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L’ortie

Publié le 25 août 2021
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Le souvenir cuisant de son premier contact avec l’ortie fait de cette plante une mal-aimée en général. Elle n’en demeure pas moins très intéressante, aussi bien sur le plan nutritionnel que médicinal.

Quelle est cette plante ?

• La grande ortie, encore appelée ortie dioïque (Urtica dioica), est en général aisément reconnue de tous, même les yeux fermés… Cette plante vivace qui peut atteindre jusqu’à 2 mètres de hauteur est caractérisée par sa tige carrée et ses feuilles découpées de larges dents triangulaires. L’ensemble des parties aériennes est recouvert de poils urticants qui sont de véritables seringues hypodermiques. Tubes creux et effilés, constitués d’une paroi de silice très cassante, ils se plantent dans la peau et se brisent au moindre effleurement. Ils injectent alors dans l’épiderme un redoutable cocktail à base d’histamine, d’acétylcholine, de sérotonine et d’acide formique, responsable des douleurs et des démangeaisons bien connues.

Il s’agit d’une plante, comme son nom l’indique, dioïque, du grec ancien di, « deux », et oïkos, « maison », ce qui signifie qu’il en existe à la fois des individus mâles et femelles.

• La pharmacopée française reconnaît également une autre espèce, l’ortie brûlante (Urtica urens), à qui elle prête des propriétés médicinales identiques. Cette dernière est plus petite, ses feuilles sont plus dentelées et davantage couvertes de poils urticants. À la différence de sa cousine, elle est monoïque, c’est-à-dire que les fleurs mâles et femelles sont portées par un même individu.

• Il existe d’autres espèces d’orties en France mais leur répartition est bien moins importante, certaines sont même protégées. On citera tout de même l’ortie à pilules (Urtica pilulifera), principalement présente dans le Sud-Est et en Corse. Son nom n’a rien à voir avec un quelconque usage galénique, c’est simplement la forme de ses fleurs femelles globuleuses hérissées de poils urticants qui rappelle celle des pilules.

• Où la trouver ? La grande ortie pousse sur tout le territoire métropolitain jusqu’à 2 400 mètres d’altitude. C’est une plante dite « rudérale » car elle se plaît particulièrement dans les lieux qui ne sont pas cultivés, comme les fossés, les friches et les décombres. Elle apprécie les sols frais et riches en azote.

• Où est-elle vendue ? L’ortie, qu’il s’agisse de la grande ortie ou de l’ortie brûlante, fournit deux drogues végétales : les parties aériennes qui sont libérées du monopole pharmaceutique, et donc en vente libre, et les parties souterraines qui, elles, appartiennent au monopole pharmaceutique.

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Quels sont ses usages en phytothérapie ?

Parties aériennes

• Utilisation : l’ortie, notamment en raison de sa richesse en minéraux, présente des propriétés diurétiques intéressantes pour favoriser l’élimination urinaire d’eau et en cas de troubles de la miction. Elle peut s’utiliser à ce titre en prévention des lithiases rénales et des lymphœdèmes. Elle affiche également des propriétés anti-inflammatoires qui, associées aux effets diurétiques, offrent un intérêt dans la prise en charge des douleurs articulaires.

En usage externe, les parties aériennes des orties sont employées contre l’alopécie et les états séborrhéiques, notamment du cuir chevelu.

L’ortie est très riche en nutriments, en particulier en calcium et en fer, ainsi qu’en vitamines C, A et E. Elle contient une quantité importante de protéines riches en acides aminés essentiels. C’est pour cette raison qu’elle peut également être conseillée en cas de faible anémie ou d’asthénie, plutôt sous la forme de poudre ou même en légume, préparée à la manière des épinards.

• Partie utilisée : parties aériennes.

• Principes actifs : minéraux jusqu’à 20 %, tels calcium, potassium, silicium (1-4 %), flavonoïdes et acides organiques.

• Posologie recommandée.

→ Adultes et enfants de plus de 12 ans.

Tisane : infusion de 10 minutes de 2 à 4 g de parties aériennes séchées par tasse, jusqu’à trois fois par jour.

• Médicaments à base de plantes : seules les gélules Elusanes ortie contenant 200 mg d’extrait sec de parties aériennes sont encore enregistrées sous le statut de médicament à base de plante dans le traitement symptomatique des manifestations articulaires douloureuses mineures. On retrouve sinon de nombreux produits contenant de l’ortie sous le statut de compléments alimentaires ou de cosmétiques.

• Contre-indications et précautions d’emploi : les parties aériennes de l’ortie sont déconseillées par l’Agence européenne du médicament (EMA) aux enfants de moins de 12 ans et aux femmes enceintes. Cette précaution est principalement liée à l’absence de données toxicologiques concernant ces populations particulièrement sensibles. L’usage de l’ortie ne présente pas de risque particulier en soi.

Parties souterraines contre les troubles de la prostate

• Utilisation : les parties souterraines de l’ortie, aussi bien de la grande ortie que de l’ortie brûlante, peuvent être utilisées pour soulager les troubles urinaires d’origine prostatique. Les racines contiennent des dérivés stéroïdiques dont la structure est proche de celle des hormones masculines. Ces molécules agiraient en inhibant la production de dihydrotestostérone impliquée dans l’hypertrophie bénigne de la prostate. Comme dans toute prise en charge de troubles prostatiques en phytothérapie, il est nécessaire avant toute chose d’écarter un cancer de la prostate par un diagnostic médical et un dosage des PSA (antigènes prostatiques spécifiques). Le soulagement du patient par un traitement symptomatique pourrait retarder une prise en charge médicale en cas de tumeur maligne. L’effet n’étant pas immédiat, l’amélioration des symptômes nécessite parfois plusieurs mois de traitement avant de survenir.

• Partie utilisée : parties souterraines que sont les racines et les rhizomes.

• Principes actifs : dérivés stéroïdiques.

• Posologie recommandée.

→ Adultes.

Décoction : 1 minute, suivie d’une infusion durant 10 minutes de 1,5 g de parties souterraines séchées par tasse, trois à quatre fois par jour.

• Contre-indications et précautions d’emploi : les parties souterraines d’ortie ne sont pas recommandées aux femmes enceintes et allaitantes et aux enfants de moins de 18 ans, qui ne sont de toute façon pas concernés par leur indication principale.

À noter, des troubles digestifs ou des allergies cutanées ont été observés dans de rares cas.

Des questions ou des envies de sujets ? phyto@porphyre.fr

L’essentiel

Les parties aériennes de l’ortie sont principalement utilisées en cas :

→ de troubles urinaires ;

→ de douleurs articulaires ;

→ d’asthénie ou d’anémie légère ;

→ de séborrhée du cuir chevelu et d’alopécie.

Adultes

Tisane : infusion (10 minutes) de 2 à 4 g de parties aériennes séchées par tasse, jusqu’à 3 fois par jour.

Contre-indications et précautions d’emploi : enfants de moins de 12 ans et femmes enceintes, par manque de données.

Les parties souterraines de l’ortie sont principalement utilisées en cas :

→ d’hypertrophie bénigne de la prostate.

Adultes

Décoction : 1 minute, suivie d’une infusion pendant 10 minutes de 1,5 g de parties souterraines séchées par tasse, 3 à 4 fois par jour.

Contre-indications et précautions d’emploi : écarter tout risque de cancer de la prostate par un diagnostic médical préalable au conseil de phytothérapie.

Contre-indiquées chez les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes.