« Ma thèse pose les fondations d’un nouveau modèle économique »

A travers sa thèse, Paul-Henry André a cherché à montrer que les indicateurs de gestion comptable utilisés pour décrire l’activité économique des officines ne sont plus pertinents au vu des modes de rémunération actuels. Alors que la transformation du métier privilégie un mode d’exercice plus centré sur l’activité d’un professionnel libéral de santé, alors que la crise sanitaire liée au Covid-19 a accéléré la fragilité des modèles purement commerciaux, son travail propose de nouveaux schémas d’analyse de l’activité et de la rentabilité des officines.

Pour lui, la rémunération du pharmacien dépend essentiellement de la valeur ajoutée provenant de l’ordonnance et de la capacité de l’officine à répondre prioritairement aux besoins des malades. Il bat en brèche les analyses selon lesquelles le salut ne peut venir que du développement de l’offre hors ordonnance. « Associer par exemple la valeur du chiffre d’affaires (CA) à la rentabilité est une corrélation fausse. Associer la baisse ou l’augmentation du CA au dynamisme du réseau, c’est-à-dire à une baisse ou à une hausse d’activité, est illusoire », explique-t-il.

Une analyse perfectible depuis la MDL

En perdant sa linéarité avec la mise en place de la marge dégressive lissée (MDL) en 1990, la marge a perdu son caractère commercial. Plus, en pourcentage du médicament, elle est faible, plus la marge en valeur à l’ordonnance est importante. C’est la raison pour laquelle Paul-Henry André ne parle que de valeur ajoutée associée à l’ordonnance, incite le pharmacien à connaître son panier moyen « ordonnance » et combat les concepts marchands qui établissent une concurrence dévastatrice au risque de pénaliser l’économie officinale.

S’il est communément admis que plus le CA est élevé, plus la rentabilité est élevée, Paul-Henry André ne trouve aucun élément économique pouvant entériner cette thèse, pas plus qu’il n’a relevé d’éléments démontrant les difficultés économiques des petites officines.

Au contraire, il prône l’utilisation d’indicateurs de gestion tels que le rapport vente ordonnance/vente hors ordonnance, le panier moyen ordonnance et la « valeur ajoutée patient ». Des indicateurs utilisés depuis 10 ans par la pharmacie Tolstoï à Villeurbanne (Rhône), sorte de laboratoire d’essai.

« Une pharmacie jugée moins performante d’après les indicateurs classiques a, en utilisant les autres, des performances élevés dans 70 % des cas, explique-t-il. A l’inverse, 88 % des pharmacies présentées comme les meilleurs élèves des études comptables actuelles ne se retrouvent pas dans le groupe des pharmacies performantes d’après les nouveaux indicateurs. »

Cet adjoint peaufine sa formation de terrain au sein d’une officine attachée aux valeurs qu’il défend. « Et je garde toujours à l’esprit l’impact des décisions prises sur le résultat économique de l’entreprise », conclut-il.

BIO Paul-Henry André

2013 Inscription en première année commune aux études de santé (Paces) à Saint-Etienne (Loire)

2020 Soutenance de thèse* à l’université Claude-Bernard Lyon I (Rhône)

Depuis 2020 Adjoint à la pharmacie du Quai à Tournon-sur-Rhône (Ardèche)

*« Analyse et enjeux de l’économie officinale étudiée à travers des indicateurs de gestion comptable innovants ».