Le désert médical avance, la pharmacie trinque

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Le désert médical avance, la pharmacie trinque

Publié le 4 octobre 2024
Par Christelle Pangrazzi
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Selon le dernier Atlas de la démographie médicale de l’Ordre des médecins, le nombre de médecins enregistrerait une hausse de 1,4 % par rapport à l’an dernier.

« C’est l’illusion d’un mieux. En réalité, cette hausse est loin de répondre aux besoins réels de la population. La crise est bien plus profonde et structurelle », rappelle le Dr Yannick Neuder, député et rapporteur général de la Commission des Affaires sociales.

Aujourd’hui, 87 % du territoire reste toujours en situation de désert médical.

Cette augmentation du nombre de médecins masque paradoxalement une diminution de 2 % du nombre de généralistes. Ces derniers sont pourtant ceux qui jouent un rôle essentiel dans la médecine de ville et désengorgent les hôpitaux.

« Il est difficile de se réjouir d’une hausse alors que nous avons le même nombre de médecins qu’en 1970, avec 15 millions d’habitants de plus et un vieillissement de la population », note le député.

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10 jours pour consulter un généraliste

Les délais d’attente pour consulter un médecin se révèlent problématiques : 10 jours pour un médecin généraliste, jusqu’à 2 mois pour un cardiologue ou d’autres spécialistes comme les gynécologues et les ORL.

Selon Yannick Neuder, auteur d’une proposition de loi visant à ajuster le nombre d’étudiants aux besoins des territoires, il y a urgence à renforcer les moyens des universités et à faciliter le retour des étudiants formés à l’étranger. À l’heure où il faudrait 2,3 médecins pour chaque départ à la retraite, les effectifs de jeunes praticiens restent insuffisants. Cette désertification médicale n’est pas sans conséquence pour les officinaux.

Médecins et pharmaciens impactés simultanément

80 % de l’économie d’une pharmacie repose sur l’ordonnance. Or, dans la plupart des cas, les patients se procurent les médicaments à proximité du lieu de leur consultation. En Auvergne-Rhône-Alpes, où le nombre de médecins est presque deux fois moins important que dans le reste de la France, la situation des officines est problématique. Selon des travaux de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens, sur les 83 officines structurantes de la région, c’est-à-dire celles représentant la seule offre de santé sur un territoire assez grand, une cinquantaine sont considérées comme fragiles. La situation est identique en Île de France – hors Paris et sa banlieue proche – la région est le premier désert médical français, suivie de la Côte-d’Or, l’Isère, la Dordogne, la Saône-et-Loire, le Cher et les Hautes-Pyrénées. Selon le ministère de la Santé, un tiers des communes françaises manqueraient de généralistes.