Vaccins anti-Covid-19 : des pharmaciens témoignent de nouvelles tensions

Le frémissement est palpable au comptoir. « Dimanche dernier, j’étais de garde et ça n’a pas loupé, le premier appel de client à l’ouverture était pour l’injection d’une quatrième dose », témoigne Sylvie De Graeve, pharmacienne installée au Muret (Haute-Garonne) qui regrette, une nouvelle fois, que la profession ait été prise de court par les annonces du gouvernement. « Celui-ci n’a pas appris de ses erreurs passées, je trouve scandaleux d’être informé par BFM TV, puis par un DGS-Urgent – tombé le lundi 14 mars à 19h41 – du lancement de la campagne de deuxième rappel pour les plus de 80 ans, alors que nous devons attendre 10 jours avant d’être livrés de nos commandes », fulmine-t-elle. Delphine Chadoutaud, titulaire à Orsay (Essonne), risque également d’être dans l’embarras pour satisfaire toutes les demandes de vaccins, qu’il s’agisse d’une 3^e ou d’une 4^e dose. « Avec la décrue de l’épidémie constatée au cours de ces dernières semaines, je ne consacre plus que 2 jours à la vaccination (vendredi et samedi) et, pendant 15 jours, je n’ai passé aucune nouvelle commande de vaccins car j’en avais suffisamment en stock, explique-t-elle. Or, j’ai déjà une vingtaine de demandes de 4^e dose et il ne me reste que 6 flacons de vaccin Pfizer et 2 flacons de vaccin Moderna à partager éventuellement avec des médecins qui m’en feront la demande ». A Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise), Pierre-Edouard Poiré, a comme bon nombre de pharmaciens déstocké avant de repasser commande cette semaine. « Avec l’annonce de la suspension du pass vaccinal, beaucoup de Français ont choisi de faire l’impasse sur la dose de rappel. Mais, les comportements changent avec la reprise de l’épidémie », témoigne-t-il.

La nouvelle plateforme de commandes ne fait que des mécontents

A cela s’ajoute la complexité de passer commande sur la nouvelle plateforme, opérationnelle depuis le 7 mars pour les vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna et, depuis le lundi 14 mars, pour le nouveau vaccin de Novavax. « On s’y perd, la commande n’est pas intuitive. A tel point que la première fois j’ai renoncé à passer commande », avoue Delphine Chadoutaux. Et Sylvie De Graeve renchérit : « Les critiques des pharmaciens pleuvent sur les réseaux sociaux ». A quand la simplification des commandes de vaccins, directement chez les grossistes-répartiteurs, avec une réception au fil de l’eau, s’interrogent les pharmaciens.