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PORTAGE AU DOMICILE : DES CONFRÈRES LIVRENT LEURS CONSEILS

Publié le 26 juin 2021
Par Matthieu Vandendriessche
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La commande à distance et la livraison au domicile ont connu une montée en charge dès les premiers jours du confinement au printemps 2020. Cette pratique nécessite de s’interroger sur son organisation, sa sécurité et sa rentabilité. Des confrères qui ont tracé leur voie donnent des réponses.

Quels produits livrer ?

Mission encadrée par le Code de la santé publique1, la dispensation au domicile ne doit porter que sur les produits dont la vente est réservée aux officines2 : médicaments, préparations magistrales, certaines plantes et huiles essentielles, dispositifs de diagnostic in vitro, etc. Dans le cas d’une livraison, il n’y a pas de liste limitative.

Qui livre ?

Si la dispensation au domicile ne peut être réalisée que par un pharmacien, un préparateur ou un étudiant, il est possible de confier la livraison à un prestataire. Le paquet est alors remis scellé et sans étape de stockage. Si besoin, l’officine doit être en capacité de délivrer des informations à distance3.

A qui livrer ?

Tout le monde peut demander une livraison. « Cela ne devrait pas être possible pour des patients qui ne sont pas connus de l’officine », considère Alexis Sean, adjoint à la pharmacie de l’Avenue à Paris. Il en va de même pour les patients habituels qui reçoivent des médicaments pour la première fois ou s’il y a des doutes sur l’observance.

A quel moment ?

Dans l’officine où Thomas Petit est adjoint, à Migennes (Yonne), la dispensation au domicile se fait à l’heure du déjeuner, en tout début ou en fin de journée. « Nous demandons aux patients de regrouper leurs demandes et essayons de passer chez eux à certaines dates indiquées sur un calendrier », précise-t-il.

Faut-il toujours un conseil ?

« On peut délivrer sans livrer mais pas livrer sans délivrer. » Les pharmaciens n’envisagent pas de fournir des médicaments au domicile sans conseils pour en assurer le bon usage. Le Code de la santé publique le demande également. Ce dispositif peut être allégé de façon transitoire si le patient connaît bien son traitement et que les conditions ne se prêtent pas au contact, comme lors d’un épisode épidémique. Informer à distance reste possible.

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A quel tarif ?

Dans son cadre strict, la dispensation au domicile ne peut qu’être gratuite. Pour la livraison, Audrey Gautier applique un forfait de 0,95 € par kilomètre parcouru avec facturation de l’aller et du retour. Elle est effectuée pendant les heures d’ouverture, précise cette titulaire en Ille-et-Vilaine qui ne voulait plus voir ses préparatrices livrer sur le chemin de leur retour au domicile. Lorsqu’un prestataire intervient, le service est facturé au patient qui le sollicite. Il peut lui être offert si l’officine est à l’origine de la démarche.

Comment s’organiser ?

En premier lieu, faire le point sur les médicaments à renouveler lors d’un échange téléphonique, préconise Florence Deguine, installée à Chilly-Mazarin (Essonne). Il peut être nécessaire de se déplacer pour récupérer l’ordonnance si le patient n’arrive pas à déchiffrer la prescription ou n’a pas la possibilité de la transmettre via un smartphone. De leur côté, la plupart des prestataires effectuent un premier passage au domicile pour récupérer ordonnance et carte Vitale. Faute d’en disposer, la facturation s’effectue selon un mode dégradé et sans pouvoir renseigner le dossier pharmaceutique.

Que faire de plus ?

Tout traitement livré s’accompagne de la mise à disposition d’un plan de posologie. Se déplacer au domicile permet d’identifier de plus larges besoins. La livraison peut intégrer un service global facturé comprenant la préparation d’un pilulier. Thomas Petit aimerait davantage développer la dispensation au domicile en lui associant un entretien pharmaceutique ou un bilan partagé de médication (BPM). « En y consacrant une demi-journée, j’ai pu réaliser six entretiens au domicile », rapporte cet adjoint.

Source : Code de la santé publique.

1 Articles R. 5125-50 à 5125-52.

2 Article L. 4211-1.

3 Article R. 5125-48.

L’APPUI DE LA POSTE

Des groupements et enseignes de pharmacies mettent en place des partenariats pour la livraison au domicile au bénéfice de leurs adhérents. Ainsi, Aprium Pharmacie s’appuie, depuis début 2020, sur la logistique de Stuart (Groupe La Poste). D’abord essentiellement utilisé pour des ordonnances en urgence, le service intéresse de plus en plus les patients chroniques. Il est actuellement proposé par une centaine d’officines à l’enseigne. Il en coûte 4,90 € pour une livraison par le facteur et 8,90 € par un coursier. Le groupement Pharmabest a également La Poste pour partenaire depuis 2017. Constatant une implication inégale des centres postaux, il souhaite compléter son offre par un service de coursiers salariés de l’officine circulant sur un scooter électrique aux couleurs de l’enseigne.