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6/7 – L’avis de l’expert : renforcer le rôle du pharmacien dans le sevrage tabagique
La Dre Valérie Rocchi, pharmacienne et tabacologue à Allauch (Bouches-du-Rhône), fait le point sur le rôle crucial des officinaux dans le repérage précoce et à l’accompagnement des patients.
Que pensez-vous du projet de prescription des substituts nicotiniques par les pharmaciens ?
C’est une excellente nouvelle que de renforcer le rôle du pharmacien dans le sevrage tabagique. On sait que les chances de commencer un sevrage sont jusqu’à 6 fois supérieures quand le conseil d’arrêt s’accompagne de la prescription d’un traitement nicotinique de substitution. Le temps d’obtention d’une prescription peut décourager le patient motivé à l’arrêt. Donc, pouvoir proposer la prescription remboursée des substituts nicotiniques après repérage à l’officine me semble tout à fait cohérent avec une prise en charge efficiente du patient.
Le pharmacien a-t-il les compétences ?
Bien évidemment. Le pharmacien a toujours conseillé les substituts nicotiniques, mais il est peut-être un peu moins formé au repérage précoce intervention brève (RPIB)* et à l’accompagnement, qui est primordial pour mener à bien le sevrage. Le RPIB peut se pratiquer systématiquement ou à partir d’ordonnances de malades chroniques ou encore lors de situations particulières comme la grossesse ou une hospitalisation programmée, qui sont des moments propices à l’apprentissage (parfois désignés en anglais par l’expression « teachable moments ») pour démarrer un sevrage ! Ce repérage peut également permettre d’identifier les cas complexes comme les patients psychiatriques, les poly-addictions ou encore les populations particulières : adolescents, femmes enceintes, etc. Dans ces cas, il conviendra, le plus souvent, de les adresser à des tabacologues ou à des structures dédiées.
Plusieurs unions régionales des professionnels de santé (URPS) pharmaciens ont déjà mené des expérimentations, par exemple dans le Grand Est, les Pays de la Loire ou encore à La Réunion. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, notre programme, soutenu par l’agence régionale de santé, nous permet de former les pharmaciens et de les rémunérer pour la prise en charge des patients en sevrage tabagique à l’officine.
Le programme national de lutte contre le tabac 2023-2027 prévoit que le pharmacien puisse prescrire les traitements nicotiniques de substitution à l’issue d’un entretien motivationnel. Quelles en sont les modalités ?
Nous n’avons pas encore les contours exacts de cette mesure. Dans ma pratique quotidienne, je remarque que les personnes que l’on voit à l’officine sont pour la majorité déjà motivées, environ 60 % des fumeurs souhaitent arrêter. Mais elles sont souvent ambivalentes et, à ce moment-là, l’entretien motivationnel sera pertinent pour leur permettre « de passer à l’action » et de s’engager dans une démarche de sevrage. La priorité pour les pharmaciens sera de se former au repérage, à l’entretien motivationnel et surtout à l’accompagnement pour optimiser l’observance et mener à bien le projet d’arrêt qui s’échelonne souvent sur 3 à 6 mois.
Il est aussi prévu que le droit de prescription vienne après des expérimentations en région, où en est-on ? Elles étaient prévues dans trois régions mais n’ont toujours pas commencé, ce qui recule encore la perspective du droit de prescription à l’officine. C’est dommageable pour la pratique quotidienne, mais aussi pour les bilans de prévention qui font partie de nos nouvelles missions et vont logiquement déboucher vers un conseil d’arrêt chez les fumeurs. Dans la continuité, les médecins, les infirmiers et les sages-femmes pourront, au terme du bilan, accompagner leur conseil d’arrêt d’une prescription de traitement substitutif, mais pas les pharmaciens. Ce n’est pas très cohérent !
* Procédure en deux étapes permettant le repérage d’une consommation de substances psychoactives et l’encouragement au changement de comportement en s’appuyant sur l’entretien motivationnel.
Article issu du cahier Formation du n°3514, paru le 18 mai 2024
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