Protocole « douleur et abcès dentaire » : quel bilan après son lancement ?

C’est l’heure du premier bilan, sur l’île d’Oléron (Charente-Maritime), plus d’un an après le lancement d’un protocole local de coopération sur la douleur et l’abcès dentaires mis en place dans le cadre d’une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP). À la différence des protocoles nationaux, les protocoles locaux sont écrits des propres mains des professionnels de santé suivant les recommandations des autorités sanitaires.

Une utilité à la période estivale

Ainsi, 119 patients éligibles à ce dispositif ont été pris en charge en officine entre les mois de juin 2023 et juin 2024, rapporte Mehdi Djilani, pharmacien titulaire à Saint-Pierre-d’Oléron, membre de la MSP Oléron Nord et par ailleurs président du groupement Totum Pharmaciens. Pas moins de 12 pharmaciens – titulaires et adjoints – dans les 5 officines de cette MSP multisites sont opérationnels sur cette thématique. Ils avaient reçu au préalable une formation à la physiopathologie dentaire par le chirurgien-dentiste délégant, c’est-à-dire le praticien qui a donné son aval à l’intervention des pharmaciens et des infirmiers libéraux formés pour appliquer le protocole.

Prescription d’antalgiques et d’antibiotiques

Sur l’île d’Oléron, les trois quarts des protocoles ont été réalisés pendant la période estivale. « Ce sont des demandes spontanées de patients qui souffrent de douleurs dentaires avec un accès difficile à la consultation », indique Mehdi Djilani. Après étude des critères d’inclusion, les patients ont pu bénéficier d’un soulagement rapide et précoce d’une douleur liée à un abcès dentaire par la prise d’un antalgique de palier 1 ou 2, d’antiseptiques pour bains de bouche et si nécessaire d’une antibiothérapie adaptée (amoxicilline ou clindamycine). Ces traitements faisant l’objet d’une ordonnance rédigée par le pharmacien n’ont donné lieu à aucun effet indésirable.

Des ajustements en cours

Développé fin 2021 par l’union régionale des professionnels de santé (URPS) Pharmaciens de Corse, et également mis en application par la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Nord-Aisne, le protocole est dupliqué pour être déployé par d’autres MSP, CPTS et centres de santé sur le territoire national. À Oléron, le dispositif est amené à évoluer. Les ajustements portent sur les critères d’inclusion, avec une définition plus précise de la prise en charge de la douleur après évaluation de son intensité. Par ailleurs, les patients ayant bénéficié du protocole dans les trois mois précédents ne sont plus exclus d’une nouvelle prise en charge comme c’était le cas au départ. Autre évolution, les noms du médecin traitant et du dentiste référent sont demandés au patient. « De plus, nous allons revoir le protocole avec le chirurgien-dentiste délégant pour envisager d’autres traitements antalgiques de palier 2 que ceux qui nécessitent la rédaction d’une ordonnance sécurisée, telle qu’elle doit se mettre en place à partir du 1er décembre pour les médicaments codéinés », précise Mehdi Djilani.