Le bout du tunnel pour les grossistes ?
La répartition espère mener à son terme l’indispensable réforme de son modèle économique. Trois mesures, dont une est déjà appliquée, permettraient de résorber enfin les difficultés structurelles qui handicapent les répartiteurs depuis de trop nombreuses années.
Depuis un an, la répartition pharmaceutique reprend espoir de revenir un jour à l’équilibre économique. La crise sanitaire y serait-elle pour quelque chose ? Car les dernières mesures réglementaires et législatives adoptées ou encore en discussion témoignent de l’écoute du gouvernement vis-à-vis de cette profession qui n’a cessé d’alerter ces dernières années les pouvoirs publics et les parlementaires sur la dégradation de son modèle économique.
Après avoir vu ses pertes d’exploitation passer de 23 M€ en 2017, 46 M€ en 2018, 65 M€ en 2019 à 48,35 M€ en 2020, les projections de rentabilité du secteur pour les prochaines années restent particulièrement pessimistes : une perte de 32 M€ en 2021 et de 46 M€ en 2022.
Si les discussions n’ont jamais été fermées sur une refonte de sa rémunération, la crise sanitaire du Covid-19 a été un révélateur d’utilité pour la répartition pharmaceutique : les pouvoirs publics ont pris conscience du rôle essentiel que peuvent jouer les répartiteurs.
A qui sait attendre, le temps ouvre ses portes. A la suite d’une diminution des ressources du fait de l’impact brutal de la baisse d’activité des pharmacies d’avril à juin 2020, le gouvernement a publié en septembre 2020 un arrêté augmentant la marge de distribution en gros, permettant d’injecter 30 M€ sur quatre mois. La parution d’un second arrêté de marge a permis de reconduire cet apport de 30 M€ en 2021 sur 12 mois. Une mesure pérenne mais encore insuffisante pour sortir les répartiteurs de la zone rouge.
Une somme de 90 M€ sur trois ans
Les travaux concernant le modèle économique de la répartition se sont poursuivis au cours d’une année 2021 où, comme les pharmacies, l’économie de la répartition a fait preuve de résilience : son chiffre d’affaires (CA) sur le volet « médicaments remboursables en médecine de ville » a progressé de 6,28 % sur les huit premiers mois de l’année. Le gouvernement a fini par accéder à une demande ancienne de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) en introduisant à l’article 6 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022 une mesure visant à réduire le taux de la contribution sur les ventes en gros (de 1,75 à 1,5 % sur la première tranche) qui entraînera un allégement de cette taxe de 30 M€. « Cette baisse de la fiscalité serait applicable pour la taxe payée au titre de l’année 2021, elle aurait donc un impact positif sur les comptes des répartiteurs dès 2021 », précise Emmanuel Déchin, délégué général de la CSRP.
La troisième mesure en discussion a trait à un forfait supplémentaire pour la distribution des produits de la chaîne du froid. « Celle-ci génère des surcoûts supplémentaires, l’objectif est donc de bénéficier d’une rémunération réglementée qui les couvre », explique-t-il. Elle coûterait 30 M€ à l’Etat, mais pour des raisons techniques, ce forfait ne pourrait pas être mis en place avant plusieurs mois, au mieux en avril 2022. Avec ces trois mesures structurelles, « la répartition bénéficierait d’un plan de revalorisation de 90 M€ sur trois ans, juste pour retrouver des conditions d’exploitation équilibrées », souligne-t-il.
CONTRIBUTEUR
EMMANUEL DÉCHIN
(CSRP)
L’analyse
L’OCP, leader de la répartition en France, a repris du terrain, à la marge (+ 0,1 point). Le n° 2, Cerp Rouen, continue à en gagner (+ 0,21 point) et Alliance Healthcare Répartition (n° 3) à en perdre (- 0,35 point). Ce classement risque d’être considérablement chamboulé une fois que Phoenix Pharma (- 0,33 point) aura repris les activités européennes du groupe McKesson auquel appartient OCP Répartition.
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