- Accueil ›
- Conseils ›
- Pathologies ›
- L’hypnose en cancérologie
L’hypnose en cancérologie
De mieux en mieux reconnue pour son intérêt dans la douleur, l’hypnose a sa place à toutes les étapes du parcours de soins en cancérologie. Cette pratique psychocorporelle est particulièrement efficace pour soulager certains effets indésirables des traitements.
Comment défi nir l’hypnose ?
C’est une thérapeutique psychocorporelle qui vise à faire entrer une personne dans un état de conscience modifiée appelé « état hypnotique ». C’est un état qui mêle des composantes de la veille et du sommeil, appelé parfois « état de veille paradoxal », dans lequel le patient se montre plus réceptif aux suggestions verbales du praticien. Ainsi, lorsque le thérapeute évoque une sensation de légèreté, le patient ressent une légèreté physique plus marquée qu’en état de conscience ordinaire.
Après quelques séances d’hypnose avec le thérapeute, le patient peut pratiquer seul l’auto-hypnose, et atteindre un état hypnotique, un état de concentration et d’attention très focalisé en utilisant des suggestions thérapeutiques.
Qu’entend-on par « suggestion » ?
La suggestion est une technique psychique qui permet à une personne d’influencer l’état affectif ou le comportement d’une autre personne par la parole, parfois par le toucher. C’est le principal outil de l’hypnose. Le praticien peut ainsi suggérer au patient de faire abstraction de son environnement, de ses symptômes, et de porter son attention sur des idées, des images ou des sensations positives qui ont un effet thérapeutique. Dans son usage médical, la suggestion doit être assez forte pour diminuer le retentissement des symptômes.
L’état hypnotique est-il naturel ?
Oui, cet état existe au quotidien. C’est le cas lorsqu’une personne est tellement absorbée, par une lecture ou un spectacle par exemple, qu’elle ne prête plus attention à son environnement, ni au temps qui s’écoule. Plus généralement dans les moments où la personne se sent « ailleurs », « dans la lune ».
Quelles sont les indications de l’hypnose en cancérologie ?
Lorsque l’hypnose est utilisée dans un but thérapeutique par un soignant formé, on parle d’hypnose médicale ou thérapeutique. Elle est réalisée par un hypnopraticien. En cancérologie, l’hypnose médicale est intéressante à toutes les étapes de l’accompagnement du patient, de l’annonce du diagnostic jusqu’à son rétablissement après les traitements. Elle est particulièrement utilisée dans les douleurs aiguës ou chroniques, mais également dans l’anxiété ou la phobie. C’est pourquoi l’hypnopraticien est parfois sollicité en urgence pour une crise de claustrophobie ou une attaque de panique lors d’une IRM, ou dans les postes de radiothérapie quand le patient ne supporte pas le masque de contention (masque sous forme de coque englobant tête et cou qui immobilise la zone à traiter en cas d’irradiations de tumeur du cou ou de la tête, NDLR). Elle présente un intérêt particulier pour traiter les nausées d’anticipation, qui relèvent plutôt d’une anxiété vis-à-vis de la chimiothérapie, ou les bouffées de chaleur induites par certaines hormonothérapies difficiles à soulager avec les traitements habituels. En cas de chirurgie, l’hypnose permet une meilleure gestion de l’anxiété avant l’intervention et de la douleur en post-opératoire.
Comment est-elle utilisée dans la douleur ?
L’hypnose pratiquée à des fins antalgiques, ou hypnoanalgésie, fait partie du panier des soins oncologiques de support. Son but est d’aider les patients à mieux supporter les douleurs aiguës ou chroniques. Dans la douleur aiguë, due à des actes invasifs ou à des poussées de la maladie, la technique est directive et le patient est plus guidé et soutenu. Elle a un objectif de « distraction » par fixation de l’attention du patient sur le confort du corps, ou sur une activité agréable ou un souvenir remémoré. L’enjeu est de moduler rapidement le ressenti douloureux. Dans la douleur chronique, l’hypnopraticien travaille sur tout ce qui gravite autour de la douleur, comme les émotions pénibles, la représentation de la douleur ou une modification du comportement du patient. Par la suite, la reproduction de la technique en autohypnose permet au patient de pratiquer lui-même l’hypnose lorsqu’une douleur, ou l’anxiété associée à cette douleur, se manifeste.
Quels sont les objectifs thérapeutiques de l’hypnoanalgésie ?
Dans la douleur aiguë, l’hypnoanalgésie vise à améliorer le plus possible le ressenti du patient.
Dans la douleur chronique, le but n’est pas de soulager d’emblée et totalement une douleur. Les objectifs stratégiques définis avec le patient, par exemple une amélioration de 20 % du ressenti douloureux, évoluent progressivement au cours des séances. Une diminution d’un point sur dix de la douleur évaluée avec une échelle visuelle analogique (EVA) doit être considérée comme un bon résultat. De plus, si un patient ne tire pas directement de bénéfice sur le ressenti douloureux, l’hypnose améliore souvent l’anxiété et/ou la qualité du sommeil le cas échéant.
L’hypnose a-t-elle une action synergique à celle des médicaments ?
Oui. Il a par exemple été démontré que la crème anesthésique Emla était jugée plus efficace par les patients lorsque qu’elle est accompagnée d’un message positif. Des phrases du type « C’est un bon produit, il est souvent prescrit » ou « Ce traitement va rapidement vous soulager » sont déjà de la suggestion. Une étude menée dans un centre de grands brûlés en 2009 a montré que l’hypnose augmente l’efficacité des antalgiques opioïdes
Y a-t-il des contre-indications à l’hypnose ?
La non adhésion du patient à l’hypnose est la première contre-indication. Les autres, relatives, sont les états psychotiques et les démences modérées à sévères, mais tout dépend du domaine de compétence du praticien. Certains psychiatres ont de bons résultats avec des patients psychotiques car ils interviennent dans leur domaine de compétence, dans la lignée du docteur Milton Hyland Erickson, psychiatre américain considéré comme le père de l’hypnothérapie moderne.
Tous les patients sont-ils réceptifs ?
Aujourd’hui, rien ne permet de déterminer a priori quelle personne sera plus ou moins réceptive à l’hypnose. Il n’y a pas de limite d’âge et les résultats obtenus sont plutôt praticien-dépendant. Pour les enfants, qui ont un imaginaire très développé, l’hypnose est plutôt une voie royale. Ils sont plus interactifs et les séances sont moins formalisées que chez les adultes. Par principe, l’avancée en âge s’accompagne d’une diminution de la capacité à répondre à la suggestion. En pratique, des personnes parfois très âgées sont réceptives et acceptent de se laisser aller à un état mental différent de leur état ordinaire.
Existe-t-il des effets indésirables ?
Quelques effets secondaires rares et bénins ont été rapportés, de type asthénie, vertiges, anxiété, céphalées ou sensation de malaise. D’autre part, l’hypnose n’étant pas une pratique réglementée, les risques de manipulation mentale ou de dérives financières ou sectaires peuvent être considérés comme des « effets indésirables ». Pour éviter ces déconvenues, l’hypnose doit être utilisée en complément et non à la place des traitements prescrits, le patient doit adhérer à cette thérapie et l’hypnopraticien, intervenir dans son domaine de compétence dans le respect du code de déontologie professionnelle et des lois et règlements de sa profession.
Comment se déroule la prise en charge ?
L’hypnose est proposée au patient, dont l’accord et l’adhésion à cette pratique sont indispensables. La première consultation consiste en un entretien préalable qui permet à l’hypnopraticien de connaître les symptômes et leurs fréquences exposés par le patient. Le praticien explique en quoi l’hypnose peut aider. C’est une séance de découverte où certains points sont particulièrement recherchés. Ils concernent le mode de vie et l’histoire du patient, ses ressources sous forme de centres d’intérêt, compétences, expertise ou autres, les attentes et intentions du patient quant à l’hypnose. La technique d’hypnose est affinée au cours des séances pour être personnalisée. L’apprentissage de l’auto-hypnose permet ensuite au patient de gérer lui-même son symptôme. L’hypnose fait partie des thérapies brèves et ne devrait généralement pas dépasser les dix séances, avec une moyenne de trois à quatre séances chez un patient en cancérologie.
(1) Impact of a pain protocol including hypnosis in major burns , ScienceDirect, août 2009.
Rémi Étienne, infirmier et hypnopraticien à l’Institut de cancérologie de Lorraine, à Nancy (54), formateur et directeur du centre Ipnosia Nancy, et Laurent Bujon, infirmier libéral et hypnopraticien à Ussel (19), formateur auprès de l’association Actiif Hypnose.
L’hypnose en pratique
→ Coût moyen d’une séance : de 45 à 85 €.
→ Prise en charge : non. L’acte d’hypnose en tant que tel n’est pas pris en charge par l’Assurance maladie, quelle que soit son indication.
→ Trouver un hypnopraticien : s’adresser de préférence à un centre de formation pour professionnels de la santé. Exemples : annuaire des thérapeutes sur hypnose.fr et sur ipnosia.fr
- Vapotage de substances psychoactives : l’ANSM tire la sonnette d’alarme
- Que risque-t-on à consommer une pomme de terre dont la peau est verte ?
- Un patient a entendu dire qu’il pouvait désormais prendre son comprimé de Lévothyrox le soir au coucher. Est-ce vrai ?
- L’ordonnance d’une patiente souffrant d’une sinusite aiguë
- Aspartame : une pétition réclame son interdiction à l’échelle européenne
- Pollens are back
- Calciparine : comment assurer la continuité des soins
- Mounjaro : deux dosages de plus
- Participation des préparateurs aux nouvelles missions : l’hôpital peut-il montrer la voie à l’officine ?
- Honoraires à l’ordonnance, Rosp, territoires fragiles… faut-il un avenant 2 pour sauver le soldat officine ?