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Le PLFSS 2025 augure-t-il d’une année noire pour l’officine ?
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) a été présenté jeudi 10 octobre en Conseil des ministres. Dans un contexte de crise budgétaire, les mesures proposées inquiètent d’ores et déjà les syndicats de pharmaciens.
Une économie d’1 milliard d’euros sur les médicaments, de 200 millions sur les dispositifs médicaux, la traque de la fraude avec des outils remis en cause par certains officinaux, l’absence de remises sur les biosimilaires… les sujets de tension s’accumulent autour du PLFSS 2025. Ce texte devait pourtant valider des subsides permettant d’aider l’officine face à la baisse des marges observée depuis plus d’un an. Si des amendements sont déjà envisagés, rien ne garantit leur adoption. L’économie officinale parviendra-t-elle à tirer son épingle du jeu ?
Le milliard d’euros d’économie sur le médicament risque d’aggraver les pénuries
Marc Ferracci, ministre délégué à l’Industrie, avait annoncé des arbitrages difficiles. Le PLFSS 2025 prévoit donc 1 milliard d’euros d’économies sur les médicaments, augmentés de 200 millions sur les dispositifs médicaux. Pour mémoire, les économies envisagées sur ce secteur l’an passé se limitaient à 850 millions d’euros. « Alors que se multiplient les pénuries, ces nouvelles économies sur les dépenses de médicaments ne pourront que tendre davantage l’approvisionnement. Le secteur de la pharmacie d’officine est en souffrance. Et face à chacun des maux dont il souffre, il semble que les pouvoirs publics ne souhaitent apporter que l’exact opposé des solutions nécessaires », explique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), s’inquiète des baisses de revenus de l’officine : « Les chiffres sont têtus : la trajectoire à 2 % de croissance garantie par la Sécurité sociale lors de la signature de l’avenant économique ne tient pas. Nous allons encore perdre des revenus, sauf si bien sûr ce sont les médicaments très chers qui sont impactés. Mais il semble qu’il y aura des baisses de prix partout. »
Lutter contre la fraude, oui, mais avec des outils adaptés
À l’instar de nombreux professionnels de santé, les pharmaciens seront sollicités pour participer à cette lutte. Comme convenu lors de la signature de l’avenant économique en juin dernier, ils doivent notamment s’engager dans l’usage du téléservice Asafo, désormais déployé dans l’ensemble des officines. Problème : l’efficacité de l’outil est remise en cause. « L’assurance maladie doit revoir ce téléservice pour améliorer sa performance. Nous sommes prêts à travailler avec elle », explique Philippe Besset. À l’USPO, Pierre-Olivier Variot plaide, lui, pour un outil couplé à l’intelligence artificielle : « À l’heure actuelle, il arrive que des ordonnances frauduleuses soient révélées trois semaines après sur Asafo. En termes de réactivité, on n’y est vraiment pas. »
Absence de remises sur les biosimilaires
Les remises sur les biosimilaires ne figurent pas dans le PLFSS. L’engagement avait pourtant été pris par le ministre Frédéric Valletoux lors de la signature de l’avenant à la convention pharmaceutique. « Ce n’est pas une surprise vu le ton sur lequel ce PLFSS a été écrit… Pour autant, il faut absolument que le texte soit amendé afin que les remises sur les médicaments biosimilaires et hybrides y apparaissent. Ces remises assureront des économies intelligentes pour les comptes sociaux et une source de revenus supplémentaires au soutien de l’ensemble des pharmacies », note Philippe Besset. « Il semble que les écrits d’un ministre n’engagent pas ses successeurs… C’est regrettable. Nous allons donc faire déposer un amendement, mais la façon dont tout cela se passe n’augure rien de bon », pointe Pierre-Olivier Variot.
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