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“Je voudrais quelque chose contre les nausées”
1 Je questionne
Préciser la demande
« Avez-vous de la diarrhée, des douleurs abdominales associées ? », « Est-ce en prévision du mal des transports ? » ou « Êtes-vous enceinte ? » évaluent le contexte et les étiologies bénignes les plus courantes. « Avez-vous vomi ? » détermine l’intensité des troubles.
Rechercher certains critères
« Depuis quand êtes-vous nauséeux ? », « Pas de fièvre, de crampes abdominales importantes, de maux de tête, de raideur de la nuque… ? » repèrent des signes d’alerte devant amener à une consultation médicale, tout comme « Les vomissements sont-ils intenses ? Répétés ? ». « Votre traitement médicamenteux a-t-il été modifié ? » recherche une origine iatrogène.
Orienter le choix
Selon le cas, « Quel âge à l’enfant ? », « Pas de pathologie particulière, comme un adénome de la prostate, un risque de glaucome par fermeture de l’angle [plus fréquent chez les personnes d’origine phénoasiatique ou hypermétropes] ? » oriente vers un produit adapté.
2 J’évalue
Une prise en charge officinale est possible si les nausées sont récentes et/ou reliées à une cause identifiable : épidémie de gastro-entérite, grossesse, mal des transports, indigestion passagère notamment.
Un avis médical s’impose en cas de vomissements chez un nourrisson ou un adulte à risque de déshydratation et de troubles hydro-électrolytiques : personnes âgées, vomissements intenses et répétés au cours de la grossesse… Orienter vers un médecin en cas de suspicion iatrogène des nausées ou de signes d’alerte : fièvre élevée, vertiges associés, raideur de la nuque faisant suspecter une méningite…
3 Je passe en revue
Médicaments actifs sur le centre du vomissement
• Anti-H1 : diménhydrinate (Mercalm en association à la caféine, Nausicalm) et diphénhydramine (Nautamine). Les antihistaminiques de première génération, dits anti-H1 « sédatifs et atropiniques », exercent une action centrale au niveau du centre du vomissement et une action périphérique. Indications : prévention et traitement du mal des transports à partir de 6 ans, et dès 2 ans pour le sirop Nausicalm. Le diménhydrinate est aussi indiqué en prévention et traitement des nausées et vomissements non accompagnés de fièvre, dès 6 ans. Leur durée d’action est d’environ six à huit heures. En pratique : maximum deux jours de traitement. Principaux effets indésirables : somnolence, hypotension orthostatique, effets atropiniques, avec sécheresse buccale, constipation, dysurie, mydriase, confusion, notamment chez les personnes âgées…, effets paradoxaux tels qu’agitation, insomnie. La caféine a une action stimulante qui contrebalance l’effet sédatif mais entraîne parfois insomnie ou excitation, chez l’enfant notamment. Contre-indications : en cas de risque de rétention urinaire liée à des troubles urétroprostatiques (adénome prostatique) et de glaucome par fermeture de l’angle. Interactions médicamenteuses. Déconseillés avec l’alcool. Attention au risque de somnolence en association à d’autres dépresseurs du système nerveux central tels qu’hypnotiques, dérivés morphiniques…, et à l’addition d’effets indésirables en cas d’association à d’autres atropiniques tels que certains antidépresseurs, neuroleptiques… Mésusage possible ! Bien que rares, des usages détournés de ces médicaments ont été rapportés, conduisant à l’ajout d’une mise en garde dans les résumés des caractéristiques des produits (RCP) sur le risque d’une utilisation dans le cadre d’une « soumission chimique ».
Antiémétique et antinauséeux
• La métopimazine (Vogalib) est un neuroleptique de la classe des phénothiazines. Elle bloque les récepteurs dopaminergiques, principalement ceux situés au niveau du tractus digestif. Elle passe faiblement la barrière hémato-encéphalique. Indications : nausées et vomissements sans fièvre, dès 6 ans. En pratique : au maximum deux jours de traitement. Principaux effets indésirables. Rares, mais possibles : risque de sédation, hypotension orthostatique, sécheresse de la bouche, symptômes extrapyramidaux (torticolis spasmodiques…) lors de cures prolongées. Risque potentiel de troubles du rythme cardiaque graves ou de morts subites par effet de classe. Contre-indications : troubles urétroprostatiques et de risque de glaucome à angle fermé. Interactions médicamenteuses. Association déconseillée avec l’alcool. Risque de majoration des effets indésirables en cas d’association à des dépresseurs du système nerveux central, à des molécules atropiniques ou à des antihypertenseurs avec risque d’hypotension. Précautions ! Du fait de ces effets indésirables cardiaques potentiels et du risque de symptômes extrapyramidaux communs à toutes les phénothiazines, la Haute Autorité de santé a recommandé, en 2019, de n’utiliser la métopimazine, tout comme le métoclopramide et la dompéridone, qu’en cas de vomissements ayant à court terme des complications graves ou très gênantes et de l’éviter chez les personnes âgées et l’enfant(1).
Action périphérique
• Le gingembre tient ses propriétés émétiques de composés phénoliques, les gingérols, qui accroissent la vidange gastrique et bloquent des récepteurs sérotoninergiques notamment. On y recourt traditionnellement pour soulager des nausées de différentes origines. Indications. De nombreuses études cliniques montrent son efficacité ou son intérêt dans différentes situations. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaît comme cliniquement établie son emploi dans les nausées liées au mal des transports, à la grossesse ou aux suites opératoires, et comme relevant d’un usage traditionnel son utilisation dans les troubles dyspeptiques. L’Agence européenne du médicament estime son utilisation bien établie en prévention des nausées et vomissements du mal des transports, avec l’équivalent de 1 à 2 g de poudre de gingembre, et qu’elle repose sur un emploi traditionnel dans le traitement des symptômes du mal des transports ou des dyspepsies. En pratique. Il est disponible dans de nombreux compléments alimentaires. Précautions. Le gingembre n’est pas recommandé avant l’âge de 6 ans. Vérifier les compositions, limites d’âge et précautions d’emploi. La présence d’huiles essentielles contre-indique certaines formules, notamment en cas de grossesse.
→ Gingembre seul. Par voie orale (comprimés, gélules, capsules, sirop): Arkogélules Gingembre bio, C’Zen États nauséeux, Emistil Gingembre, Maternov Nausées de grossesse, Nausélib, Nauziaphyto.
• Les huiles essentielles (HE) de citron, mandarine, pamplemousse, orange, menthe poivrée, gingembre en particulier sont utilisées pour soulager les nausées liées au mal des transports ou à des troubles digestifs. En pratique. Par voie orale : 2 gouttes de l’une ou de l’autre ou, le plus souvent proposé, une goutte d’huile de citron et de menthe poivrée sur un sucre ou un comprimé neutre deux à trois fois par jour. Elles s’appliquent aussi sur un mouchoir afin d’être inhalées. Précautions. Pas avant 7 ans, dès 3 ans pour le roller Puressentiel, ni en cas d’antécédents de convulsions, de grossesse ou d’allaitement.
→ Gingembre associé à d’autres plantes ou huiles essentielles à visée antinauséeuse ou digestive telles que menthe poivrée, mélisse, sauge… : Ortis Minesium (+ HE menthe, poudre guimauve…), Pediakid Nausées et vomissements (menthe, sauge, chardon-marie), Taïdo Nausea (+ vitamine B6)…
Par voie sublinguale : Ladrôme Nausea Spray (gentiane, mélisse, citron, huile essentielle de menthe poivrée…), Gifrer Spray Mal des transports (+ menthe), Vagaline Spray buccal (+ menthe, fleurs de Bach), sucettes Alvityl Mal des transports (+ pissenlit)… La voie sublinguale peut être intéressante pour sa rapidité d’action.
En roller prêt à l’emploi : Mal des transports roller Puressentiel (+ gingembre)… Dans les dyspepsies, des formules associent des huiles essentielles à visée digestive telles que romarin, estragon… : Olioseptil Digestion, SOS Aroma Confort digestif (+ gingembre), Oléocaps+ 3 Confort digestif (+ gingembre)…
• Homéopathie. Ipeca 7 CH, Nux vomica 7 CH, à raison de 3 granules de chaque plusieurs fois par jour, et/ou dans le mal des transports Cocculus indicus 7 CH et Tabacum 7 CH, ou en spécialités homéopathiques associant plusieurs souches : Cocculine, Viaborpax, Famenpax… Prendre les comprimés par voie sublinguale ou, avant 6 ans, après dilution dans un peu d’eau, à distance des repas, en espaçant les prises dès que les symptômes s’améliorent.
Moyens non pharmacologiques
• L’acupression, ou digitopuncture, consiste à appliquer une pression légère mais ferme sur des points précis du corps le long de lignes imaginaires appelées méridiens, qui traversent le corps.
• Les bracelets d’acupression (Sea-Band, Pharmavoyage…) visent à stimuler un point spécifique d’acupuncture, dit P6, trois doigts au-dessus du poignet, sur la face antérieure du bras. Son efficacité est conditionnée par le bon positionnement du bracelet sur chaque poignet et le fait qu’il exerce une pression suffisante. Indications. Une étude récente a montré que l’acupression pouvait être efficace pour réduire les nausées et les vomissements au cours d’une chimiothérapie(2). D’autres, plus anciennes, concluent à une certaine efficacité en post-opératoire et dans les nausées et les vomissements de la grossesse(3).
Dans le mal des transports, leur action est mal établie. Leur atout est leur totale innocuité !
4 Je choisis
En fonction du contexte
• Mal des transports, y compris mal de mer : anti-H1 en l’absence de conduite automobile, ou gingembre ou huiles essentielles de menthe poivrée ou citron, ou homéo +/- bracelets d’acupuncture.
• Gastro-entérite, troubles dyspeptiques : métopimazine si vomissements gênants en attendant un avis médical, gingembre ou huiles essentielles dans les autres situations.
• Autres origines des nausées (chimiothérapie…) : gingembre en attendant un avis médical +/- bracelets d’acupuncture.
En fonction du patient
• Grossesse : gingembre, homéopathie ou bracelets.
• Enfants. Moins de 6 ans : homéopathie ou bracelets ou anti-H1. Plus de 6 ans : idem et/ou gingembre ou huiles essentielles à partir de 7 ans.
• Personnes âgées : éviter anti-H1 et métopimazine.
• Conducteurs de véhicules : pas d’anti-H1 et prudence avec la métopimazine car somnolence possible.
5 J’explique
Les nausées sont le plus souvent transitoires et un traitement n’est indiqué que sur une courte durée, en attendant si nécessaire un avis médical. En prévention du mal des transports, les médicaments ou les compléments alimentaires, sont utiles en association à d’autres mesures (voir ci-dessous).
6 Je conseille
Utilisation
• Dans le mal des transports : quelle que soit la solution choisie (complément alimentaire, médicament), la première prise orale s’effectue en général 30 minutes environ avant le départ, à renouveler ensuite si besoin au cours du voyage. En cas de délivrance d’un anti-H1, alerter systématiquement de ne pas conduire de véhicule.
• Dans les autres situations. Pas plus de deux jours de traitement pour les médicaments. Passé ce délai, un avis médical s’impose dans tous les cas en l’absence d’amélioration.
Hygiène et alimentation
• Prévenir la déshydratation en cas de vomissements : boire souvent de petites quantités, en orientant les plus fragiles – nourrissons et personnes âgées – vers les solutés de réhydratation orale (SRO).
• Limiter les aliments gras et odorants et préférer ceux peu caloriques et faciles à digérer, jambon, viandes blanches, pâtes ou riz, légumes vapeur ou à l’eau…, ou dont le patient a envie.
• Dans un contexte infectieux, rappeler les mesures de prévention de l’infection : hygiène des mains, désinfection des surfaces, des poignées de porte…
Mal des transports
• Pour prévenir ou limiter les symptômes : se placer du côté de la fenêtre dans le sens de la marche à l’endroit le plus stable du véhicule, à l’avant en voiture ou en bus, au centre dans un bateau, au niveau des ailes dans l’avion ; fixer un point à l’horizon plutôt que l’intérieur du véhicule, et donc éviter de lire ou de regarder des écrans.
• Faire un repas léger avant le départ, mais ne pas partir à jeun car la faim majore les symptômes.
• Éviter les espaces confinés : ouvrir les vitres, se rendre sur le pont d’un bateau par exemple.
(1) Médicaments antiémétiques dans le traitement symptomatique des nausées et vomissements, Bon usage du médicament, Haute Autorité de santé, avril 2019.
(2) Clinical practice guidelines on the evidence-based use of integrative therapies during and after breast cancer treatment, CA Cancer J Clin, 2017.
(3) Chimiothérapie émétisante du cancer du sein, Repères, La Revue Prescrire, avril 2020.
Le contexte
Décrite comme un « mal au cœur », la nausée est une sensation désagréable au niveau du tractus digestif haut (estomac, gorge), associée à une envie de vomir. Elle peut s’accompagner d’une accélération du rythme cardiaque, de sueurs, d’une pâleur, d’une hypersalivation, d’une sensation de malaise et/ou être associée à d’autres symptômes selon l’étiologie, telle une diarrhée en cas de gastro-entérite…
→ Causes nombreuses : gastro-entérite virale, indigestion ou consommation excessive d’alcool, mal des transports et grossesse figurent parmi les causes les plus fréquentes, mais bénignes. Moins fréquemment, les nausées peuvent être dues à une pathologie nécessitant des examens complémentaires et une prise en charge médicale : migraine, vertiges, allergie alimentaire, méningite, hépatite aiguë… Des médicaments peuvent aussi être en cause : colchicine, lévodopa, théophylline, digitaliques, opiacés, chimiothérapies…
→ Complications. Outre celles de la pathologie en cause, elles sont liées essentiellement au risque de déshydratation en cas de vomissements, notamment chez les jeunes enfants et les personnes âgées.
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