- Accueil ›
- Business ›
- Retail ›
- E-commerce ›
- Vente en ligne et financiarisation : démêler le vrai du faux
![Vente en ligne et financiarisation : démêler le vrai du faux](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2024/05/0d8dffc048c3d980015d97a2568df.jpg)
© Getty Images
Vente en ligne et financiarisation : démêler le vrai du faux
Depuis quelques mois, la menace d’une financiarisation du réseau officinal plane. Officiellement, elle est impossible. Dans les faits, certaines « associations » pourraient déjà en être les prémices. 5 questions et leurs réponses sur ce dispositif et ses impacts potentiels sur le maillage.
1-La financiarisation consiste à faire entrer des tiers non-pharmaciens au capital de son officine.
Vrai. Mais pour l’instant cette pratique est interdite. « Jusqu’à présent la France a fait le choix de ne pas autoriser des investisseurs extérieurs à la profession de pharmacien d’officine a été conforté par plusieurs décisions rendues par la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE), alors CJCE, en mai 2009. », note Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). En outre, la Cour a également considéré que le lien de subordination inhérent au contrat de travail conclu entre un pharmacien et un exploitant non pharmacien est de nature à mettre en péril l’indépendance du pharmacien. « En clair, ces arrêts proscrivent l’association d’un pharmacien avec un non-pharmacien au risque de remettre en cause l’indépendance de ce professionnel de santé », poursuit le président.
2-Certains montages financiers permettent néanmoins de commencer à financiariser l’officine.
Vrai. « En effet, via des montages financiers complexes certains fonds de pension ont déjà pris des parts dans des groupements. Certes, ils ne sont majoritaires mais c’est une tendance de fond. Forcément, ces actionnaires ont des demandes de rentabilité fortes auquel doivent d’ores et déjà répondre les pharmaciens de ces groupements. Notre syndicat a eu entre les mains des dizaines de contrats liant les pharmaciens à ces groupements. Nous les avons jugés très inquiétants. Quand les titulaires ne sont pas en mesure de répondre aux exigences financières requises, ils peuvent être licenciés en quelques semaines », explique Guillaume Racle, pharmacien et membre du bureau de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
3-Heureusement, le maillage officinal n’est pas encore ébranlé par la financiarisation.
Faux. « Nous observons déjà dans certaines grandes villes, des pharmacies mises à mal par la politique desdits groupements. En effet, le fait d’être adossé à ces structures permet de jouer sur les volumes et donc d’avoir une politique d’achat et de vente des médicaments ou de la parapharmacie très agressive. Face à cette concurrence, des pharmacies de moindres envergures ne peuvent pas lutter, certaines déclinent voire ferment », déplore Guillaume Racle.
4-La possible vente en ligne des médicaments, une autre forme de financiarisation, pourrait mettre à genoux le maillage.
Vrai. Le gouvernement a manifesté à plusieurs reprises son souhait de développer la vente en ligne. Or, dans tous les pays où la vente en ligne est autorisée, les pharmacies déclinent. Au Danemark où la vente en ligne de médicaments est possible, on compte 7 pharmacies pour 100 000 habitants, contre 32 officines pour 100 000 habitants en France. Idem pour la Suède, fervente promotrice du commerce de médicaments sur internet, dont le maillage est trois fois moins dense que celui de la France. Beaucoup d’experts jugent cette possibilité très menaçante pour le maillage salué jusqu’ici comme vertueux.
5-Aucune solution n’existe pour faire face à cette lame de fond.
Faux. Auditionnés par le Sénat sur les risques inhérents à la financiarisation, les deux syndicats de pharmaciens se sont dits opposés à des structures financières faisant main basse sur l’officine. Tous deux préconisent une série de mesures visant à empêcher l’accès de financier de non-pharmaciens au capital des officines. « Nous souhaitons une modification législative subordonnant la mise en œuvre de ces montages financiers à un avis conforme de l’Ordre national des pharmaciens, avec obligation pour les pharmaciens d’officine de communiquer les contrats d’émission d’obligations à l’institution ordinale, pour un contrôle préalable », note Philippe Besset. Lors de l’achat d’une officine, ils souhaitent aussi le traçage de l’origine des fonds (économies du pharmacien, prêt familial ou apport d’une structure extérieure) et une certification par les banques. Il leur paraît aussi indispensable d’informer les étudiants pendant leurs études des risques inhérents à la financiarisation. Enfin, l’USPO, plaide pour aider les jeunes à s’installer dans de bonnes conditions notamment via la mise en place « d’un fonds éthique géré par une structure type GIE (groupement d’intérêt économique, NdlR) avec tous les acteurs de la profession. L’idée n’est pas de vendre une officine plus chère mais de permettre à davantage de jeunes confrères d’en reprendre », précise le président de l’USPO.
![Pharmaciens et IA : l’ère du professionnel augmenté](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2025/02/iStock-2160652611-680x320.jpg)