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Commande, délivrance, facture : comment traiter Paxlovid ?

Publié le 12 février 2022
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Traitement curatif du Covid-19 désormais disponible en officine, Paxlovid est réservé aux adultes qui présentent un risque élevé d’évolution vers une forme grave de la maladie. Le point sur un médicament qui ne fait rien comme les autres.

Commercialisé par le laboratoire Pfizer, Paxlovid est le premier antiviral par voie orale indiqué en traitement précoce du Covid-19. C’est un inhibiteur de la protéase du Sars-CoV-2. Il comprend une association de comprimés de nirmatrelvir (dosés à 150 mg) et de ritonavir (dosés à 100 mg). Le nirmatrelvir inhibe l’action de la protéase 3C-like, enzyme nécessaire à la réplication du virus Sars-CoV-2 dans l’organisme. Le ritonavir agit en ralentissant la dégradation du nirmatrelvir, dont la demi-vie est courte (2 heures environ en moyenne pour l’administration d’une dose de 150 mg). Le 20 janvier, la Haute Autorité de santé (HAS) a accordé une autorisation d’accès précoce à ce médicament à la suite de l’avis rendu par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

Une efficacité significative

Selon les études cliniques, ce traitement a réduit de manière significative les hospitalisations ou les décès chez les patients présentant au moins une affection sous-jacente les exposant à un risque de Covid-19 sévère. Dans le mois suivant le traitement, « le taux d’hospitalisation ou de décès était de 0,8 % (8 sur 1 039) pour les patients ayant reçu Paxlovid, contre 6,3 % (66 sur 1 046) pour ceux ayant reçu le placebo », explique l’Agence européenne des médicaments (EMA) en octroyant une autorisation de mise sur le marché conditionnelle à ce traitement. « Il n’y a eu aucun décès dans le groupe Paxlovid, contre 12 dans le groupe placebo », précise-t-elle.

Tout le monde n’y aura pas droit

Les patients qui peuvent recevoir ce médicament sont des adultes (personnes âgées de 18 ans et plus) qui présentent les trois caractéristiques suivantes :

– symptomatiques et avec un test positif au Covid-19 (test antigénique ou RT-PCR) ;

– ne nécessitant pas d’oxygénothérapie ;

– à risque élevé d’évolution vers une forme grave de la maladie.

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Le traitement doit impérativement être administré au plus tôt et dans les 5 jours suivant l’apparition des symptômes du Covid-19. Le patient doit ainsi consulter très rapidement.

Les indications sont les suivantes :

– patients adultes sévèrement immunodéprimés ou présentant une pathologie à très haut risque de forme grave (cancers en cours de traitement, polypathologies, trisomie 21, certaines maladies rares), quels que soient leur âge et leur statut vaccinal ;

– personnes de plus de 65 ans présentant des facteurs de risque de développer une forme grave (diabète, obésité, insuffisances rénale chronique, respiratoire, cardiaque, hypertension artérielle, etc.), en particulier si elles ne sont pas ou pas complètement vaccinées.

Un blister, deux molécules

Le traitement est conditionné dans une boîte contenant 5 blisters, soit 30 comprimés. Chaque blister comprend 4 comprimés de nirmatrelvir et 2 de ritonavir. La posologie est de 2 comprimés de nirmatrelvir, soit 300 mg (ou 1 seul comprimé en cas d’insuffisance rénale modérée), administrés avec un comprimé de ritonavir, soit 100 mg, toutes les 12 heures pendant 5 jours. Les comprimés sont avalés ensemble et entiers, avec ou sans nourriture.

Toujours un médecin derrière

Paxlovid est inscrit sur la liste I. La prescription est obligatoire et peut être établie par tout médecin. Plusieurs situations sont possibles :

– le patient se présente de lui-même avec une ordonnance à délivrer ;

– le médecin prescrit une ordonnance conditionnelle (« Délivrance par le pharmacien sous réserve de résultat positif du test antigénique ») ;

– si un patient a des symptômes évocateurs du Covid-19 et certains facteurs de risque, l’officine lui propose immédiatement un test antigénique. S’il est positif, le patient est adressé vers son médecin traitant.

Une ordonnance à code-barres

Le patient a été enregistré par le médecin sur la plateforme web mise en place par le laboratoire Pfizer, ap-paxlovid.com. Le pharmacien titulaire doit au préalable créer un compte sur cette plateforme à laquelle il s’inscrit à l’aide de sa carte CPS ou e-CPS. L’ordonnance comporte un code-barres d’identification unique du patient, qui est scanné. Le pharmacien s’assure que les conditions de délivrance sont correctes : conformité de l’ordonnance, critères d’éligibilité, délai, absence de contre-indications ou d’interactions médicamenteuses majeures avec un traitement existant (voir « Paxlovid, des interactions à la pelle », pp. 22-23).

Deux à trois livraisons par jour

La commande s’effectue par téléphone au 0805 98 79 49 (appel gratuit). Un premier contingentement de 10 000 traitements est mis à disposition par Santé publique France. Ce stock d’Etat est acheminé aux officines et aux pharmacies à usage intérieur par les dépositaires.

Les officines sont livrées du lundi au samedi, deux fois par jour, dans un délai de 12 à 24 heures suivant la commande. Toute commande effectuée avant 11 heures est livrée dans l’après-midi. Passée avant 18 h, elle arrive le lendemain. En Ile-de-France, une troisième livraison est possible : les traitements commandés avant 16 h 30 pourront être acheminés en fin d’après-midi. Au-delà, ils parviendront chez le destinataire le lendemain. Une astreinte est assurée le dimanche. Les livraisons respectent les horaires d’ouverture des officines. En cas de retard, le pharmacien sera directement prévenu par le dépositaire. A noter que c’est lui qui assure le décommissionnement des boîtes de médicaments avant la livraison.

Dispenser ou ne pas dispenser

Le patient doit être immédiatement prévenu de la disponibilité de son traitement. Au dos du colis livré figure son numéro d’identification. Celui-ci doit être reporté sur la boîte du médicament. Le patient débute le traitement le plus rapidement possible.

Le pharmacien insiste sur l’importance de respecter la posologie et met une notice à sa disposition. Le code-barres présent sur l’ordonnance est scanné sur la plateforme. La date de délivrance et le numéro de lot y sont renseignés.

En cas de non-délivrance, le pharmacien doit en porter la mention sur la fiche du patient. La boîte est alors conservée pour un éventuel autre patient. Un médicament non utilisé peut également être retourné à Santé publique France.

Tout événement sanitaire indésirable est à déclarer sur signalement-sante.gouv.fr.

Pas acheté mais facturé

Ce médicament étant issu d’un stock d’Etat, les officines n’ont pas à l’acheter. La facturation à l’Assurance maladie s’effectue en scannant le code CIP correspondant (34009 302 455 1 4). La prise en charge s’effectue à hauteur de 65 %.

La rémunération comprend les honoraires de dispensation (9,22 € TTC), ceux liés à l’ordonnance (0,51 € TTC), à la boîte (1,02 € TTC) et le cas échéant à l’âge (1,58 € TTC), soit une rémunération totale TTC de 10,75 à 12,33 € si le patient a 70 ans ou plus. Des coefficients de majoration s’appliquent aux départements et régions d’outre-mer (Drom).