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L’ongle incarné

Publié le 5 septembre 2020
Par Patricia Peron
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Pathologie fréquente, l’ongle incarné est responsable de douleurs et d’impotence fonctionnelle. Il peut se compliquer d’une infection et nécessite des soins précoces adaptés.

De quoi s’agit-il ?

L’ongle incarné touche préférentiellement les pieds et plutôt le gros orteil. La localisation distolatérale est la plus fréquente chez l’adolescent. Elle peut être due à une coupe trop courte : le sillon unguéal n’est plus maintenu en place par l’ongle. Lors de la pousse, l’ongle ne retrouve plus sa place originelle et entre en conflit avec le tissu péri-unguéal. Il se forme une hyperkératose douloureuse, puis une effraction du tissu péri-unguéal. L’incarnation antérieure est le plus souvent secondaire à l’avulsion totale de la tablette (d’origine traumatique ou chirurgicale). Lors de la marche, la tablette unguéale n’assure plus de contrepression sur le lit de l’ongle qui forme un bourrelet s’opposant à la progression de l’ongle. La forme aiguë évolue classiquement en 4 stades : douloureux, inflammatoire, de suppuration (abcès, écoulement purulent), puis hypertrophique, en l’absence de traitement, avec formation d’un botryomycome (tissu de granulation rouge en forme de framboise).

Quels sont les facteurs favorisants ?

L’ongle incarné résulte de facteurs pouvant s’aggraver mutuellement tels qu’une coupe inadaptée, l’oubli dans le sillon d’un fragment de l’ongle, un choc violent sur ce dernier, des chaussures trop étroites, une transpiration importante, des troubles de la statique de l’avant-pied, des anomalies de forme ou d’épaisseur de l’ongle.

Comment le traiter ?

Les stades douloureux et inflammatoires peuvent être pris en charge à l’officine en l’absence de terrain fragilisé (diabète, neuropathie périphérique, immunodépression, etc.). Il est conseillé de :

– faire des bains quotidiens à l’eau tiède, sécher soigneusement et appliquer un antiseptique ;

– interposer un morceau de pansement interface (non adhésif) entre la tablette et le sillon ;

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– utiliser un séparateur d’orteil si besoin ;

– laisser le pied à l’air libre le plus souvent possible ;

– porter des chaussures confortables et éviter les talons trop hauts.

Un traitement antibiotique peut être nécessaire en cas de surinfection. Un podologue peut intervenir à tous les stades : pose de mèche, coupe adaptée, application de nitrate d’argent sur un bourgeon, etc. Des soins chirurgicaux sont parfois requis, le plus souvent sous anesthésie locale.

Sources : « Ongle incarné », ameli.fr ; « Traitement de l’ongle incarné », La Revue du Praticien, vol. 60, mars 2010 ; « L’ongle incarné ou onychocryptose »,

La Presse médicale, tome 43, n° 11, novembre 2014.

COMMENT LE PRÉVENIR ?

La prévention passe par un lavage quotidien avec brossage. L’application de topique émollient ou kératolytique (à base d’urée à 10 % ou de vaseline salicylée à 5 %) peut faciliter l’élimination des débris kératosiques. La coupe des ongles est faite après la douche, la tablette étant ramollie. Elle ne doit pas être trop courte (à 2 ou 3 mm du bord libre de l’orteil) ni en demi-cercle, mais au carré pour éviter que la peau ne recouvre l’ongle. Les chaussures doivent être adaptées. En cas de port d’une compression veineuse, préférer les modèles à bouts ouverts. Le podologue peut corriger la courbure de l’ongle ou la statique du pied.