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© Getty Images
Négociations conventionnelles : quelle somme atterrira dans la poche des pharmaciens en cas de signature ?
La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) divergent sur l’analyse des montants des revalorisations proposées par la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam). Avis de Joël Lecoeur, expert-comptable, président Groupement CGP (Conseil Gestion Pharmacie) sur les montants proposés.
Selon l’USPO, l’offre de la Cnam est très insuffisante. Une signature de l’avenant est impossible.
« La Cnam prétend revaloriser les pharmacies de manière suffisante mais elle ne prend pas en compte la croissance naturelle impactée par la baisse du coût du médicament, l’inflation et l’augmentation des charges. C’est pourquoi elle part sur des bases tronquées en estimant l’augmentation de la marge à 7 %. Or, selon les calculs des experts-comptables sollicités, elle est à peine de 2 % », note Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO.
Selon le syndicat, les charges des officines ont en effet augmenté de 23 400 € par an et par pharmacie depuis les 4 dernières années. « La proposition de la Cnam revient à proposer 7 700 € par an et par pharmacie sur les 4 prochaines années. Avec l’inflation et l’augmentation des charges, les pharmacies perdront en moyenne 53 632 € par an », explique Pierre-Olivier Variot. L’offre posée sur la table est de 180 millions d’euros à l’horizon 2 027.
Selon la FSPF, l’offre de la Cnam est insuffisante mais intéressante. Le syndicat est dans une signature de combat.
À l’instar de l’USPO, la FSPF trouve l’offre de la Cnam insuffisante mais néanmoins intéressante. « Sans signature de l’avenant économique, la croissance naturelle de la pharmacie serait, selon l’Assurance maladie et Iqvia, de 670 millions par rapport à 2019. Avec une signature, la croissance serait de 734 millions en 2025 et 1,128 milliard en 2027. J’ai pour mandat d’obtenir une évolution de 1 milliard pour chaque année 2025, 2026 et 2027. La proposition de la Cnam est donc inférieure à mon mandat donné par les membres pour obtenir une signature », note Philippe Besset. Le 15 mai dernier, le président de la FSPF a fait une contre-proposition à la Cnam. Il se dit dans une « signature de combat ».
« Le compte n’y est pas du tout. La Cnam a raisonné en chiffres d’affaires, pas en EBE », note Joël Lecoeur.
La Cnam a avancé + 7 % d’augmentation de la rémunération du pharmacien (marge brute) entre 2022 et 2023. Or, selon les calculs de Joël Lecoeur, et à partir de l’échantillon de CGP, l’augmentation de marge s’est limitée à 2 % en 2023. Inversement, l’inflation des frais généraux et des frais de personnel a été exponentielle sur les deux dernières années, elle a imputé fortement les rentabilités. « Les divergences d’analyse des montants alloués par la Cnam entre l’USPO et la FSPF reposent sur deux raisonnements différents. L’USPO prend en compte l’évolution des frais généraux et des frais de personnel tandis que la FSPF calcule en marge brute. On a beau tourner le problème dans tous les sens : si les pharmaciens veulent maintenir le niveau d’excédent brut d’exploitation (EBE) de leurs officines par rapport à 2019 et ainsi leur pourvoir d’achat en euros courants, en tenant compte de l’inflation et de l’augmentation des charges, la Cnam doit rallonger son offre actuelle pour la porter dès aujourd’hui à 600 millions d’euros soit 30 000 euros d’EBE par officine. L’enveloppe proposée aujourd’hui est bien trop faible au regard de l’économie des officines. Outre de grosses vagues de licenciement, il faut s’attendre à une accélération des fermetures. Elles ont commencé, le mois d’avril dernier nous avons déjà enregistré 62 fermetures d’après des études de la Longue Vue, un bureau d’études de prospectives », explique Joël Lecoeur.
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