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© vaccin, Covid-19, Comirnaty, Moderna, Pfizer, BioNTech, HAS - Pixabay
Vaccins antiCovid-19 : Moderna bientôt livré, Comirnaty bousculé
Pour faire face à la pénurie du vaccin antiCovid Comirnaty (Pfizer/BioNTech) annoncée, alors que la campagne vaccinale s’installe seulement en France, plusieurs options sont proposées.
Première solution envisagée : l’augmentation du délai entre les doses. Les Anglais avaient déjà décidé d’allonger le délai entre les 2 doses du vaccin Comirnaty à 3 mois, quand le laboratoire préconise 21 jours. Pour l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), cette deuxième dose pourra être injectée jusqu’à 42 jours après la première dose, « en certaines circonstances (besoin logistique, pénurie) », précise l’autorité dans son avis du 7 janvier. Elle se base sur les données de l’étude clinique menée par les fabricants qui a comparé l’efficacité du vaccin dans une fenêtre d’administration pour la deuxième dose de 19 à 42 jours. Dix jours (temps nécessaire pour la réponse immunitaire) après la 1re dose et avant la 2e, l’efficacité vaccinale est de 86,7 %, et sur la période s’étendant de 14 jours après la 1re dose à avant la 2e, l’efficacité vaccinale monte à 92,3 %. Toutefois, pas question de supprimer la deuxième dose : « il est montré que l’injection de la 1re dose n’induit qu’une faible réponse en anticorps neutralisants et que les titres augmentent de façon importante avec la 2e dose (effet rappel), pour atteindre des taux plus de 15 fois supérieurs à ceux atteints 21 jours après la 1re dose. Ces données montrent l’intérêt de l’administration d’une seconde dose pour installer une mémoire immunitaire », explique l’ANSM.
Pas de gaspillage
L’Agence européenne du médicament (EMA) se montre elle aussi économe. Dans un communiqué du 8 janvier, elle recommande de considérer chaque flacon du vaccin Comirnaty comme refermant 6 doses, et non plus 5. « Après dilution, il est possible d’obtenir six doses à partir d’un flacon si vous utilisez des seringues et/ou des aiguilles à faible volume (inférieure ou égale à 35 microlitres) pour toutes les doses », conseille l’EMA aux soignants. Une dose complète de vaccin correspond à 0,3 ml.
La Commission européenne a par ailleurs commandé 300 millions de doses (donc potentiellement 360 millions) supplémentaires, dont 75 millions livrées au deuxième trimestre, portant au total à 600 millions de doses de vaccin Comirnaty en Europe. 15 % des doses sont destinés à la France.
Arrivée du vaccin Moderna dès le 11 janvier
Après validation par les autorités européennes l’avant-veille, la Haute Autorité de santé (HAS) a donné ce 8 janvier un avis favorable à un second vaccin contre le Covid, celui du laboratoire Moderna (lire sa présentation ici), qui s’intègre ainsi à la stratégie de priorisation mise en place. Comme Comirnaty, le vaccin Moderna Covid-19 mRNA montre « un profil d’efficacité excellent et un profil de tolérance satisfaisant », pour le Pr Elisabeth Bouvet, présidente de la Commission technique des vaccinations de la HAS, y compris chez les plus âgés. Son efficacité est ainsi estimée à 94 % après 2 injections espacées de 28 jours, 86 % chez les plus de 65 ans. Les études montrent également une efficacité comparable dans des sous-groupes particuliers, notamment chez les patients obèses. Avantages du vaccin Moderna : ses conditions de conservation et d’utilisation (Moderna est prêt à l’emploi) sont moins contraignantes que celles du vaccin de Pfizer/BioNTech. S’ils reposent sur la même technologie à ARN, il n’est cependant pas recommandé, faute de données, d’interchanger les vaccins Moderna et Pfizer/BioNTech. « On fait les deux doses avec le même vaccin », insiste le Pr Bouvet.
50 000 premières doses du vaccin Moderna devraient être livrées à la France dès le 11 janvier, selon les annonces d’Olivier Véran lors de la conférence de presse du 7 janvier. Quant à espacer les doses du vaccin de Moderna, il n’y a pas, à ce jour, de recommandations, les autorités s’en tenant aux 28 jours de l’AMM.
Le spectre des variants anglais et sud-africain
Quid de l’efficacité des vaccins sur la transmission du Sars-CoV-2 ? A ce stade, les données actuelles sur les vaccins de Moderna et de Pfizer/BioNTech ne permettent pas encore de trancher. « Nous avons des embryons de réponses mais pas suffisamment pour avoir un jugement, révèle avec prudence le Pr Dominique Le Guludec, présidente de la HAS. Quelques études commencent à sortir pour comparer le nombre de formes asymptomatiques dans les groupes vaccinés et non vaccinés. Tant que ce n’est pas significatif, il est difficile de s’avancer, mais il y a un espoir qu’il y ait une diminution sans disparition de la transmission du virus ». De bon augure, alors que les variants anglais et sud-africain, apparemment plus contagieux, circulent en France. « Au 6 janvier 2021, 19 cas d’infections au variant VOC 202012/01 (identifié au Royaume-Uni) et trois cas d’infections au variant 501.V2 (identifié en Afrique du Sud) ont été confirmés en France métropolitaine », alerte Santé publique France dans son point épidémiologique du 8 janvier, qui considère ces chiffres probablement sous-estimés. De leur côté, les fabricants Pfizer et BioNTech confirment dans un communiqué du 8 janvier que leur vaccin Comirnaty neutralise ces deux variants. Les données sont cependant basées sur du sang prélevé chez les personnes ayant déjà reçu une dose vaccinale.
Un espoir : la technologie de Pfizer/BioNTech et Moderna permet d’adapter rapidement les vaccins aux variants résistants. « C’est théoriquement l’un des intérêts des vaccins à ARN, explique le Pr Bouvet. Comme on les fabrique à façon, à partir du moment où on a séquencé l’antigène, on peut séquencer l’ARN. » Il faut compter sur « la durée qu’il faut pour produire un ARN adapté au nouvel antigène ».
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