elle source toute information – en rappelant au passage que « [ses] sources sont les mêmes que les médecins. On a tous le Vidal » –, se forme et se cultive en permanence, peaufine les sous-titres et les transitions… Maëva Blanchard ne cache pas que « c’est énormément de travail ». D’autant plus quand, comme elle, « on a du mal à déléguer ».
Des commentaires gratifiants
Sur Instagram, ses abonnés – beaucoup de mamans, de préparateurs en pharmacie, mais pas que – le lui rendent bien. En témoignent les likes et partages, qui sont « une reconnaissance, un merci, un soutien ». Les messages aussi : « tous les jours, plusieurs fois par jour ». Elle fait en sorte de répondre à tout le monde, pour rester proche des membres de sa communauté, même si celle-ci a changé de dimension. Son livre aussi, a été « bien reçu », se réjouit-elle. Racontant l’anecdote d’un ami – « dont le papa est docteur » –, qui lisait son livre la nuit quand son enfant rencontrait des problèmes.
Parmi les commentaires les plus gratifiants qu’elle a reçus, ceux affirmant : « Que je devrais être remboursée par la Sécurité sociale » ; que « je suis devenue leur Bible » ; qu’il « n’y a pas un jour où ils ne vont pas voir mon compte pour prendre des renseignements » ; qu’ils « vont même à la pharmacie avec des captures d’écran de ce que j’ai pu conseiller ». Face à ceux qui considèrent, à l’inverse, qu’en tant que préparatrice elle n’est pas à sa place pour prendre la parole, elle se défend : « Quand on parle de la varicelle, du zona, etc., on a le droit, on est légitime, car au comptoir, on peut être confronté à quelqu’un qui a la varicelle et veut des conseils. » Et à ceux qui ont la critique facile, elle répond : « Faites mieux que moi ! ».
Des foules de projets
Maëva Blanchard est fière lorsqu’elle mesure le chemin parcouru. Et si elle n’exerce plus depuis juillet dernier, ce n’est pas pour rester les bras croisés ! Elle s’occupe de ses deux enfants, prépare son mariage prévu fin septembre, doit passer son permis… Elle continue aussi d’alimenter Instagram… et œuvre à l’écriture de son second livre. Il traitera toujours des plus grosses pathologies rencontrées en pharma, mais cette fois, chez les « 3 à 99 ans ».
« Je suis un peu folle de m’embarquer là-dedans, tout le monde me le dit. » Mais elle tient à aller au bout, en hommage à son papa, décédé en début d’année. À peine avait-il eu le premier ouvrage entre les mains qu’il lui avait déjà demandé : « C’est pour quand, le deuxième ? »
La néo-Varoise prépare aussi son retour au travail. Elle aimerait faire de l’intérim, pour plusieurs raisons. Car cela lui permettrait de « gérer [son] emploi du temps », de « voir des pharmas différentes », d’y « prendre la température »… Pour pourquoi pas s’y fixer si cela lui plaît et que l’officine recrute en CDI.
Dans un futur plus lointain, Maëva n’exclut pas, un jour – au moment de la crise de la quarantaine ? –, de tenter la passerelle pour devenir pharmacienne. Et si jamais elle parvenait à emprunter cette voie, elle précise bien : « Je dirais toujours que je suis pharmacienne et préparatrice en pharmacie. »
Portrait express
Âge : 34 ans.
Formation : BP de préparateur en pharmacie à Créteil (94), diplôme universitaire d’aromathérapie à l’université de Bourgogne (21).
Ce qui la motive : « Être à l’écoute des personnes »
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