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Covid-19 : le long, le rude et le déconcertant
La Haute Autorité de santé a publié une première série de réponses rapides sur le diagnostic et le traitement des symptômes de « Covid long ». De nombreuses questions restent en suspens, mais certains troubles peuvent tout de même bénéficier d’une prise en charge.
Très vite après la fin de la première vague épidémique, de nombreux patients se sont plaints de symptômes persistant plusieurs semaines ou plusieurs mois après le début de l’infection. Plus de 20 % en souffraient encore après cinq semaines, et plus de 10 % après trois mois. « Les symptômes sont très déconcertants car ils ne sont pas habituels et on ne sait pas à quoi ils sont dus, explique Dominique Salmon-Ceron, professeure de maladies infectieuses et tropicales à l’Hôtel-Dieu (Paris), lors d’un webinaire organisé le 10 mars par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Le “Covid long” touche souvent des femmes et des jeunes et assez souvent des personnes allergiques. Mais tout cela reste encore mystérieux. » Les symptômes prolongés les plus fréquemment rapportés sont multiples : fatigue majeure, troubles cardiothoraciques (douleurs et oppressions thoraciques, tachycardie, dyspnée, toux), neurologiques (céphalées, paresthésies, vertiges, problèmes de concentration ou de mémoire), de l’odorat ou du goût. Mais aussi douleurs musculo-articulaires, irritabilité, anxiété, troubles du sommeil, digestifs (douleurs abdominales, nausées, diarrhées, perte d’appétit) et cutanés (pseudo-engelures, prurit, urticaire) ou encore fièvre. La liste est longue pour des manifestations polymorphes générant un grand nombre d’interrogations et d’inquiétudes, tant chez les patients que chez les médecins. Plusieurs symptômes sont souvent associés et leur évolution dans le temps est fluctuante. « Tout se rapporte maintenant au Covid, mais il faut rester prudent et être très attentif au diagnostic différentiel, estime Serge Gilberg, vice-président du Collège de la médecine générale. Un essoufflement peut traduire un asthme, une insuffisance cardiaque ou une embolie pulmonaire. Accompagné d’une asthénie qui dure depuis plusieurs mois, c’est peut-être un problème hématologique. » La Haute Autorité de santé (HAS) préconise une écoute empathique et une approche globale du patient. Si elle place le médecin traitant au centre du dispositif, le pharmacien peut s’impliquer puisque, pour Serge Gilberg, « la pharmacie est un lieu où les patients viennent parler. Le pharmacien ne doit pas hésiter à les diriger vers leur médecin ».
Aucune prise en charge thérapeutique n’est à ce jour validée, en dehors des traitements symptomatiques non spécifiques des conséquences du Covid-19. La fatigue, symptôme le plus fréquent, peut être à l’origine d’une réduction non négligeable des activités professionnelles, sociales et personnelles. « Et si l’on parlait plutôt de syndrome de fatigue chronique (SFC) ? », s’interroge Manuel Gea, directeur général de Bio-Modeling Systems, une société qui utilise des approches de modélisation pour développer de nouveaux traitements. « On sait que les virus à ARN comme le Sars-CoV-1 et le Mers-CoV peuvent provoquer ce syndrome, au titre de l’infection aiguë qui survient sur fond inflammatoire chronique. Le système immunitaire identifie l’activité physique comme une attaque et détruit les muscles. Les patients doivent donc se reposer et ne pas faire d’effort. » « L’amélioration de la fatigue sera progressive avec des fluctuations qui s’amenuisent dans le temps », prévient la HAS, qui prône une réadaptation douce à l’effort apprenant au patient à ajuster ses activités, et éventuellement un soutien psychologique.
On respire !
La rééducation occupe une place centrale dans la prise en charge du « Covid long ». Si le patient reste symptomatique après une évaluation respiratoire spécialisée, une réhabilitation chez un kinésithérapeute formé est recommandée en cas de syndrome d’hyperventilation avec dyspnée, toux, inspirations trop profondes… La HAS encourage également la pratique individuelle d’exercices respiratoires à domicile environ 15 minutes par jour associés, « pourquoi pas », à des techniques de relaxation. Les troubles du goût et de l’odorat constituent une plainte courante avec hyposmie, troubles de l’identification des odeurs, odeurs fantômes, fluctuations de l’odorat, sensation d’obstruction nasale ou encore distorsion de la perception des saveurs. Outre des lavages de nez au sérum physiologique (60 ml matin et soir dans chaque narine), la HAS recommande la mise en route précoce d’une rééducation olfactive.
Le principe en est simple. Il s’agit, matin et soir, de sentir pendant 15 secondes chacun des produits suivants : vanille en gousse ou en poudre, café, clou de girofle, huile essentielle de citron, vinaigre de vin, huile essentielle de lavande, curry, huile essentielle de rose et cannelle. L’entraînement, pour être efficace, doit s’effectuer à distance des repas, au calme, en lisant au préalable le nom du produit à sentir et en espaçant de 15 secondes chaque reconnaissance olfactive. « De nombreuses questions scientifiques persistent concernant les aspects épidémiologiques, de physiopathologie et thérapeutiques, estime la HAS. Elles doivent faire l’objet de travaux de recherche financés. » Avis partagé par les députés qui invitent le gouvernement à « renforcer la recherche et la connaissance des différents types de complications au long cours de l’infection au Sars-CoV-2, notamment en évaluant des cohortes constituées à la fois en milieu hospitalier et en ambulatoire ». Des revendications qui sont également portées par l’association #ApresJ20 Covid long France. Celle-ci demande notamment la création de centres pluridisciplinaires sur tout le territoire, une meilleure communication auprès des médecins et des employeurs et un recensement des patients atteints de « Covid long ».
DÉFINITION D’UN COVID PROLONGÉ
Les personnes définies comme présentant des symptômes prolongés après un épisode de Covid-19 (documenté cliniquement ou biologiquement) répondent aux trois critères suivants :
Un épisode initial symptomatique de Covid-19 :
– soit confirmé par au moins un critère parmi : test par polymerase chain reaction (PCR) Sars-CoV-2 positif, test antigénique Sars-CoV-2 positif, sérologie Sars-CoV-2 positive, anosmie ou agueusie prolongée de survenue brutale, scanner thoracique typique (pneumonie bilatérale en verre dépoli, etc.) ;
– soit probable par l’association d’au moins trois des critères suivants, de survenue brutale, dans un contexte épidémique : fièvre, céphalée, fatigue, myalgie, dyspnée, toux, douleurs thoraciques, diarrhée, douleur à la déglutition. Une sérologie Sars-CoV-2 positive peut aider à ce diagnostic.
La présence d’au moins un des symptômes initiaux, plus de quatre semaines après le début de la phase aiguë de la maladie.
Des symptômes initiaux et prolongés non expliqués par un autre diagnostic, sans lien connu avec le Covid-19.
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