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Tous pour un préparateur !

Publié le 27 octobre 2021
Par Christine Julien et Thierry Pennable
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Quels sont les contours du métier du préparateur officinal aujourd’hui ? Faut-il un préparateur de base et un autre plus spécialisé, une sorte de préparateur en pratique avancée pour accompagner le pharmacien dans ses nouvelles missions ? À l’heure du Deust, de la refonte du BP et d’une éventuelle licence, nous avons interrogé des acteurs du métier. Ils nous livrent leur vision.

Voilà quinze ans que la pharmacie réclame une refonte de la formation des préparateurs. Qu’elle a besoin d’une montée en compétences de ses collaborateurs afin de répondre aux exigences et aux réalités du métier. Et cela fait bien longtemps – dix ans – que les préparateurs s’insurgent d’entrer en BP avec un niveau bac et d’en sortir deux ans plus tard avec… un diplôme de même niveau bac ! Une première solution se profile avec le diplôme d’études universitaires scientifiques et techniques (Deust) de préparateur/technicien en pharmacie, ouvert en septembre dans six facultés de pharmacie(1) sur les vingt-quatre que compte la France, en partenariat avec les CFA.

En parallèle, le ministère de la Santé s’est engagé, lors du Ségur de la Santé, en juillet 2020, à revoir le référentiel des activités et des compétences du préparateur. « Les travaux de réingénierie seront bientôt lancés par les ministères chargés de la Santé, de l’Enseignement supérieur et de l’Éducation nationale », nous a confirmé la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) du ministère de la Santé. Selon nos informations, les travaux ont débuté au mois d’octobre.

Qu’est-ce que le BP ?

Le brevet professionnel (BP) est un diplôme professionnel de niveau 4, comme le baccalauréat. Il est géré par le ministère de l’Éducation nationale, tant au niveau du référentiel de formation que de la certification, c’est-à-dire des examens. Il est contrôlé aussi par le ministère de la Santé, qui détermine le champ d’exercice du préparateur en pharmacie car la profession est réglementée. Le référentiel de formation du BP date de 1997 et il n’a pas été revu depuis, ce qui est exceptionnel pour un diplôme. Considéré comme obsolète, il n’est pas adapté aux activités du préparateur, ni aux connaissances. Même si les CFA enseignent de nouvelles molécules en pharmaco, elles ne peuvent pas « tomber » le jour de l’examen car elles ne figurent pas au référentiel…

Qu’est-ce que le Deust ?

Le diplôme d’études universitaires scientifiques et techniques (Deust) de préparateur/technicien en pharmacie a été créé en 2021 par les facultés de pharmacie grâce à un texte qui les autorisait à expérimenter de nouvelles formations (voir Journal officiel du 13 mai 2020). Suite à des couacs de compréhension du texte, le ministère de l’Enseignement supérieur a décrété que le contexte ne relevait pas d’une expérimentation et a proposé un Deust national. Une douzaine de facs se sont positionnées et ont été autorisées à monter ce nouveau diplôme mais basé sur le métier actuel car le champ d’activité du préparateur défini par le ministère de la Santé est le même depuis le référentiel de 1997. Ce qui signifie que le Deust conduit au même métier de préparateur en pharmacie mais il confère un niveau bac + 2, soit un niveau 5. À noter, les niveaux de diplôme ont évolué depuis janvier 2019. Le bac et le BP sont de niveau 4, le Deust de niveau 5, une licence de niveau 6, etc.

Qu’est-ce qui change alors ?

Plusieurs choses. La première est que le Deust est géré par les facs. Ce qui veut dire qu’elles ont toute latitude pour adapter les matières enseignées, définir le type de contrôle des élèves et organiser l’examen. Si elles veulent supprimer un pan du programme de chimie ou ajouter des classes thérapeutiques en pharmacologie, elles le peuvent. La seule obligation est de se caler sur le référentiel des activités-compétences du BP de 1997. « Les étudiants du Deust doivent avoir les compétences qu’on attend du BP tant que le référentiel n’est pas changé », explique le Pr Honoré, responsable du Deust à la faculté de pharmacie de Marseille (qui ouvrira en 2022). En revanche, le Deust est mené en partenariat avec les CFA locaux. Ainsi, 90 % des cours environ ont lieu en CFA, qui gère aussi le volet apprentissage. Comme le BP, le Deust se fait exclusivement en alternance.

Deust et BP, c’est kif-kif ?

Non, ce n’est pas exactement pareil car les facs ont ajouté des heures de formation pour faire acquérir des compétences supplémentaires, qu’elles ont intégrées dans les blocs de formation redéfinis, tout en devant coller au métier actuel. Dans le Deust, « il y assez peu de modifications dans les compétences à acquérir par rapport au BP. En revanche, il y a des compétences supplémentaires, notamment sur l’initiation à la recherche, l’anglais, la communication, la recherche bibliographique, faire un mémoire… », détaille le Pr Honoré.

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Est-ce que le BP disparaît ?

Non, pas pour l’instant. En revanche, les travaux pour le rénover ou « de réingénérie » commencent. Ils sont menés par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) du ministère de la Santé, avec le ministère de l’Éducation nationale, qui gère le BP, et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, en charge du Deust. Le BP pourrait devenir un BTS par exemple et coexister avec le Deust, ou tout simplement disparaître

Si le Deust existe, pourquoi rénover le BP alors ?

Parce qu’il est indispensable de remettre à plat le référentiel des activités et des compétences (RAC) du préparateur à la base du métier, définies dans le BP. La DGOS va réunir des acteurs de la pharmacie, syndicats, sans doute l’Ordre des pharmaciens, des associations, des enseignants, etc. pour redéfinir ensemble les contours du métier. À partir de ce qu’ils attendent du préparateur, en termes de tâches à effectuer, ils fixeront les compétences à avoir pour les mener à bien. Puis, ils détermineront le type de formation nécessaire pour les acquérir, en deux ou trois ans. Le BP a de grandes chances d’être remplacé soit par le Deust, soit qui sait par un BTS. BTS et Deust pourraient coexister et conduire au même métier, mais il semble impensable que les partenaires sociaux acceptent deux diplômes pour une même profession…

Que se passerait-il pour les anciens BP ?

Il semblerait qu’ils puissent dans un second temps faire valider le Deust en faisant valoir leurs acquis via une validation des acquis professionnels (VAP) ou une validation des acquis de l’expérience (VAE), tout en suivant certaines unités d’enseignement, notamment l’anglais ou la recherche bibliographique. Pour l’instant, rien n’est défini. Cela leur permettrait d’avoir un niveau bac + 2, intéressant pour éventuellement reprendre des études en licence. En revanche, aucune valorisation de salaire n’est prévue pour le Deust aujourd’hui. Deust ou BP, les diplômés toucheront sans doute pareil à la fin du mois…

Et aujourd’hui ?

Une fois le métier remis à plat et le RAC défini, on pourrait adapter le Deust et modifier le programme pour mieux coller aux activités et compétences nouvellement définies. Par exemple, si on définissait une activité Prévention avec les trods et la vaccination, il suffirait d’ajouter un module au Deust… On pourrait aussi, si ce RAC est plus ambitieux, avoir besoin d’une formation plus conséquente pour acquérir ces nouvelles compétences. Ainsi, le Deust serait remplacé par une formation sur trois ans à définir. L’objectif est de dessiner les contours du métier en premier.

Et cette fameuse licence dont tout le monde parle ?

Ce projet de licence pro est sur toutes les lèvres, mais n’est pour l’heure qu’un projet. Elle permettrait de se spécialiser. Oui mais dans quoi ? Nul le sait encore. Le Deust permettra déjà la délivrance du médicament(2), à quel métier conduirait cette licence pro ? Autre interrogation, la branche officine s’est toujours positionnée pour un diplôme en trois ans. Elle écrivait dans le Recueil d’activités professionnelles du préparateur en pharmacie officine/hôpital, de décembre 2017(3), vouloir « une formation initiale diplômante avec le baccalauréat en prérequis pour un niveau d’études équivalant à bac + 3 », qui « se déroule sur trois années, dont la dernière est dite de spécialisation (officine, établissement de soins) » et « le diplôme est délivré après validation de la troisième année. Il ouvre droit à l’exercice de la profession réglementée déterminée par l’année de spécialisation. » Comme la branche n’a rien obtenu, elle se contente pour l’instant du Deust.

Sauf que la FSPF, principal syndicat de titulaires, porte l’idée d’une licence professionnelle (voir Point de vue de Philippe Denry, vice-président de la FSPF, p. 22) afin de créer un préparateur spécialisé, que nous appellerons préparateur en pratique avancée (PPA), à l’instar des infirmiers en pratique avancée (IPA)(4). Cette licence permettrait à certains préparateurs, mais pas à tous, de se former à de nouvelles missions et de bénéficier d’une plus grande autonomie. Selon ce syndicat, cette licence permettrait de participer aux entretiens, de vacciner largement, bref elle formerait une sorte de « super-préparateur ».

La FSPF propose ainsi de créer deux niveaux de préparateurs : un préparateur de base et un préparateur en pratique avancée avec plus d’autonomie. Les pharmaciens souhaitent-ils deux types de préparateurs ? Nous le leur avons demandé. Leurs réponses sont catégoriques. C’est non (voir Témoignages).

Les pharmaciens ont-il besoin en revanche des préparateurs pour les nouvelles missions ?

La réponse est oui pour les titulaires que nous avons interrogés.

Pour Laurent Filoche, titulaire à Blagnac (31), le préparateur n’est pas juste un vendeur : « Au fur et à mesure que de nouvelles missions apparaîtront, il faudra former le préparateur. Maîtriser le calendrier vaccinal sera impératif pour vacciner tout le monde. Si on fait des bilans sanguins, il faudra qu’il sache lire, interpréter et repérer très facilement des anomalies dans un bilan de base. C’est quelqu’un qui va pouvoir vacciner, tester, conseiller, et ce de manière plus pointue. »

Christophe Le Gall, titulaire à Angers (49), est un « fervent supporteur pour impliquer les préparateurs dans les bilans de médication et les entretiens. Le préparateur est au cœur du recrutement des patients et il peut récolter les infos, le pharmacien étant la pierre angulaire de l’analyse. Le préparateur peut vacciner et procéder à l’interrogatoire pré-vaccinal. »

Mehdi Djilani, titulaire à Saint-Pierred’Oléron (17), ne voit pas pourquoi ses préparateurs seraient de moins bons vaccinateurs que lui : « Mes préparateurs ont fait du recrutement pour les entretiens et les bilans de médication. C’est valorisant pour eux et cela ne pose pas de problèmes à mes adjoints. Je forme trois préparateurs à la vaccination Covid sur la base du volontariat. Ils sont ravis. »

Stéphanie Satger, titulaire à Loriol-du-Comtat (84), fait confiance à ses préparatrices : « Elles ont pris le virage, peut-être les a-t-on façonnées ! Elles ont voulu faire les tests, elles veulent être formées à la vaccination, elles ont envie de prendre les nouvelles missions. Le préparateur peut faire des entretiens, des recueils d’infos pour le bilan de médication, mais l’analyse reste au pharmacien. »

Pierre-Olivier Variot, titulaire à Plombières- lès-Dijon (21), se bat pour que les préparateurs vaccinent : « Dans le bilan de médication, par exemple, le préparateur peut faire le repérage. Lorsque le patient répète à plusieurs reprises qu’il lui reste un médicament, il peut se demander si le patient prend bien son traitement. Le préparateur peut proposer le bilan et prendre un rendez-vous avec un pharmacien, qui prendra la suite et fera l’analyse pharmacologique. J’ai demandé au ministre Olivier Véran la possibilité pour les préparateurs de vacciner contre la grippe. Il s’est montré plutôt favorable. » Pour Philippe Denry, titulaire à Gondreville (54), « les titulaires ont besoin de pharmaciens et de préparateurs à côté, ou en parallèle pour intervenir dans ces différentes nouveles missions. » Et là, tous sont d’accord !

(1) Reims, Strasbourg, Besançon, Lyon, Nantes, Paris, Reims et Strasbourg (Le Pharmacien de France).

(2) Les textes autorisant les détenteurs du Deust à délivrer sont toujours en attente de publication.

(3) Le Recueil d’activités professionnelles du préparateur en pharmacie (officine/hôpital) de décembre 2017, fait par la CPNE-FP (la branche officine) avec les partenaires hospitaliers, recense les activités professionnelles communes et distinctes des préparateurs.

(4) L’IPA a des compétences élargies par rapport à l’infirmier de base, participe à la prise en charge globale des patients, peut prescrire sous certaines conditions (articles R. 4301-1 à D. 4301-8 du code de la santé publique).

Témoignages

Pas de strates de préparateurs 

Mehdi Djilani, 45 ans. Pharmacien à Saint-Pierre-d’Oléron (17), centre-bourg très touristique : deux pharmaciens, cinq préparateurs, une apprentie, une secrétaire et des saisonniers. Président du réseau Totum Pharmaciens (environ 200 associés).

« Il ne faut pas créer plusieurs strates de préparateurs. Il faut des compétences de base solides. Deust, BP ou “docteur en préparateur”, ça n’a pas d’importance. Ensuite, chacun peut développer son domaine de compétences selon le titulaire avec lequel il travaille. Trois ans de formation, je ne trouverais pas ça déraisonnable, mais c’est un peu plus compliqué en termes fi nanciers. »

Témoignages

La licence est nécessaire pour tous

Pierre-Olivier Variot, 52 ans. Titulaire à Plombières-lès-Dijon (21), quartier de bourg : trois adjoints, deux préparateurs et une secrétaire comptable. Président de l’Union de syndicats de pharmaciens d’offi cine (USPO).

« Je ne partage pas tout à fait cette vision de deux niveaux de préparateurs quand, en deux ans, on ne forme plus des préparateurs assez compétents. La licence est nécessaire pour tous, pour avoir des préparateurs plus compétents et capables de s’adapter aux nouvelles missions et à celles à venir. Les ingénieurs sont formés pour régler les problèmes de demain. C’est pareil chez nous, préparateurs ou pharmaciens, il faut pouvoir s’adapter aux attentes des patients. Je ne positionne pas la licence comme une option. C’est comme si j’achetais une voiture qui roule à 130 km/h sur autoroute, mais qui, si demain la vitesse passait à 160, ne pourrait pas accélérer. Je préfère anticiper avec une voiture qui peut aller à 160 même si elle est aujourd’hui limitée. Pourquoi vouloir se restreindre ? Je veux le personnel le plus formé et le plus compétent possible, quelle que soit la pharmacie. »

Témoignages

Gardons l’unicité du diplôme

Laurent Filoche, 51 ans. Titulaire à Blagnac (31) dans un quartier assez urbain : deux adjointes, deux préparatrices et une apprentie. Président du groupement Pharmacorp (340 membres). Président de l’Union des groupements de pharmaciens d’offi cine (UDGPO, huit groupements et plus de 3 000 pharmacies). Administrateur d’un CFA à Labège (31), avec lequel il a monté une formation BP.

« Il faut toujours garder l’unicité d’un diplôme. La base du préparateur est d’épauler le pharmacien dans la réalisation de son métier. Tous les préparateurs doivent être capables de le faire. On doit être généraliste afin d’accueillir et de servir tout le monde avec la même qualité de service. Après, par appétence, ou conviction, on peut être plus pointu dans un domaine. Faire des paliers avec un préparateur de première classe et un autre de seconde classe n’est pas une bonne solution. Cela crée une échelle de valeurs entre collègues, délétère au sein des équipes, et cela peut enfermer le préparateur dans certaines activités et le lasser. On a laissé tomber les pharmaciens de première et seconde classe(1). Ne renouvelons pas cette erreur avec les préparateurs. »

(1) En 1803, les pharmaciens se distinguaient selon leur formation et leur examen, voire leur niveau d’entrée. Les pharmaciens dits de première classe pouvaient exercer partout, tandis que ceux de deuxième classe, uniquement dans les départements où ils avaient été reçus par les jurys d’examen. C’étaient aussi les pharmaciens qui n’exerçaient que dans les armées et les hôpitaux. Cette distinction a été abrogée en 1898. Plus d’infos sur le site www.persee.fr

point de vue

Mon fil conducteur est la pharmacie sans adjoint qui a du mal à remplir et suivre les nouvelles missions

Philippe Denry, 56 ans. Titulaire à Gondreville (54), semi-rural, grand bourg : un adjoint et demi, quatre préparateurs, un apprenti et une rayonniste. Vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), syndicat de titulaires, et président de la CPNE-FP (branche de l’officine). Enseignant au CFA de Nancy

« Pour nous, à la FSPF, il doit y avoir un deuxième niveau de préparateurs, qui pourraient s’appeler préparateurs en pratique avancée (PPA), comme pour les infirmiers en pratique avancée (IPA), avec une montée en compétences et davantage d’autonomie. Ce ne serait pas un préparateur spécialisé dans plusieurs domaines, mais il se verrait confier des missions comme la vaccination, les tests de dépistage, ferait le relais sur des entretiens… La base du métier sera la même mais il pourra avoir des fonctions supérieures, et pour cela, il aurait une licence. On peut imaginer que ces PPA avec une licence aient un numéro de déclaration qui permette d’identifier leurs actes. Mon fil conducteur est la pharmacie sans adjoint et qui a du mal à remplir les nouvelles missions. Mon objectif est de donner des moyens humains et qualifiés pour que toutes les pharmacies puissent les faire plus facilement. Une officine qui n’a pas d’adjoint peut désirer un PPA parce qu’elle veut développer la vaccination ou les entretiens, et deux préparateurs “de base” pour faire la dispensation classique, le rangement. Je comprends que certains souhaitent que tout le monde monte en compétences, encore faut-il que ce soit adapté aux besoins des entreprises. Ceux qui vous disent “Je veux que tout le monde monte” seront les mêmes qui diront ensuite “Vous êtes fous ! Pourquoi voulez-vous qu’on les paye 2 000 € par mois ?” Je veux bien faire monter tout le monde, mais les pharmaciens sont-ils prêts à payer ? En revanche, si nous constatons sur le terrain que tous les titulaires envoient les préparateurs en troisième année, la formation en deux ans deviendrait d’elle-même caduque. Je suis pragmatique, et nous en discuterons au sein de notre bureau. Toutes les officines n’auront pas besoin de PPA. Ainsi, la moitié d’entre elles a fait des tests et des entretiens. Et tous les préparateurs ne voudront pas continuer en licence après le Deust. »

témoignages

Il n’y a qu’un métier de préparateur

Christophe Le Gall, 56 ans. Titulaire à Angers (49), dans le quartier de la gare : six préparateurs et six adjoints. Président de Le Gall Santé Services, groupement d’une quinzaine de pharmacies. Président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), syndicat de titulaires.

« Pour moi, il n’y a qu’un métier de préparateur. On ne peut pas faire des sous- et des sur-préparateurs, cela n’a pas de sens. Je militerais plutôt pour une troisième année avec des options de spécialisation en fonction de ses appétences ou du type de pharmacie dans lequel on désire travailler. Les personnes doivent être adaptées à l’offre : très spécialisées dans les grosses pharmacies et plus généralistes dans d’autres plus petites. Les trois années de formation doivent répondre à ces besoins. L’école doit préparer et former un préparateur plus pointu en logistique si j’en ai besoin ou en clinique si je souhaite qu’il m’accompagne dans les entretiens. »

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Montons les compétences de base

Stéphanie Satger, 53 ans. Titulaire à Loriol-du-Comtat (84), village : deux titulaires, une adjointe, quatre préparatrices et une apprentie. Enseignante au CFA de la chambre de commerce et d’industrie d’Avignon.

« Dans l’absolu, je préfère un seul métier mais avec une montée en compétences et en connaissances du préparateur de base pour lui permettre d’être plus efficace. Il peut faire de la formation continue au cours de sa vie professionnelle et accroître ses compétences dans certains domaines qui l’intéressent. Je préférerais une formation plus longue mais pas avec différents niveaux, au risque que celui “super formé” ne veuille plus accomplir certains tâches. En revanche, faire ensuite un diplôme supplémentaire travailler à l’hôpital ou une spécialisation pour obtenir d’autres compétences, pourquoi pas… Et comment vivre au quotidien la différence de diplôme ? Si tu as trois préparateurs, un avec une licence, un avec un BP et un avec un Deust, ne vont-ils pas faire la même chose au final ? »

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Une licence pro pour tous

Christelle Degrelle, 49 ans. Préparatrice à Villeneuve-la-Guyard (89) : un titulaire, cinq préparateurs et un apprenti. Représentante syndicale CFE-CGC à la branche officine pour les salariés

« Il n’y a qu’un métier de préparateur, dont le cœur est la relation avec le patient. Si on crée un préparateur de base et un préparateur “plus”, le premier risque de ne pas être embauché. Peut-être qu’une officine n’utilisera pas certains savoirs ou compétences du préparateur mais si celui-ci veut aller travailler ailleurs, il doit savoir faire ce qu’on lui demandera… Nous, à la CFE-CGC, nous souhaitons deux ans et une année de spécialisation officine, hôpital ou industrie, en permettant la délivrance du médicament au bout des trois ans. Je veux une licence pro pour tous les préparateurs qui permettrait de revaloriser le métier et les salaires. Nous, les vieux BP, devrions avoir une validation des acquis de l’expérience (VAE) afin de continuer à pouvoir délivrer. Il faudrait une autorisation automatique, du genre BP + cinq ans, qui validerait une licence. Beaucoup d’anciens préparateurs n’ont pas le bac. Je n’ai pas envie que l’on me dise que mon diplôme n’est plus valable. Jamais je ne laisserai faire ça ! »

témoignages

Nous avons toujours été opposés à un préparateur à deux vitesses

Olivier Clarhaut, 61 ans. Secrétaire fédéral de la branche pharmacie d’officine, Force ouvrière (FO). Responsable informatique au CFA de Villeneuve-d’Ascq (ARCPP, 59). Ancien préparateur en ville.

David Brousseau, 39 ans. Préparateur et formateur. Remplacements en pharmacie en Loire-Atlantique et formateur en phyto, aroma, diététique… Représentant Force ouvrière pour le Morbihan et le Finistère.

« Il n’y a qu’un préparateur, avec évidemment des spécialisations. Nous avons toujours été opposés à un préparateur à deux vitesses. C’est en ça que la formule du Deust, qui validerait la délivrance du médicament, et d’une licence pro pour quelques élus ne nous séduit pas. Force ouvrière ne veut pas deux types de préparateurs car cela compliquerait l’organisation officinale, sans parler des négociations salariales ! Nous allons faire entendre notre position : l’unicité du diplôme, faire monter tout le monde en compétences et un diplôme en trois ans pour tous. Le fond du problème est un premier niveau où l’on reste avec le même salaire. Le préparateur doit toujours être super compétent et super efficace mais, au moment de le reconnaître, il n’y a plus personne. Il faut savoir ce qu’on veut. On veut une montée en compétences, on obtient un nouveau diplôme, et là on nous dit “Oui mais le programme du Deust est calqué sur celui du BP”. Donc, circulez, y a rien à voir ! La reconnaissance du Deust au-dessus du BP est pour l’instant assez mal partie, mais nous allons nous battre et faire notre boulot de syndicalistes ! »