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La lavande officinale

Publié le 27 août 2020
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Si la lavande évoque l’été, la Provence et les vacances, elle est aussi utile à la rentrée en raison de son action répulsive sur les poux, en plus de ses indications dans les troubles du sommeil, les petits traumatismes cutanés ou les troubles digestifs.

Quelle est cette plante ?

Également appelée lavande vraie ou lavande fine, la lavande officinale, de son nom scientifique Lavandula angustifolia, est un petit arbrisseau aux feuilles violettes. Elle appartient à la famille des Lamiaceae, qui comprend de nombreuses autres plantes aromatiques : thym, romarin, sauge, menthe…

Du point de vue botanique, les lavandes fine, vraie et officinale sont synonymes, mais la lavande fine, sauvage ou cultivée, pousse en altitude, tandis que les deux autres se trouvent en plaine. Ce qui a un léger impact sur la composition et la qualité aromatique de l’huile essentielle. La lavande fine a, comme son nom l’indique, un parfum plus délicat.

• Où la trouver ? La lavande officinale pousse naturellement sur les coteaux calcaires arides, principalement dans le quart sud-est de la France. Elle y est aussi largement cultivée.

• Où est-elle vendue ? Les fleurs et sommités fleuries de lavande ne font pas partie du monopole pharmaceutique et sont donc vendues librement.

Quels sont ses usages ?

En phytothérapie

• Utilisation. Les fleurs sont utilisées en tisane contre le stress et les troubles du sommeil. Elles sont intéressantes en cas de troubles digestifs par leur action carminative contre le météorisme, mais également antispasmodique et cholérétique, c’est-à-dire qu’elles facilitent la sécrétion de la bile.

• Posologie. On recommande 1,5 g de fleurs, soit l’équivalent de 2 cuillères à café, par tasse d’infusion.

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En aromathérapie

L’huile essentielle de lavande officinale est majoritairement caractérisée par la présence de deux molécules de la famille des terpènes : le linalol et l’acétate de linalyle. Elle fait l’objet d’une monographie de contrôle à la pharmacopée européenne, qui définit les teneurs de certains constituants et limite notamment la présence de camphre à 1,2 % maximum. Malgré sa bonne sécurité d’emploi, cette huile essentielle sera plutôt conseillée en usage externe.

• Utilisation. Elle présente notamment des propriétés désinfectantes, cicatrisantes, anti-inflammatoires et antalgiques. Elle est donc intéressante pour des bobos du quotidien, de la coupure à la brûlure, en passant par les allergies. L’huile essentielle de lavande officinale a par ailleurs des propriétés relaxantes et sédatives qui peuvent notamment être mises à profit en diffusion atmosphérique. On l’utilisera aussi pour son action répulsive à l’encontre des poux, surtout en prévention.

• Posologies en usage local.

→ Chez l’adulte : 2 à 5 gouttes, pures ou diluées, à raison de trois fois par jour en application locale.

→ Chez l’enfant : elle peut être utilisée dès 4 mois par voie externe, mais on préférera l’employer diluée dans une huile végétale, par exemple l’huile de calophylle inophyle ou d’amande douce, en particulier chez le jeune enfant.

→ Action répulsive contre les poux : déposer 1 goutte d’huile essentielle sur les vêtements (col, bonnet, écharpe…) ou diluer 30 gouttes dans 200 mL d’un shampooing neutre. De nombreuses préparations commerciales à base de lavande (shampooings, lotions…) existent dans cette indication. Exemples : Lentipoux Shampooing lavande, Phytosun Arôms Shampooing à la lavande, Cinq sur cinq Natura Shampoing anti-poux & lentes lavande, Parasidose+ Shampooing à l’huile essentielle de lavande bio, Marie Rose antipoux Shampooing doux à la lavande…

Existe-t-il d’autres lavandes ?

Oui, d’autres espèces sont utilisées pour leurs propriétés médicinales. Contenant une quantité non négligeable de camphre, elles sont déconseillées chez l’enfant de moins de 6 ans, la femme enceinte et en cas d’antécédents d’épilepsie ou de convulsions. C’est aussi pour cette raison que leurs huiles essentielles sont réservées à l’usage externe ou à la diffusion.

Lavande aspic (Lavandula latifolia)

Elle est reconnaissable à une odeur plus camphrée car elle contient de 8 à 20 % de camphre. Elle doit son nom à la vipère aspic, dont elle avait la réputation de soigner la morsure.

• Utilisation. Ses propriétés anti-inflammatoires et antiseptiques sont intéressantes pour soulager piqûres de guêpe, d’abeille, de méduse, de moustique, ainsi que les brûlures et infections cutanées sans critères de gravité. En raison de la présence de 1,8 cinéole (= eucalyptol, de 20 à 35 %), elle est aussi utile en inhalation en cas de problèmes ORL.

• Posologies.

→ Pour soulager les piqûres : à diluer à part égale avec une huile végétale et à appliquer localement trois à quatre fois par jour.

→ En ORL : déposer 10 gouttes sur la mèche d’un stick inhalateur et respirer à volonté au cours de la journée.

Lavandin (Lavandula × intermedia)

C’est un hybride de la lavande officinale et de la lavande aspic. Certaines variétés comme le lavandin grosso, à fort rendement en huile essentielle, ont été sélectionnées pour l’industrie de la lessive et des produits ménagers. Un hectare de culture de lavandin permet de produire près de 100 kg d’huile essentielle, contre 40 kg maximum pour des variétés sélectionnées de lavande officinale. Il en découle un prix inférieur mais la qualité organoleptique de l’huile essentielle l’est également, cette dernière étant bien moins fine que celle de la lavande.

• Utilisation. La plante est intéressante par voie locale pour ses propriétés décontracturantes musculaires et anti-inflammatoires et partage les autres propriétés de ses parents mais avec moins de puissance.

• Posologie. Pour l’action décontracturante, on pourra élaborer une huile de massage en la diluant à 10 % dans une huile végétale, à utiliser jusqu’à trois à quatre fois par jour.

Lavande papillon (Lavandula stoechas)

Celle lavande est surtout retrouvée dans les jardins en raison du toupet de bractées présentes à l’extrémité de ses épis qui lui confèrent une touche originale. On en extrait une huile essentielle à employer avec prudence en raison de la présence de camphre (15-30 %) et de cétones, notamment la fenchone, épileptogène. Il faut donc bien vérifier de quelle lavande on parle.

Quelles précautions d’emploi ?

• L’huile essentielle de lavande fait partie des huiles les mieux tolérées, sans contreindication particulière chez l’adulte. Elle est aussi utilisable, de préférence sous forme diluée, chez l’enfant.

• Quelques cas de gynécomastie ont été rapportés chez de jeunes enfants exposés à des préparations contenant de l’huile essentielle de lavande. L’hypothèse d’un effet perturbateur endocrinien de certains constituants a été avancée, sans avoir été démontrée à l’heure actuelle. Compte tenu du faible nombre de cas dans le monde, ce risque semble toutefois assez limité.

• En cas de mauvaise conservation, le linalol, constituant majeur de l’huile essentielle, peut s’oxyder et provoquer une sensibilisation cutanée chez certains individus.

• Comme pour toute huile essentielle, privilégier une origine biologique en raison du risque de concentration des pesticides lors du processus de distillation.

L’essentiel

Lavande officinale

Tisane

→ Troubles du sommeil, troubles digestifs

1,5 g de fleurs (2 cuillères à café) par tasse d’infusion.

Huile essentielle

→ Coupures, brûlures, allergies… (application locale)

Adulte : 2 à 5 gouttes, pures ou diluées, 3 fois/jour.

Enfant (dès 4 mois) : à diluer dans une huile végétale, 3 fois/jour.

→ Troubles du sommeil

En diffusion atmosphérique.

→ Prévention des poux

Déposer 1 goutte d’huile essentielle sur les vêtements.

→ En shampooing antipoux

30 gouttes pour 200 mL de shampooing neutre ou spécialités commerciales.

Lavande aspic

Huile essentielle

→ Piqûres d’insecte

Dilution ½ dans une huile végétale. Appliquer localement 3 à 4 fois/jour.

→ Troubles ORL

En inhalation.

Lavandin

Huile essentielle

→ Contractures musculaires

Dilution à 10 % dans une huile végétale.

Appliquer en massage 3 à 4 fois/jour.

Jean-Baptiste Gallé est producteur de plantes médicinales, pharmacien, docteur en chimie des substances naturelles et formateur (voir actus).