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“Je veux des pieds lisses, sans callosités !”

Publié le 24 septembre 2020
Par Nathalie Belin
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1 Je questionne

Préciser la demande

« Les callosités sont-elles importantes, très localisées, douloureuses ? », « La peau estelle fendillée ? » et « Pouvez-vous me montrer ? » estiment l’importance de l’hyperkératose et recherchent des zones dures localisées et/ou des fissures/crevasses.

Rechercher certains critères

« Utilisez-vous une crème pour hydrater vos pieds ? Une râpe ou un gommage… et si oui comment ? » pointe le bon usage. « Souffrez-vous de diabète ou d’artérite ? » oriente le cas échéant vers un pédicurepodologue. « Quel type de chaussures portez-vous ? Pointues, à talons, claquettes…? », « Faites-vous beaucoup de sport ? » évaluent les facteurs favorisants.

2 J’évalue

L’apparition de « corne » (voir Contexte) au niveau des pieds est courante. En complément d’une bonne hydratation cutanée, des produits de soin et/ou des ustensiles bien utilisés préviennent son apparition ou éliminent les zones rugueuses installées. L’intervention d’un pédicure-podologue est nécessaire en cas d’échec et/ou de récidives fréquentes de cors ou de durillons notamment. Un bilan podologique et des semelles orthopédiques peuvent aider à corriger les appuis. Chez un patient diabétique ou artéritique, une consultation podologique est dans tous les cas recommandée une fois par an en prévention. Elle est indispensable en cas de douleurs ou de callosités importantes et pour éliminer cors et durillons.

3 Je passe en revue

Ustensiles

• Râpe manuelle et pierre ponce. La râpe manuelle et son alternative naturelle, la pierre ponce, ont une surface rugueuse qui aide à éliminer les callosités. La râpe a l’avantage de se décliner en différentes matières avec plusieurs niveaux d’abrasivité : métal, cristaux de diamant de synthèse, céramique…Exemples de râpes : Scholl, Vitry, Akiléïne… La poncette de gommage Akiléïne en polyuréthane s’emploie comme une pierre ponce. En pratique : la pierre ponce est efficace humide et s’emploie sous un filet d’eau. Les râpes manuelles s’utilisent sur peau sèche mais ramollie, après la douche/le bain pour une meilleure efficacité. Précautions : les râpes en acier sont agressives et plus délicates à manipuler. La râpe est à éviter sur une peau fragile en cas de diabète, troubles circulatoires… et sur des zones lésées ou irritées.

• Râpe électrique. À piles ou rechargeable, parfois munie de deux vitesses, elle est très efficace et rapide. Elle s’arrête automatiquement en cas de trop forte pression. Les rouleaux exfoliants se remplacent. Exemples : Excilor, Scholl, Urgo… En pratique : sur pieds secs ou, pour certaines, pieds humides, voire sous la douche. Précautions : utilisée à l’excès, la râpe électrique peut accentuer le processus de kératinisation. Elle est contreindiquée en cas de diabète, troubles circulatoires et sur peau lésée.

• Coupe-cors. Muni d’une lame tranchante qui élimine les zones épaissies, il se manie avec précaution pour ne pas blesser la peau saine, ni enlever trop d’épaisseur de peau.

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Exfoliants

• Crèmes de gommage. Renfermant des agents exfoliants tels que grains de pierre ponce, coques de noix de coco, poudre de noyaux d’abricots… et/ou des kératoréducteurs, tels l’urée, les acides salicylique, lactique, de fruits…, elles contribuent à réduire les callosités et à éliminer les peaux mortes. Exemples : Akiléïne, Pédi Relax, Addax, Neutrogena… En pratique : sur peau légèrement humide une fois par jour en traitement d’attaque et une à deux fois par semaine en entretien, en insistant sur les zones rugueuses.

• Peeling pieds. Sous la forme de chaussettes, il renferme des actifs pour exfolier la peau avec acides de fruits, salicylique, lactique, urée… et l’hydrater avec glycérine, acides gras, acide hyaluronique… Exemples : Pedi-Peeling Mercurochrome, SVR Xérial Peel… En pratique : pose de 30 à 60 minutes, puis rincer. L’exfoliation débute après quatre à cinq jours et peut durer encore huit à dix jours. La peau pèle de façon importante, éviter juste avant le port de nu-pieds. Précautions : déconseillé sur une peau irritée, lésée, crevassée ou très fine, en cas de diabète et troubles circulatoires. Bien respecter le temps de pose. Éviter l’exposition au soleil ou les kératolytiques tant que la peau pèle.

Kératolytiques

À base d’urée ou d’acide salicylique, ils exercent une action kératolytique plus ou moins importante selon la concentration et comportent souvent des agents hydratants et nourrissants : glycérine, allantoïne, huiles végétales…

• Urée. → Entre 10 et 20 % : ses propriétés kératolytiques « douces » exfolient des callosités légères et/ou préviennent leur réapparition. Exemples : Akiléïne Baume kérato-lissant, Excilor Crème régénératrice, Scholl Crème anti-callosités, Neutrogena Crème pieds callosités… En pratique : en application quotidienne, diabète et troubles circulatoires compris.

→ De 30 à 50 % : l’action kératolytique plus importante aide à éliminer des zones d’hyperkératose rebelle, voire des durillons. Exemples : SVR Xérial 30 ou 50 avec acide salicylique, Avène Akérat 30 avec acide salicylique, Uriage Kératosane 30… En pratique : 1 à 2 applications par jour sur le pied pour l’urée à 30 % ou sur les zones d’hyperkératose pour l’urée à 50 % durant dix à quinze jours. Précautions : même très concentrée, l’urée ne « brûle » pas comme l’acide salicylique, mais induit picotements et irritations sur des zones lésées ou crevassées. Pas d’utilisation sur peaux fragiles (diabète, artérite) pour les crèmes avec acide salicylique.

• Acide salicylique.

→ À concentration < à 2 %, il est autorisé dans les cosmétiques et vise à éliminer les callosités légères, souvent associé à d’autres exfoliants : acides glycolique, lactique… Exemples : Mercurochrome Traitement anti-callosités, Addax Gel kératolytique…; en association à l’urée (voir ci-dessus). En pratique : en application quotidienne. Précautions : à éviter en cas de diabète, de troubles circulatoires et sur des zones irritées ou lésées.

→ De 40 à 50 %, sous la forme d’emplâtre, pansements, pommade, il élimine cors et durillons. Exemples : pansements coricides Scholl, Urgo, Feuille de saule Gilbert, pommade Cochon… En pratique : uniquement sur l’hyperkératose trois à huit jours. Précautions: corrosif à ces concentrations, l’acide salicylique peut brûler la peau saine. La protéger à l’aide de vaseline pour éviter tout débordement. Déconseillé en cas de diabète ou artérite.

• Acide trichloracétique. Kératolytique, il élimine cors et callosités. Exemple : Stylo Cors et callosités persistantes Urgo. Mêmes précautions que pour l’acide salicylique à forte concentration.

Protections

Des protections en silicone réutilisables ou des pansements hydrocolloïdes protègent les zones d’hyperkératose des frottements et réduisent la douleur. Les autres, en ramollissant la peau, stoppent l’hyperkératose et aident à éliminer la callosité. Exemples pour cors. Digitubes à découper, réutilisables : Protection Cors Urgo, Digitubes Cors Epitact… Pansement hydrocolloïde : Cors & OEils-de-perdrix Urgo, Pansements Cors Compeed… Des protecteurs simples avec une zone ajourée à positionner sur le cor sont disponibles : Podoprotection cors Akiléïne, Urgo Protecteurs cors, Feutres protecteurs cors Scholl… Exemples pour durillons. Protections en silicone réutilisables Durillons Epitact ; pansements hydrocolloïde Durillons Urgo, Compeed… En pratique : les protections en silicone se portent en journée. Les pansements hydrocolloïdes sont laissés jusqu’à ce qu’ils tombent d’eux-mêmes.

4 Je choisis

Selon l’importance des callosités

• Modérées : gommage ou râpe, voire peeling, et soin kératoréducteur en entretien.

• Importantes : râpe et/ou urée à 30-50 %.

• Localisées : protecteurs et/ou kératolytiques puissants (urée 50 %, acide salicylique 40 ou 50 % ou trichloracétique).

En fonction du patient

En cas de diabète ou de troubles vasculaires, pas de râpe électrique, ni de kératolytique corrosif. Privilégier l’urée et les protecteurs pour cors et durillons en attendant une consultation podologique.

5 J’explique

L’apparition de callosités est fréquente au niveau des points de pression ou de frottement dans les chaussures. La sécheresse cutanée est le premier facteur de risque à combattre. Ustensile, gommage ou soin kératolytique s’emploient en curatif ou préventif, selon l’importance des callosités. Ne pas trop exfolier, au risque de relancer la formation de corne !

6 Je conseille

Hydratation au quotidien

• Indispensable pour reconstituer le film hydrolipidique et aider la peau à mieux se défendre, hydrater est systématique après la râpe. Préférer des soins pour pieds secs ou très secs à un hydratant corporel, car plus nourrissants. Les soins à l’urée < 20 % nourrissent et préviennent les callosités.

• Chez les sportifs, une crème formant une pellicule protectrice, type Nok Antifrottements Akiléïne, prévient ampoules et callosités en tannant légèrement la peau.

• Si fissures ou crevasses, pas d’acide salicylique ni d’urée à 30 à 50 %, au risque d’irritations. Réparer d’abord la peau à l’aide de baumes nourrissants tels que Cicaléïne Fissures & crevasses, Uriage Bariéderm Onguent fissures crevasses… avant d’utiliser un kératolytique ou une râpe.

Râpe avec parcimonie

Râpe ou pierre ponce s’emploient au compte-gouttes, le risque étant de trop exfolier. La peau a tendance à se « cartonner ». Une fois par semaine en entretien, 1 à 2 minutes par pied pour la râpe manuelle et quelques secondes pour l’électrique.

Le contexte

Les callosités, ou « corne », sont des épaississements de la peau, ou hyperkératose, plus ou moins étendus, blanchâtres ou jaunâtres. Parmi elles, les cors et durillons sont des petites zones dures et épaisses, souvent localisées sous le devant des pieds pour les durillons, et au-dessus des orteils pour les cors. Les cors, plus petits, se développent dans les couches plus profondes de la peau, provoquant des douleurs parfois importantes.

→ Survenue. L’hyperkératose est un mécanisme de défense naturel de la peau, qui s’épaissit pour se protéger des agressions : frottements, chaussures étroites ou à talons ou sans maintien sur l’arrière, type tong ou claquettes, favorisant des chocs répétés au niveau des talons en marchant, ou marche les pieds nus.

→ Facteurs de risque : peaux sèches, fragilisées, déformations, mauvaise statique.

→ Complications. Non traitées, les zones d’hyperkératose s’étendent et/ou s’aggravent, avec fissures et crevasses douloureuses. En cas de diabète ou d’artérite avec perte de sensibilité, il existe un risque de microtraumatisme grave.