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Du pilon au savon

Publié le 27 octobre 2020
Par Marianne Maugez
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Après trente ans en pharmacie et un métier qu’elle a adoré, Françoise a ouvert une savonnerie artisanale en Charente et retrouvé un bien-être dans cette nouvelle activité.

Dès son apprentissage, dans la région nantaise, Françoise Guibouin se passionne pour le travail à l’officine : « J’ai tout de suite adoré. L’écoute et le conseil aux patients sont des facettes du métier qui correspondaient parfaitement à mon caractère ». Avec une préférence pour les médecines naturelles : « Je voulais enchaîner avec une formation d’herboriste mais le diplôme n’existait plus ». Cela ne l’empêche pas de s’épanouir au sein des pharmacies où elle exerce. En 2013, alors que Françoise est en poste depuis sept ans, une nouvelle titulaire vient bouleverser sa carrière bien remplie : « Je savais que la profession avait changé mais là je n’étais plus en adéquation avec la politique de vente mise en place ». Après plusieurs mois difficiles, elle accepte une rupture conventionnelle, « un souvenir toujours douloureux ».

Pas d’impro en saponification

Cette expérience la laisse « en miettes ». Françoise ne souhaite pas retourner en officine. Après un bilan de compétences, elle entend parler du principe de la saponification à froid et de la fabrication de savons par une amie. « J’ai découvert un nouvel univers et ça a été le coup de foudre ». Le mélange de la préparation aux conseils personnalisés la séduit. Elle suit deux formations de deux jours à Paris et dans les Pyrénées, au cours desquelles elle se familiarise avec les techniques de base de fabrication : « Apprendre à calculer un indice de saponification ne s’improvise pas, et malgré mes études de préparatrice, je n’avais aucune notion pratique sur les différentes étapes du processus ».

S’ensuit une formation réglementaire sur les législations française et européenne des produits cosmétiques : « Il ne s’agit pas que de vendre des savons mais bien de les créer. Tout doit être fait pour garantir l’innocuité des produits. C’est normal mais très lourd d’un point de vue administratif ». Françoise finance ses formations, « sûre de son choix », considérant que « c’était un investissement sur l’avenir ». Pôle emploi prend en charge celle sur la création d’entreprise pour lui permettre de devenir son patron.

Concilia… bulles

Françoise et son mari décident ensuite de quitter la Vendée pour poursuivre l’aventure : « Nos enfants étaient grands et indépendants, nous souhaitions un nouveau départ ». Après une étude de marché, ils s’installent à Manot, une commune en Charente, et y ouvrent en 2016 Le Séchoir à bulles, une savonnerie artisanale. Françoise intègre une coopérative d’activités et d’emploi : « C’était rassurant de se sentir épaulée ». Puis elle se lance dans l’élaboration de ses recettes : « Mes études de préparatrice et mon expérience à l’officine m’ont aidée car je savais ce que je voulais pour mes clients et quelles plantes je désirais utiliser ». Lavandin, romarin, calendula, menthe poivrée, eucalyptus radié, elle travaille ses formules. Choix des matières premières bio, validation des projets par un toxicologue et un médecin, dépôts de dossiers pour l’accord préalable à la mise sur le marché auprès des agences de santé, Françoise obtient tous les sésames pour se lancer. Aujourd’hui, sa savonnerie se porte bien. Françoise ne compte pas ses heures entre la production – « j’entrepose mes savons cinq semaines avant de les vendre -, et la commercialisation dans sa boutique ou sur les marchés locaux, avec un coup de main de son mari. Bien dans sa bulle, elle ne regrette pas son ancienne vie : « J’aime mon statut d’artisan. Rien de ce que je fais n’est une contrainte ».

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www.lesechoirabulles.com

Françoise Guibouin

Âge : 53 ans.

Formation : BP de préparateur en pharmacie.

Lieu d’exercice : Manot (16).

Ce qui la motive : la création et la mise sur le marché de nouveaux cosmétiques, la satisfaction de sa clientèle.

Si vous étiez une titulaire ?

Je mettrais en valeur les produits naturels pour les conseils et serais à l’écoute de mon équipe pour travailler en harmonie.

Si vous étiez une cliente ?

Je souhaiterais être écoutée et conseillée avec bienveillance.

Si vous étiez un médicament ?

Sans effet indésirable et issu de la nature, il soulagerait les douleurs morales et physiques