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Les pélargoniums

Publié le 1 décembre 2020
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Souvent appelés à tort géraniums, certains pélargoniums, cousins de ceux de nos balcons, sont dotés de propriétés médicinales intéressantes, notamment contre les troubles ORL, qui commencent à sévir avec l’automne.

Pélargonium ou géranium ?

La plupart des plantes appelées « géraniums » n’en sont pas au sens botanique du terme, mais sont des pélargoniums. Les deux genres, géranium et pélargonium, appartiennent à la famille des géraniacées. Lors de leur découverte, au XVIIe siècle, les botanistes ne différenciaient pas les géraniums européens des « géraniums » du Nouveau Monde. Même si la botanique les distingue désormais, le terme pélargonium, apparu en français en 1855, a du mal à s’imposer. D’ailleurs, la plupart des « géraniums » vendus par les fleuristes et les horticulteurs sont en réalité des pélargoniums !

Où les trouver ? Contrairement aux géraniums répartis dans les régions tempérées de l’hémisphère Nord, les pélargoniums le sont dans l’hémisphère Sud, principalement en Afrique du Sud. Leur nom provient du grec « pelargós », qui signifie cigogne, en raison de la forme allongée de son fruit évoquant le bec de l’échassier.

Pélargonium

Le pélargonium « pharmaceutique » correspond essentiellement au géranium du Cap, Pelargonium sidoides, une plante vivace couverte de feuilles duveteuses en forme de coeur et aux fines fleurs pourpre foncé. Cette plante est traditionnellement utilisée en Afrique du Sud pour soigner les affections digestives et respiratoires. Pour la pharmacopée européenne, une espèce proche, le pélargonium réniforme (Pelargonium reniforme), peut être employée indifféremment pour la fabrication des extraits de pélargonium.

Un peu d’histoire… L’usage du géranium du Cap a été rendu célèbre en Europe à la fin du XIXe siècle par l’Anglais Charles Henry Stevens, qui aurait guéri de la tuberculose grâce à un remède traditionnel à base de Pelargonium sidoides. Il a développé un remède à base d’Umckaloabo qui, selon lui, correspondrait au nom de la plante en zoulou, signifiant « toux sévère ». Des chercheurs soupçonnent Stevens d’avoir inventé ce nom afin de donner une connotation exotique à son remède ! Le terme Umckaloabo reste utilisé comme nom de marque d’un extrait de Pelargonium sidoides par l’entreprise suisse Schwabe Pharma. Le remède de Stevens a été plébiscité au début du XXe siècle, en l’absence d’antibiotiques, pour traiter la tuberculose.

Dans les années 1970, le pélargonium a été remis sur le devant de la scène pour traiter les bronchites et les refroidissements. Il n’a toutefois bénéficié d’une véritable autorisation de mise sur le marché en Allemagne et d’une inscription à la pharmacopée européenne qu’au cours des années 2000.

Où le trouver ? Le géranium du Cap pousse sur les sols pauvres des régions montagneuses d’Afrique du Sud. La demande accrue de la plante au niveau international a provoqué une surexploitation de la ressource sauvage, et sa mise en culture. Il est important de s’assurer que les spécialités conseillées sont bien issues de plantes cultivées et non de prélèvements sauvages qui pourraient menacer la ressource naturelle.

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Où est-il vendu ? Les racines de Pelargonium sidoides et Pelargonium reniforme, essentiellement commercialisées sous la forme d’extraits, sont inscrites à la liste A de la pharmacopée française depuis 2018 et font donc partie du monopole pharmaceutique. Elles sont toutefois autorisées dans les compléments alimentaires.

Quels sont ses usages ?

En phytothérapie

Utilisation : les extraits de Pelargonium sidoides ont montré des propriétés antibactériennes, antivirales et immunomodulatrices dans un certain nombre d’essais in vitro. Plusieurs essais cliniques témoignent d’une activité en cas de bronchite aiguë, de pharyngite, de sinusite et dans le traitement symptomatique du rhume. Néanmoins, compte tenu de faiblesses méthodologiques dans les études, et de conflits d’intérêts, l’Agence européenne du médicament a validé l’efficacité du pélargonium uniquement dans le traitement symptomatique du rhume, sur la base de son usage traditionnel.

Partie utilisée : racines.

Principes actifs : coumarines et tanins.

Posologie recommandée.

> Adultes : 1 comprimé (20 mg d’extrait sec) ou 1 gélule (400 mg de poudre) ou 30 gouttes de solution buvable (0,8 g/g d’extrait fluide) trois fois par jour.

> Enfants de 13 à 18 ans : 1 comprimé (20 mg d’extrait sec) trois fois par jour, 1 gélule (400 mg de poudre) deux fois par jour ou 30 gouttes de solution buvable (0,8 g/g d’extrait fluide) trois fois par jour.

> Enfants de 6 à 12 ans : 1 comprimé (20 mg d’extrait sec) deux fois par jour, 1 gélule (400 mg de poudre) par jour ou 20 gouttes de solution buvable (0,8 g/g d’extrait fluide) trois fois par jour.

Précautions d’emploi : si les symptômes s’aggravent ou persistent plus de sept jours, une consultation médicale est nécessaire. L’usage est déconseillé lors de la grossesse, de l’allaitement et chez l’enfant de moins de 6 ans car la sécurité des produits à base de pélargonium n’a pas été établie. De très rares cas d’hépatotoxicité ont été rapportés.

Où l’acheter ? Plusieurs spécialités à base de plantes, non listées, contiennent des extraits de racine de Pelargonium sidoides : Belivair rhume pélargonium, Kaloba, Pélargonium Cooper, Activox rhume pélargonium. Des compléments alimentaires, tel Arkogélules pélargonium, sont distribués hors pharmacie.

Géranium rosat

Le géranium rosat, ou géranium Bourbon (Pelargonium x asperum ou Pelargonium graveolens), est principalement utilisé en parfumerie pour son odeur proche de celle de la rose, mais son huile essentielle présente des vertus médicinales intéressantes, notamment au niveau cutané. Le géranium rosat a un port buissonnant, des feuilles très duveteuses, découpées et dentelées, et ses fleurs vont du rouge au blanc. C’est un hybride issu du croisement de deux espèces botaniques poussant en Afrique du Sud et dont il existe de nombreux cultivars, c’est-à-dire des variétés obtenues artificiellement pour être cultivées. Celles-ci développent diverses fragrances selon la composition de leurs huiles essentielles (HE) : notes d’eucalyptus, d’agrumes, de pin, de menthe… La composition de l’huile est aussi fortement déterminée par le biotope dans lequel la plante pousse, donnant lieu à des chémotypes différents. L’huile essentielle est ainsi classée en trois types principaux.

> Le type chinois, cultivé en Chine, riche en citronellol : plutôt à éviter, sauf comme répulsif contre les moustiques.

> Le type africain (cv – pour cultivar -), surtout cultivé en Égypte et au Maroc, a des propriétés cosmétiques intéressantes.

> Le type Bourbon (cv Bourbon), cultivé à La Réunion et Madagascar, polyvalent, est le plus employé en aromathérapie.

Partie utilisée : feuilles.

Principes actifs : alcools monoterpéniques, esters, sesquiterpènes…

Indications cutanées surtout : l’HE a des propriétés anti-inflammatoires, antiseptiques, hémostatiques, antimycosiques et cicatrisantes pour soulager les irritations et les lésions des peaux sèches ou grasses.

Posologie : appliquer diluée à 5% dans une huile végétale (calophyllum, amande douce…), trois fois par jour dès 3 ans.

Précautions d’emploi : l’huile essentielle de géranium rosat est contre-indiquée les trois premiers mois de la grossesse, même en externe, et en cas d’allergie à l’un des composants (citronellol, géraniol, linalol).

L’essentiel Pélargonium

Les racines – Pelargonium sidoides et/ou Pelargonium reniforme – sont utilisées :

> dans le traitement symptomatique du rhume.

Adultes : 1 comprimé (20 mg d’extrait sec) ou 1 gélule (400 mg de poudre) ou 30 gouttes de solution buvable (0,8 g/g d’extrait fluide) trois fois par jour.

Enfants de 13 à 18 ans : 1 comprimé (20 mg d’extrait sec) trois fois par jour, 1 gélule (400 mg de poudre) deux fois par jour ou 30 gouttes de solution buvable (0,8 g/g d’extrait fluide) trois fois par jour.

Enfants de 6 à 12 ans : 1 comprimé (20 mg d’extrait sec) deux fois par jour, 1 gélule (400 mg de poudre) par jour ou 20 gouttes de solution buvable (0,8 g/g d’extrait fluide) trois fois par jour.

Géranium rosat

L’huile essentielle de géranium rosat (Pelargonium x asperum = Pelargonium graveolens) est employée :

> pour soulager les peaux irritées et lésées en raison de ses propriétés anti-inflammatoires, antiseptiques, hémostatiques, antimycosiques et cicatrisantes.

Dès 3 ans : dilution à 5% dans une huile végétale. Appliquer trois fois par jour.