1/6 – Préparer son voyage : des traitements antidiabétiques au matériel médical

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1/6 – Préparer son voyage : des traitements antidiabétiques au matériel médical

Publié le 1 octobre 2024
Par Tina Géréral
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La préparation du voyage chez les patients diabétiques est une étape cruciale qui permet d’assurer la suivi du traitement et de limiter la survenue d’hypo ou d’hyperglycémie. Check list des démarches à effectuer et des produits à mettre dans la valise.

À discuter avec le médecin

Faire le point sur son état général de santé avec son médecin est important et il est bien évidemment préférable que le diabète soit équilibré pour voyager, avec une hémoglobine glyquée (HbA1c) inférieure ou égale à 7 % pour la plupart des patients, soit une glycémie moyenne inférieure à 1,5 g/l. Et ce d’autant plus si les conditions de voyage sont difficiles ou si le lieu de résidence est éloigné de structures de soins. Dans tous les cas, il est déconseillé de partir seul dans une zone reculée. Le médecin pourra ajuster le traitement si besoin et discuter d’une adaptation des prises en cas de décalage horaire supérieur à 3 heures. En l’absence de contre-indications (artérite des membres inférieurs notamment), des articles de compression peuvent être prescrits en cas de vols long-courriers par exemple.

Concernant la prescription

En cas de voyage à l’étranger, la prescription en dénomination commune internationale (DCI), par ailleurs obligatoire pour tous les médicaments, facilite la compréhension et la reconnaissance des traitements prescrits, dont les antidiabétiques oraux. Le mot « insuline » (avec ou sans « e ») est en revanche un terme universel. Si des consignes particulières de prise sont inscrites sur l’ordonnance, il est préférable de faire traduire cette dernière en anglais.

Dispensation des médicaments

Il est généralement recommandé aux patients d’emmener un supplément d’un quart du traitement par rapport à ce qui est nécessaire (par exemple 5 semaines si on part 4 semaines) pour anticiper toute rupture et difficultés de renouvellement. Anticiper ses renouvellements à la pharmacie permet de se constituer une réserve nécessaire. Les médicaments présentés sous un conditionnement trimestriel peuvent par ailleurs être délivrés (dans la limite de la durée totale de prescription restant à courir). Au-delà, une procédure particulière s’applique et nécessite une autorisation de délivrance de traitement à demander à la caisse primaire d’Assurance maladie (CPAM). Selon les caisses, la demande doit être faite par le pharmacien ou le patient. En pratique, la durée de traitement délivrée ne peut – dans tous les cas – excéder 6 mois et elle n’est possible que si la prescription médicale comporte l’accord du médecin en indiquant, pour les médicaments concernés, « A délivrer en une fois pour départ à l’étranger ».

À la pharmacie

Conservation des médicaments

Des emballages isothermes permettent de conserver les médicaments sensibles à la chaleur (attention aux voitures fermées au soleil…) ou au froid, comme l’insuline, les bandelettes, les solutions de contrôle et les lecteurs de glycémie. Si la sensibilité des médicaments ou dispositifs médicaux à la chaleur est relativement connue, celle au froid l’est moins. Or, exposés à des températures basses (moins de 4° C) pendant des périodes plus ou moins longues, les lecteurs de glycémie, les bandelettes ou les électrodes ainsi que les solutions de contrôle deviennent moins fiables et peuvent afficher de faux résultats. D’une manière générale, vérifier systématiquement les conditions de conservation des médicaments ou dispositifs médicaux (monographie, notice). Recommander le cas échéant de les transporter dans leur emballage d’origine, dans un contenant isotherme.

Attention, l’ajout d’un bloc réfrigérant (ou plaque eutectique) est susceptible d’augmenter la durée de conservation (jusqu’à 24 à 48 heures, selon les indications des fabricants), mais il ne doit pas être au contact direct de l’insuline ou du glucagon, ou plus généralement de tout médicament qui risque de geler.

Le matériel de contrôle de la glycémie et de la cétonémie devant être en état de fonctionnement durant tout le séjour, conseiller de se munir de piles de rechange, voire d’un lecteur de glycémie capillaire de réserve, y compris pour les patients utilisant un capteur de glycémie interstitielle.

Autres

Vérifier que les vaccinations sont à jour, en conformité avec les recommandations du calendrier vaccinal, et incluant également la vaccination antipneumococcique et contre la grippe le cas échéant. Lister avec le patient les médicaments et accessoires indispensables à intégrer dans une trousse à pharmacie de voyage.

Voyage en avion

Les agents de sécurité des aéroports sont généralement habitués à voir du matériel médical (aiguilles, stylos d’injection, etc.). Néanmoins, afin de faciliter les contrôles douaniers, il est conseillé d’avoir sur soi, outre son ordonnance en cours de validité, un certificat médical pour les porteurs de pompe à insuline, établi par le médecin et autorisant le patient à voyager avec le matériel indiqué, en français et en anglais. Un modèle de certificat est disponible sur le site de la Fédération française des diabétiques (federationdesdiabetiques.org/diabete/traitements/check-list-voyage). Il est prudent également de demander au prestataire de santé un certificat de douane pour la pompe à insuline. En cas de port de capteurs de glycémie, être muni d’un certificat spécifique complété par le médecin (disponible sur les sites des fabricants FreeStyle Libre Abbott, Dexcom, etc.) s’avère préférable.

Contrôles de sécurité

Il n’est pas souhaitable de passer les capteurs de glycémie neufs (non déballés) ou les pompes à insuline filaire (avec tubulure et cathéter) sous les rayons X, au risque de voir leur fonctionnement s’altérer. Mieux vaut les avoir avec soi et les passer sous le portique de sécurité (détecteur magnétique). Penser à alerter les agents de sécurité du port de ces fournitures et du matériel sur soi (pompe, capteurs) afin de prévenir tout incident lors d’une fouille par palpation.

Matériel et bagages

Face au risque de perte ou de vol de bagages, il est recommandé de répartir son traitement entre ses bagages à main et ses bagages en soute. Il est impératif d’avoir sur soi une réserve d’insuline et du matériel d’autosurveillance en quantité suffisante permettant si besoin, à l’arrivée, de faire face à un imprévu. La température de conservation de l’insuline doit être comprise entre + 4° C et + 8° C. En soute, le risque de gel est considéré comme négligeable, la température y étant généralement supérieure à 4° C. Par prudence, il est toutefois conseillé de placer l’insuline dans un dispositif isotherme qui la protégera du chaud comme du froid. Il en est de même pour les bandelettes ou solutions de contrôle par exemple. Rappeler qu’il faudra, comme à l’habitude, vérifier l’aspect de l’insuline avant de procéder à l’injection.

Les documents à préparer

Une liste récapitulative à remettre au patient peut être la bienvenue !

Carte de diabétique : proposée en français, en anglais et en espagnol, elle recense le traitement en cours, le numéro à appeler en cas d’urgence et la conduite à tenir en cas de malaise. Elle est à télécharger par exemple sur le site de la Fédération française des diabétiques (FFD).

Carte européenne d’Assurance maladie en cas de voyage en Europe. En faire la demande en ligne sur ameli.fr via son compte personnel dans la rubrique « Mes démarches ».

Ordonnances des médicaments en cours de validité et certificat médical de port de la pompe à insuline ou du capteur de glycémie (en français et en anglais, à télécharger par exemple sur le site de la FFD ou les sites des prestataires ou laboratoires fabricants).

Certificat de douane pour les porteurs de pompe à insuline (fourni par le prestataire de santé).

Coordonnées du diabétologue ou du service de diabétologie et du médecin traitant.

Assurance voyage : vérifier les niveaux de couverture offerts par les diverses assurances (carte bancaire, assurance habitation, notamment), les compléter si besoin par une assurance voyage spécifique.

Avec l’aimable relecture du Dr Wail Bouchi, médecin généraliste à Lille (Nord)

Article issu du cahier Formation du n°3521 paru le 29 juin 2024