Maladie de Parkinson : aux pharmaciens de promouvoir le mouvement

© Getty Images

Maladie de Parkinson : aux pharmaciens de promouvoir le mouvement

Publié le 15 avril 2024
Par Alexandra Blanc
Mettre en favori

Comme chaque année, la Journée mondiale de la maladie de la maladie de Parkinson a eu lieu le 11 avril, avec pour thème cette année la promotion du mouvement. A cette occasion, l’association France Parkinson a dévoilé les résultats d’une étude montrant le rôle déterminant que jouerait une activité physique régulière et intense dans l’évolution de la maladie.

Deuxième cause de handicap moteur après les accidents vasculaires cérébraux, la maladie de Parkinson pourrait toucher d’ici 2030, 30 % de la population mondiale. En France, 1 personne sur 50 sera directement touchée au cours de sa vie.

Si elle apparaît surtout comme une maladie des personnes vieillissantes, 20 % d’entre elles ont pourtant moins de 65 ans. Elle est associée à plus de 60 symptômes moteurs et non moteurs (fatigue, douleurs, troubles du sommeil, constipation, dépression et anxiété…). Grâce aux traitements, les parkinsoniens ont désormais la même espérance de vie que la population générale. « Les traitements actuels permettent une diminution de la gêne motrice au prix d’effets délétères parfois très significatifs et sans effet de ralentissement de la maladie », rappelle le Dr Teodor Danaila, neurologue au centre expert Parkinson de l’hôpital Pierre Wertheimer à Bron (Rhône) au cours d’une conférence qui a eu lieu au Park’cœur Village à Paris les 23 et 24 mars dernier. « Les pistes de recherche s’orientent vers des solutions qui freineraient l’évolution de la maladie en plus de prendre en charge les symptômes. A l’horizon de 5 ans, il sera possible de voir les premiers résultats de vaccins et d’anticorps en cours de développement ».

Le sport comme traitement à part entière de la maladie de Parkinson

Parallèlement aux innovations attendues dans la production de nouveaux médicaments, les bénéfices d’une activité physique précoce et tout au long de l’évolution de la maladie sont une réalité démontrée. « Les personnes sportives sont moins touchées par la maladie et, chez ces personnes, l’évolution est plus lente. L’Organisation mondiale de la santé conseille une pratique hebdomadaire d’une durée de 75 minutes d’activité intense ou de 150 minutes d’activité modérée […]. Des bénéfices supplémentaires sont attendus chez les malades pour une pratique hebdomadaire supérieure ou égale à 150 minutes d’activité physique intense ou 300 minutes d’activité modérée », indique le Dr Danaila qui a mis en place un programme de prise en charge multidisciplinaire intégrant l’activité physique intitulé SIROCCO. Ce programme a fait l’objet d’études dont les résultats viennent d’être dévoilés. « Une première étude pilote menée sur 38 personnes pendant 12 mois a permis de confirmer une amélioration de la mobilité grâce à une pratique sportive intensive. Une deuxième étude utilisant l’imagerie cérébrale, menée sur 14 personnes, a permis d’observer une réorganisation importante des circuits neuronaux dans le lobe frontal, à l’inverse de ce qui est décrit dans le vieillissement physiologique qui témoigne d’une neuroplasticité qui peut être mobilisée dans la maladie de Parkinson. On perçoit de l’activité physique aurait un effet neuroprotecteur à long terme. Des études supplémentaires sont en cours pour vérifier ces hypothèses », explique le spécialiste. L’étude SIROCCO montre des bénéfices aussi bien chez les nouveaux malades que les malades de long terme et quel que soit leur âge.

Les recommandations pour une pratique sportive relayées par France Parkinson

« Le dogme maintenu pendant des années disant que les malades ne doivent pas être trop mobilisés physiquement, tombe désormais », affirme le Dr Danaila. Ainsi, l’association de patients France Parkinson s’appuie sur les résultats du programme SIROCCO pour relayer auprès des malades et de leurs proches des messages clés. Il donc peut être conseillé dès le début de la maladie, la pratique d’une activité physique intensive et régulière à raison de 3 à 4 séances par semaine, d’une durée de 30 à 45 minutes chacune, en augmentant l’intensité de l’effort au fur et à mesure. Aucune activité est à privilégier mais celles qui mobilisent un maximum de groupes musculaires sont notamment la natation, le rameur, le vélo elliptique, la marche nordique rapide. « Les patients peuvent faire cette activité en toute autonomie, sans l’aide nécessaire de professionnel. Chez les malades débutant, un avis d’un kinésithérapeute et l’accompagnement par un coach peut éventuellement être utile. L’effet de groupe est important en raison de l’apathie liée à la maladie et on voit nettement l’intérêt d’une pratique collective », précise le neurologue. L’association milite également pour la prise en charge d’un entretien de prévention postdiagnostic par un kinésithérapeute permettant une mise en place précoce d’une activité physique adaptée ainsi que l’accès en ville à des séances collectives de kinésithérapie pour une pratique sportive.

Publicité

L’activité sportive sur prescription

Pour le Dr Danaila, l’activité physique chez les personnes atteintes de la maladie de parkinson, comme chez pour la plupart des malades chroniques, ne doit pas être une simple recommandation mais se prescrit au même titre que les autres traitements : « Il faut donner les doses et la quantité d’activité physique à réaliser sinon elle n’est pas suivie, ni efficace. Ces éléments quantitatifs sont nécessaires et doivent être étayés par les professionnels de santé. Les malades ont besoin d’être guidés ». Parmi les freins à la pratique de l’activité physique chez les personnes malades, le spécialiste cite notamment une méconnaissance des recommandations en la matière et un manque d’accompagnement. « On doit également militer pour une égalité de soins entre hommes et femmes. Celles-ci, même malades, sont plus mobilisées sur les tâches domestiques et familiales et sont moins disponibles pour faire du sport. Une évolution sociétale est nécessaire », pointe également le Dr Danaila.