- Accueil ›
- Formation ›
- Cahiers Conseil ›
- Le voyageur diabétique ›
- 2/6 – Trousse à pharmacie : l’essentiel pour ne pas déstabiliser le diabète
![2/6 – Trousse à pharmacie : l’essentiel pour ne pas déstabiliser le diabète](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2024/10/iStock-1464217198-1040x660.jpg)
© Getty Images
2/6 – Trousse à pharmacie : l’essentiel pour ne pas déstabiliser le diabète
En plus des traitements habituels du diabète et des éventuelles autres pathologies chroniques, la constitution d’une trousse à pharmacie permet de prendre en charge les maux courants survenant lors des voyages qui, chez le patient diabétique, peuvent avoir des conséquences plus lourdes.
Antalgiques, antipyrétiques
Le paracétamol est le traitement de premier choix à proposer, y compris chez une personne diabétique, à une dose de 500 mg à 1 g par prise, avec une limite de 3 g par jour en automédication, 2 g par jour en cas d’insuffisance hépatique légère à modérée.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène doivent être utilisés avec précaution chez des patients à risque cardiovasculaire, dont les personnes diabétiques. Favorisant une insuffisance rénale, ils peuvent notamment augmenter le risque d’hypoglycémie sous sulfamides hypoglycémiants et d’acidose lactique sous metformine. Des aggravations d’infection sont par ailleurs signalées lorsqu’ils sont pris dans un contexte infectieux. L’aspirine présente les mêmes effets indésirables et un risque hémorragique plus marqué.
Antidiarrhéiques
La déshydratation liée à une diarrhée, à des vomissements ou encore à la chaleur peut être grave, surtout chez les patients âgés ou en cas de diabète mal équilibré. Elle majore également le risque d’insuffisance rénale liée à la prise de certains médicaments comme la metformine, les sulfamides ou encore les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), les sartans ou les diurétiques.
Solutés de réhydratation orale (SRO). Les SRO sont intéressants pour compenser des pertes liquidiennes. Apportant des glucides, il convient de ne les utiliser que le temps nécessaire.
Lopéramide (Diaretyl, Imodiumcaps). Ralentisseur du transit, il est réservé aux diarrhées très liquides et gênantes. Le traitement est limité à 2 jours et contre-indiqué avant 15 ans en automédication, ainsi qu’en cas de diarrhée sanglante et/ou de fièvre importante. Les prises doivent être interrompues lorsque le transit s’améliore.
Racécadotril (Tiorfast, Diarfix). Antisécrétoire réservé à l’adulte, il présente moins de précautions d’emploi que le lopéramide (vis-à-vis du risque infectieux en lien avec des diarrhées bactériennes ou parasitaires par exemple), mais est impliqué dans des interactions médicamenteuses : son association est notamment déconseillée avec les inhibiteurs de la dipeptidylpeptidase-4 (gliptines) et chez les personnes hypertendues traitées par IEC ou par antagonistes de l’angiotensine 2 (sartans) en raison du risque d’angiœdème bradykinique. Des antécédents d’angiœdèmes bradykiniques font déconseiller son utilisation.
Autres. Les probiotiques n’ont pas d’efficacité démontrée dans la diarrhée du voyageur. Les argiles (diosmectite) ont une action très modeste et doivent se prendre à au moins 2 heures d’intervalle de tout autre traitement, au risque de réduire son absorption gastro-intestinale.
Les angiœdèmes bradykiniques
D’apparition brutale et imprévisible, ils sont liés à l’accumulation de bradykinine, qui crée une vasodilatation en augmentant la perméabilité vasculaire et en stimulant la libération de substance P. Bradykinine et substance P sont normalement dégradées par différentes enzymes. Les gliptines, ainsi que les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), les sartans, le racécadotril et les inhibiteurs de mTOR (mechanistic target of rapamycin) peuvent être impliqués dans la survenue d’angiœdèmes bradykiniques.
Non prurigineux, ces angiœdèmes touchent principalement le visage, la langue et les voies respiratoires supérieures, mais parfois aussi la muqueuse digestive, entraînant des douleurs abdominales variables. Ces symptômes apparaissent soudainement, le plus souvent en début d’instauration du traitement, mais parfois plusieurs années après. Ils peuvent régresser spontanément mais aussi récidiver de plus en plus fréquemment et sévèrement.
Mal des transports
Tous les produits conseillés pour le mal des transports peuvent être proposés aux patients diabétiques avec les précautions usuelles.
Antihistaminiques H1 (diménhydrinate – Nausicalm –, associé à la caféine – Mercalm –, diphénhydramine – Nautamine). Proposés en prévention du mal des transports, dès 2 ans selon les références, ils exposent à une somnolence contre-indiquant la conduite automobile, des vertiges ou une confusion, notamment chez les personnes âgées. Des effets indésirables anticholinergiques sont possibles (sécheresse de la bouche, constipation, rétention d’urine, notamment). Ils sont donc déconseillés en cas de risque de rétention urinaire, notamment liée à une hypertrophie bénigne de la prostate, ou de risque de glaucome par fermeture de l’angle.
Métopimazine (Vogalib). Cette sbustance a un rapport efficacité/effets indésirables mal établi et ne doit être envisagée que si son utilisation paraît indispensable. Des effets sédatifs, une hypotension orthostatique et des dyskinésies peuvent survenir. Les contre-indications sont identiques à celles des antihistaminiques H1.
Gingembre. Présent dans des compléments alimentaires (Nausélib, C’Zen, etc.), son usage est considéré comme bien établi par l’Organisation mondiale de la santé et l’Agence européenne du médicament dans la prévention des nausées et des vomissements liés au mal des transports.
Soins des plaies et des pieds
Les personnes diabétiques sont davantage susceptibles de développer des complications en cas de lésions ou de plaies mal soignées (retard de cicatrisation, surinfections, etc.), d’autant plus que le diabète est mal équilibré et ancien, associé à une neuropathie. Les plaies au niveau des pieds sont particulièrement fréquentes. La neuropathie favorise en effet des déformations ostéoarticulaires, une hyperkératose et une sécheresse cutanée, et diminue la sensibilité à la douleur. Une consultation médicale est impérative devant des signes faisant penser à une infection : douleur, rougeur, gonflement, suintement important ou pus, odeur désagréable. Si la plaie est située au niveau du pied, il faut mettre ce dernier en décharge le plus souvent possible.
Antiseptiques. Devant une augmentation constante des déclarations de réactions allergiques graves liées à la chlorhexidine, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recommande de ne plus l’utiliser comme antiseptique de première intention. Le lavage à l’eau claire et au savon est à effectuer en priorité en cas de plaie superficielle peu étendue et suffit généralement. Si nécessaire, l’hypochlorite de sodium (Dakin), voire la povidone iodée (Bétadine, mais qui a l’inconvénient de colorer) peuvent être utilisés après le lavage lorsqu’un risque de surinfection est à craindre.
Pansements. Proposez différents formats, éventuellement « waterproof » (risque de décollement moindre en cas de transpiration par exemple), pour protéger toute plaie, ou des pansements à cicatrisation rapide (Elastoplast, Urgo cicatrisation rapide, notamment) composés de matériaux qui permettent la cicatrisation en milieu humide optimal. Ces derniers sont contre-indiqués en cas de suspicion d’infection de la plaie. Des pansements « ampoules » à base de gel hydrocolloïde (Compeed, Scholl, par exemple) sont utiles selon les activités. Rappeler de porter des chaussures adaptées, testées au préalable.
Crèmes hydratantes ou « anticallosités ». Elles aident à limiter la sécheresse cutanée et l’hyperkératose favorisant fissures, crevasses, callosités, cors ou durillons. Certains soins ciblent spécifiquement les patients diabétiques (Pedimed DM, Akildia, Soin protection intense Alvadiem, par exemple). Déconseiller les produits coricides et l’utilisation de râpes métalliques ou pinces coupantes, trop agressifs.
À ne pas oublier
Répulsifs antimoustiques. À proposer parmi les 4 molécules recommandées – N,N-diéthyl-3-méthylbenzamide (DEET), butylacétylaminopropanoate d’éthyle (IR3535), icaridine, huile d’Eucalyptus citriodora hydratée, cyclisée ou p-menthane-3,8-diol (PMD) – en prévention des maladies à transmission vectorielles. Une chimioprophylaxie antipaludéenne et certaines vaccinations peuvent également être conseillés selon le pays visité.
Protection solaire. Orienter vers un produit adapté au type de peau et aux conditions d’ensoleillement et d’exposition solaire. Un produit très haute protection est indispensable chez les patients sous sulfamides hypoglycémiants (gliclazide, glimépiride, etc.), potentiellement photosensibilisants.
Petit matériel. Compresses stériles, sérum physiologique, paire de ciseaux à bout rond, pince à épiler, thermomètre et gel hydroalcoolique sont incontournables dans toute trousse à pharmacie !
Autres
Appliqués avant la mise en place d’un capteur de glycémie, des sprays aident à renforcer l’adhésion de ces derniers en cas de baignade ou de transpiration notamment (Tensospray, Skin-Prep, spray Cavilon, etc.).
Des protections ou des brassards peuvent aussi aider à maintenir le capteur ou les pompes à insuline (patchs Capteur Protect pour FreeStyle Libre, brassard Alphadiab, etc.).
Avec l’aimable relecture du Dre Lysiane Leguier, endocrinologue à Beuvry (Pas-de-Calais)
Article issu du cahier Formation du n°3521 paru le 29 juin 2024
- Vaccination antigrippale des plus de 65 ans : Efluelda aurait-il tout changé cette année ?
- Miorel et génériques : contraception obligatoire pour tous
- Enquête de l’Anepf : la vie des étudiants en pharmacie, pas si rose
- Analogues du GLP-1 : période d’essai jusqu’au 1er mai
- Économie officinale : faut-il ressortir les gilets jaunes et les peindre en vert ?
- Maladie de Charcot : le Parlement vote une amélioration de la prise en charge
- Salaire : un premier échec dans les négociations 2025
- Ogast et Ogastoro : arrêt de commercialisation
- Cancers pédiatriques : le gouvernement réinjecte les 15 millions supprimés
- Études de pharmacie : pourquoi les étudiants veulent renforcer le tutorat
![Prendre en charge la sécheresse oculaire au comptoir](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2025/02/iStock-2148553304-680x320.jpg)
![Comment prendre en charge le syndrome génito-urinaire de la ménopause ?](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2025/01/iStock-1207125626-680x320.jpg)