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La reine-des-prés
À la fin du mois de mai, la reine-des-prés commence à arborer ses plumeaux de délicates fleurs blanc crème au parfum subtil. L’occasion de revenir sur les principales indications de cette plante à dérivés salicylés.
Quelle est cette plante ?
Parfois appelée aussi spirée ulmaire, de son nom scientifique actuel Filipendula ulmaria (autrefois Spirea ulmaria, voir plus loin), la reine-des-prés appartient à la grande famille botanique des Rosacées, au même titre que le pommier ou le framboisier.
• C’est une vivace, c’est-à-dire que la plante vit plusieurs années. Elle peut atteindre de 1,20 à 1,50 m de haut et comporte à sa base de grandes feuilles vertes découpées et des tiges généralement rougeâtres. C’est lorsqu’elle fleurit qu’elle est la plus facile à reconnaître en raison de ses panaches de toutes petites fleurs blanc crème parfumées, qui laissent place à un fruit enroulé en spirale très original.
• Où la trouver ? La reine-des-prés est une plante héliophile, c’est-à-dire qu’elle apprécie une exposition ensoleillée même si, dans certains cas, elle peut se contenter du soleil du matin. Elle pousse principalement dans des milieux humides, comme certaines prairies, les bords de fossés ou de ruisseaux. Si elle est présente sur l’ensemble du territoire métropolitain, elle se fait plus rare en région méditerranéenne.
• Quelle précaution pour la récolter ? En cas de récolte de sommités fleuries de reine-des-prés, il faut prendre bien soin de pincer la tige avec les ongles et de ne pas utiliser d’objet coupant de type couteau, faucille… En effet, comme la tige est creuse, en cas de coupure nette, l’eau de pluie peut y pénétrer et faire pourrir la plante, au risque de la voir disparaître.
• Où est-elle vendue ? La fleur et la sommité fleurie de reine-des-prés sont libérées du monopole pharmaceutique, et donc en vente libre.
Quels sont ses usages ?
En phytothérapie
• Utilisation : les fleurs et sommités fleuries de reine-des-prés présentent des propriétés anti-inflammatoires, en raison de la présence de dérivés salicylés. L’Agence européenne du médicament (EMA) retient à ce titre l’utilisation traditionnelle de la reine-des-prés comme traitement d’appoint du rhume et en cas de douleurs articulaires mineures. En France, toujours sur la base d’un usage traditionnel, elle est en outre préconisée pour favoriser l’élimination urinaire – d’où sa présence courante dans les formules drainantes – et comme antalgique, essentiellement en cas de céphalées et de douleurs dentaires.
C’est une plante intéressante pour la prise en charge des douleurs articulaires car elle combine des propriétés antiinflammatoires et une action drainante.
• Partie utilisée : fleurs ou sommités fleuries.
• Principes actifs : dérivés salicylés (dérivés du salicylate de méthyle et de l’aldéhyde salicylique notamment), flavonoïdes et tanins.
• Posologie recommandée.
→ Adultes
Tisane : réaliser une infusion pendant 10 minutes de 3 à 6 g de sommités fleuries (2 à 4 cuillères à café) pour une tasse de 150 mL, à prendre plusieurs fois par jour. Parce que les dérivés salicylés sont volatils, il est conseillé d’utiliser une eau moins chaude (60 °C) que pour une infusion classique afin de mieux en préserver les constituants.
Poudre : 250 à 500 mg par prise, jusqu’à trois fois par jour. Spécialité : Arkogélules reine-des-prés 300 mg est indiquée contre les douleurs articulaires et pour favoriser l’élimination urinaire.
Médicaments à base de plantes : on retrouve la reine-des-prés sous la forme d’un extrait sec aqueux dosé à 200 mg dans les gélules Elusanes reine-des-prés indiquées contre les douleurs dentaires et articulaires, ainsi que dans les céphalées. Elle figure aussi dans le mélange de tisane Santane 01 pour favoriser l’élimination urinaire et digestive.
Compléments alimentaires : les sommités fleuries et fleurs de reine-després sont autorisées dans les compléments alimentaires, dont il existe toute une variété sur le marché.
Posologies : se conformer aux recommandations des fabricants.
→ Enfants.
L’utilisation de la reine-des-prés chez l’enfant n’est pas recommandée, mais il s’agit essentiellement de précautions de principe par manque de données cliniques.
• Contre-indications et précautions d’emploi : la reine-des-prés est contre-indiquée en cas d’allergies aux dérivés salicylés, et en cas de grossesse et d’allaitement, essentiellement par manque de données cliniques. La présence de dérivés salicylés, même en faible quantité, incite à la prudence chez la femme enceinte, en particulier au troisième trimestre, comme dans le cas de l’aspirine. On évitera de l’employer en cas de traitement par AINS (additivité d’effets) et on appliquera une certaine prudence en cas de troubles de la coagulation en raison de la faible activité anti-agrégante plaquettaire des dérivés salicylés présents.
La reine-des-prés, le saule et l’aspirine
Le saule et la reine-des-prés, des plantes qui contiennent des dérivés salicylés, ont permis la découverte de l’acide acétylsalicylique, autrement dit l’aspirine. Ces deux termes conservent des traces de l’origine végétale de la molécule.
L’utilisation de l’écorce et des feuilles de saule pour soulager les douleurs et les fièvres remonte à l’Antiquité, mais ce n’est que dans les années 1820 qu’en est extrait l’acide salicylique. Cette molécule doit sa dénomination au nom de genre botanique des saules, le genre Salix. Dans la même décennie, l’acide spirique, dont il sera démontré plus tard qu’il s’agit en réalité de la même molécule que l’acide salicylique, est aussi extrait de la reine-des-prés. L’acide spirique doit, quant à lui, sa dénomination à l’ancien nom de genre de la reine des- prés, Spirea ulmaria, aujourd’hui devenue Filipendula ulmaria.
L’inconvénient principal de l’acide salicylique, malgré son intérêt majeur contre les douleurs et les inflammations, est de provoquer d’importantes brûlures d’estomac. C’est ce qui pousse, au milieu du XIXe siècle, le chimiste strasbourgeois Charles Gerhardt à synthétiser le fameux dérivé qu’on appellera par la suite l’acide acétylsalicylique, bien mieux toléré sur le plan digestif. Malgré le dépôt d’un brevet, la molécule tombe dans l’oubli jusqu’à ce qu’elle soit finalement développée plus de quarante ans plus tard par les laboratoires Bayer, qui la commercialisent sous le nom de marque « Aspirine ». Ce nom est constitué du préfixe « a- » pour acétyl, de « -spir- » pour acide spirique et du suffixe « -ine » couramment utilisé en chimie médicinale.
Si l’acide salicylique a initialement été isolé à partir de plantes, sa synthèse chimique date d’avant même sa mise sur le marché. Le saule et la reine-des-prés, bien qu’ayant servi à l’isoler contiennent respectivement en majorité de la salicine et du salicylate de méthyle. La présence de ces dérivés chez les végétaux permet une meilleure tolérance digestive, à l’image de la molécule synthétique bien connue qu’est l’acide acétylsalicylique.
Des questions ou des envies de sujets ? phyto@porphyre.fr
L’essentiel
Les fleurs et sommités fleuries de reine-des-prés sont utilisées en cas :
→ de rhume ;
→ de douleurs articulaires mineures ;
→ de céphalées et douleurs dentaires ;
→ de problème d’élimination urinaire.
Adultes
Tisane : infusion (10 minutes) de 3-6 g de sommités fleuries par tasse, à boire plusieurs fois par jour.
Poudre : 250 à 500 mg par prise, jusqu’à 3 fois par jour.
Médicaments et compléments alimentaires : se référer aux indications des fabricants.
Enfants
Utilisation non recommandée (manque de données cliniques).
Contre-indications et précautions d’emploi en cas :
→ d’allergie aux dérivés salicylés ;
→ de grossesse, en particulier au troisième trimestre, et d’allaitement, par manque de données cliniques ;
→ de traitement par AINS ;
→ de troubles de la coagulation.
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