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La marque tisse sa toile
Installé dans le bassin industriel de Saint-Etienne (Loire) depuis 1890, Gibaud, spécialiste de l’orthopédie et de la contention, a fait couler beaucoup d’encre le mois dernier, quand il est passé dans l’escarcelle du groupe Innothéra. Cette entreprise centenaire, exclusivement distribuée par des professionnels de santé, est toujours à la pointe de l’innovation.
Fabricant français de soins d’orthopédie, du pied (podologie) et des jambes (phlébologie), Gibaud qui vient tout juste de passer dans le giron du groupe Innothéra, fête ses 130 ans d’existence en 2020. La légende raconte que le Docteur Gibaud et Maurice Pichon, un tisseur de Saint-Etienne, auraient créé la première ceinture lombaire Gibaud lors d’une partie de pêche. « A l’époque, il s’agissait de bandes de flanelle, que les soldats s’enroulaient autour des reins pour soutenir leur dos et maintenir la chaleur corporelle », explique Anne-Sophie François, directrice marketing de Gibaud. Depuis, le concept de la ceinture « au chaud » a bien sûr évolué, mais le principe de soigner la douleur par le textile et la chaleur fait partie de l’ADN de la marque, désormais connue par un Français sur deux (Panel online Ipsos, réalisé auprès de 1 000 sondés, en décembre 2019). « Au fil des ans, Gibaud est devenue, pour le grand public, synonyme de chaleur apaisante, de protection du corps et de maintien de la mobilité. » Des valeurs qui ont, aussi, rapidement trouvé écho auprès des pharmaciens, distributeurs exclusifs au côté des orthopédistes. « Notre choix est de distribuer les produits Gibaud uniquement chez les professionnels de santé, garants de la bonne utilisation de nos soins et d’un réel accompagnement des patients », assure la directrice marketing. Avec ses deux ateliers à Saint-Etienne (Loire) et Trévoux (Ain), Gibaud revendique une production locale et s’inscrit dans la mouvance du “Made in France”.
Un outil de production 3D
A ce jour, une centaine de collaborateurs travaillent au sein du siège social et de l’usine historique à Saint-Etienne. « Nous y fabriquons toujours une partie de nos soins orthopédiques (plus de la moitié du C.A, Ndlr) pour la rhumatologie chronique (arthrose) et pour la traumatologie ponctuelle (entorse, fracture…) », poursuit Anne-Sophie François. La technique de production repose à la fois sur des coutières (fabrication à la main) pour maintenir un savoir-faire traditionnel et sur des outils industriels performants pour gagner en technicité. En 2016, Gibaud a investi 2,6 M € dans l’acquisition d’une chaîne automatisée de 16 machines à tricoter et dans une machine de soudure haute fréquence. « Grâce à cette nouvelle génération d’équipements, notre entreprise a développé une gamme d’orthèses souples en 3D (ceintures pour le dos, orthèses de main, genouillères, chevillères…), esthétiques et confortables, puisqu’elles suivent et s’adaptent au mouvement du patient. » Baptisés “Soin des articulations Gibaud 3D”, ces produits ont d’ailleurs été conçus en collaboration avec des pharmaciens et des consommateurs. Le site de Saint-Etienne accueille également l’activité “soin du pied” (chaussures, semelles…, ce qui représente 15 % du C.A total), lancée en pharmacie en 2015, et destinée aux personnes qui souffrent de diabète, d’hallux valgus ou d’autres pathologies ayant besoin de produits adaptés pour préserver leur mobilité.
Du textile de soin pour les jambes
De la production textile à la compression veineuse, il n’y a qu’un pas que Gibaud a franchi en 2003, en rachetant la société Tournier Bottu. « Aujourd’hui, le marché des jambes représente 1/3 de notre activité », assure Anne-Sophie François. 400 paires de compression médicale sont, ainsi, mises en boîte chaque jour dans l’usine de Trévoux, soit 1 million de paires/an. « Nous avons investi dans des technologies innovantes (machines BUSI), ce qui nous a permis de lancer la chaussette sans couture en pointe de pied, en septembre 2014. Une innovation sur le marché de la compression médicale qui allie confort et esthétique dans le but d’améliorer l’observance », précise notre interlocutrice. Un grand nombre de soins de phlébologie sont également à base de Tencel, une fibre éco-responsable qui offre des qualités respirantes (matières naturellement thermorégulatrices).
Une innovation collaborative
Tissés ou tricotés en 2D ou en 3D, les textiles de soin Gibaud sont conçus pour agir précisément sur le corps par une pression, un maintien et une température étudiés. « C’est un travail permanent entre la R&D et le marketing sur les matières, les couleurs, la souplesse… », explique la directrice marketing. Basé à Saint-Etienne, le service R&D compte une quinzaine de salariés. La marque y consacre chaque année 3 % de son C.A. L’innovation se veut aussi collaborative à travers l’implication de patients et de partenaires de santé (pharmaciens, orthopédistes) dans le processus de fabrication des soins. « Gibaud a pour ambition de devenir le leader du soin au quotidien des articulations/maux de dos, des jambes et du pied, avec des textiles de soin, qu’ils soient prescrits ou achetés en automédication », conclut Anne-Sophie François. Un objectif que la marque stéphanoise pourra réaliser en s’appuyant sur le savoir-faire d’Innothéra. Grâce à cette acquisition, le groupe renforce sa position sur le marché des dispositifs médicaux, sur trois aires thérapeutiques-clés, telles que la compression veineuse, l’orthopédie et la podologie. Son C.A global atteint 250 M € (estimation sur la base de l’année 2019).
50 M €
C’est le C.A de Gibaud, en 2019.
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