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L’expérimentation obtient son feu vert

Publié le 27 octobre 2020
Par Anne-Gaëlle Harlaut
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L’usage médical du cannabis est autorisé. Certaines modalités de l’expérimentation de deux ans ont été précisées.(1 et 2) Dès mars 2021, des officines seront sollicitées pour délivrer les traitements.

Trois mille patients maximum seront inclus dans cette expérimentation, réfractaires aux autres thérapies accessibles, et dans des indications limitées(2) : douleurs neuropathiques, épilepsies pharmaco-résistantes, symptômes rebelles en oncologie, soins palliatifs, spasticités douloureuses de la sclérose en plaques ou autres atteintes du système nerveux central. La prescription initiale sera réservée à des médecins volontaires exerçant dans une structure spécialisée des situations cliniques réfractaires, tel un centre de la douleur. Le renouvellement sera, lui, ouvert à tout médecin formé.

Quels seront les médicaments ?

Les médicaments devront être conformes aux référentiels pharmaceutiques. Ce sont des produits contenant du THC* et du CBD** à différents ratios. Sont autorisées(2) une forme pour inhalation par vaporisation telle que des sommités fleuries ou des granulés, avec si possible le dispositif de vaporisation dédié, et une forme orale ou sublinguale à base d’extraits solubilisés dans une matrice huileuse. « Pour rappel, la voie fumée après combustion est totalement exclue pour le cannabis médical », stipule le texte.(2)

« Il s’agit de produits finis. Il n’y a pas de préparations magistrales prévues », précise le Pr Nicolas Authier, psychiatre, pharmacologue et président du Comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) sur le cannabis thérapeutique. La production de médicaments à base de cannabis médical n’étant pour l’heure pas autorisée en France, ils seront fabriqués à partir de cannabis cultivé à l’étranger et importés par des sociétés françaises en charge de la distribution. L’appel à candidatures est en cours à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

Comment ça va se passer à l’officine ?

Les primo-prescripteurs pourront passer par la pharmacie à usage intérieur (PUI) ou par l’officine du patient, qui, si elle est volontaire, devra suivre une formation « réalisée à distance, et qui donnera l’autorisation de dispenser et la procédure à suivre pour commander les produits », souligne le Pr Authier. Le pharmacien devra remettre au patient un document écrit avec les précautions d’usage et renseigner un registre national électronique de suivi, avec notamment la déclaration d’effets indésirables. L’approvisionnement et la dispensation suivent, eux, la réglementation des stupéfiants. Les patients, ou un proche, seront autorisés par dérogation à se procurer, détenir et transporter des médicaments à base de cannabis. « Les premières prescriptions pourraient avoir lieu en mars 2021 », espère le Pr Authier.

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(1) Journal officiel du 9 octobre 2020.

(2) Journal officiel du 18 octobre 2020.

(*) THC (delta-9-tétrahydrocannabinol): cannabinoïde à effets psychotropes recherchés en usage récréatif, analgésique, myorelaxant et anxiolytique.

(**) CBD (cannabidiol) : cannabinoïde aux effets similaires à ceux du THC, mais sans effets récréatifs.