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Vos syndicats ont besoin de vous

Publié le 27 août 2020
Par Annabelle Alix
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Défendre vos droits, faire évoluer le métier, vous informer, vous accompagner en cas de difficulté…

Voilà les principales missions des syndicats. Soutenez leur action, et votez pour l’un d’entre eux entre le 25 janvier et le 7 février 2021 !

Initialement prévues en novembre 2020, les élections professionnelles dans les TPE (très petites entreprises) auront lieu du 25 janvier au 7 février 2021. Pour continuer à défendre vos intérêts, les syndicats ont besoin de vos voix. Leur habilitation à agir et leur poids dans les négociations dépendent directement de vos suffrages (voir encadré).

Les syndicats, c’est utile !

Suppression des primes, des frais d’équipement et autres bonifications, instauration du Smic pour tous à l’officine, voilà ce qui pourrait se passer en l’absence de syndicats en pharmacie. « Les employeurs auraient alors tout le loisir de dénoncer la convention collective », souligne Olivier Clarhaut, préparateur de formation et secrétaire fédéral de Force ouvrière (FO), branche officine.

Si les négociations sont souvent laborieuses et les avancées salariales peu spectaculaires, l’action des syndicats permet de sauvegarder les droits reconnus par la convention. Parfois, elle permet encore de faire évoluer ces droits, et d’adapter les lois nouvelles aux spécificités du métier.

Dans toutes les branches professionnelles, les syndicats représentatifs des employeurs et des salariés négocient ensemble les conventions collectives. Ils gèrent certains organismes comme la Sécurité sociale, avec négociation de la couverture santé…, mènent des concertations avec l’État sur les réformes sociales. Ils siègent aux conseils des prud’hommes chargés de statuer sur les litiges entre employeurs et salariés. Ces syndicats sont également présents dans les commissions paritaires régionales interprofessionnelles (CPRI), créées en 2017. Il s’agit d’espaces de concertation entre employeurs et salariés de TPE sur les sujets de l’emploi, de la formation, des conditions de travail et des conflits individuels ou collectifs.

Le nombre d’adhérents fait la force

Au sein de la branche officine, les syndicats d’employeurs et de salariés se réunissent aussi au sein de la commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation (CPNE-FP). Ces réunions permettent notamment de faire remonter les demandes du terrain ou de faire émerger des projets. Dernier exemple en date ? « Un certificat de qualification professionnelle de conseiller en herboristerie, phytothérapie et aromathérapie est actuellement en cours de création », rapporte Roland Scherding, préparateur et négociateur de branche à la CFTC. Comme tout CQP, il donnera lieu à une bonification salariale.

Une chose est sûre, « plus le taux de représentativité est important, plus nous aurons de poids dans les négociations face aux employeurs », note Olivier Clarhaut. Une question de crédibilité. Sur certains sujets, cela bloque un peu. Faire évoluer le point, depuis des années, c’est la mer à boire. Malgré leurs efforts, les syndicats de salariés interrogés pointent une trop grande frilosité des syndicats d’employeurs, qui craignent de perdre trop d’adhérents s’ils cèdent du terrain.

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Sauvegarder la convention collective

Si, historiquement, de grandes avancées comme la Sécurité sociale, les congés payés ou l’assurance chômage ont vu le jour sous l’impulsion des syndicats, « aujourd’hui, nous passons surtout un temps monstre à éviter les reculs pour sauvegarder les droits reconnus par la convention collective », regrette Olivier Clarhaut. Un exemple ? « Quand les employeurs ont souhaité augmenter tous les préparateurs d’un coefficient en contrepartie d’une baisse des salaires des apprentis, nous avons tout calculé dans le détail pour nous apercevoir que nous étions perdants. Les augmentations ne couvraient pas la baisse. » Et d’insister : « À chaque proposition qui nous est faite, nous devons tout analyser, gratter le vernis, voir ce qu’il y a derrière. » Des actions peu visibles, et pourtant essentielles.

Si la convention collective était dénoncée, les droits qu’elle reconnaît disparaîtraient et le Code du travail s’appliquerait alors à l’officine. Or, « ce code évolue sans cesse, sous l’effet des projets de loi de gouvernements de plus en plus libéraux, pointe Olivier Clarhaut. Il est loin d’offrir aux salariés des garanties suffisantes. »

Une enquête de 2018 de l’Observatoire des métiers dans les professions libérales (OMPL)(1) révèle que 14 % des préparateurs sont payés en dessous du minimum conventionnel. Sont-ils suffisamment informés ? Osent-ils faire valoir leurs droits ? « Informer les préparateurs, c’est notre rôle, estime Roland Scherding, de la CFTC. C’est pourquoi nous mettons notre site internet à disposition de tous. Sur droits-pharmacie.fr, les préparateurs peuvent trouver de l’information sur différentes thématiques concernant leur métier. Mais, pour une réponse approfondie et personnalisée, ou monter un dossier aux prud’hommes, nous demandons une adhésion au syndicat car nous faisons intervenir des juristes que nous rémunérons. »

Un accompagnement individuel

L’information et l’accompagnement individuels sont une part importante du travail syndical. Nul besoin pour autant d’informer son employeur de son appartenance syndicale. S’il faut fournir une information à l’adhérent, « je lui fais un courrier en listant les points et les textes dont il a besoin pour faire valoir ses droits, explique Olivier Clarhaut. Le salarié n’est pas obligé de brandir le document à en-tête sous le nez de l’employeur ! » Malheureusement, « les préparateurs attendent souvent que la situation soit dramatique pour se tourner vers nous, et alors, il y a urgence », regrette-t-il.

Dans ces cas-là, les conseillers du salarié désignés par les syndicats sont habilités à négocier une rupture conventionnelle, à assister le salarié lors d’un entretien préalable au licenciement. Leur présence permet aussi d’éviter des licenciements abusifs.

(1) Pharmacie d’officine, Application de la grille de classification professionnelle , Observatoire des métiers dans les professions libérales (OMPL), 2018.

(2) Loi 2008-789 du 20 août 2008 et loi 2010-1215 du 15 octobre 2010.

Un taux de participation en baisse

Pour la troisième fois depuis l’instauration d’élections professionnelles dans les TPE(2), les salariés seront appelés à voter début 2021 par voie numérique ou par correspondance. Le premier vote, en 2012, avait vu un taux de participation de 10,38 % dans les TPE et de 14,23 % en officine. En 2017, ce taux était tombé à 7,8 % dans les TPE et à 11,13 % en officine. Ces chiffres démontrent une implication des salariés officinaux supérieure à la moyenne nationale dans les TPE et une sorte de désintérêt pour l’action syndicale (lire notre enquête du mois prochain sur les syndicats).

Six syndicats représentent les salariés de l’officine

Actuellement, les syndicats habilités à représenter les salariés de l’officine sont les suivants. Ils interviennent dans de nombreuses branches professionnelles. Surveillez leurs programmes pour l’officine en consultant leurs sites internet !

Certaines centrales syndicales ont des adhérents issus de l’officine et proposent un site dédié à la pharmacie.

→ FO : 24,16 % des voix en 2017, www.fo-pharma-cuirhabillement.com

→ UNSA : 19,92 % des voix en 2017, www.tpe.unsa.org > Les TPE

→ CGT : 19,64 % des voix en 2017, www.cgt.fr/dossiers/ tpe-donne-toi-le-droit-vote-cgt

→ CFDT : 17,58 % des voix en 2017, www.cfdt.fr > Actualités > Dossiers et temps forts > Petites entreprises

→ CFE-CGC : 9,57 % des voix en 2017, www.cfecgcchimie.org > Secteurs d’activités > pharmacie > Officine

→ CFTC : 9,13 % des voix en 2017, www.droits-pharmacie.fr