- Accueil ›
- Préparateurs ›
- Délivrance ›
- Un homme avec une infection sexuellement transmissible
Un homme avec une infection sexuellement transmissible
Isaac C. souffre de brûlures mictionnelles associées à un écoulement urétral purulent après des relations sexuelles non protégées. Le médecin lui prescrit un antibiotique à débuter après prélèvements en laboratoire d’analyses.
Ce que je dois savoir
Législation
Depuis 2010, certains préservatifs, marque Eden ou Sortez couverts !, prescrits par un médecin ou une sage-femme, sont pris en charge à 60 % dans le cadre de la lutte contre les infections sexuellement transmissibles (IST).
Contexte
Cette ordonnance comporte des antibiotiques actifs sur les deux infections sexuellement transmissibles les plus fréquentes, associées dans 10 à 20 % des cas.
• La gonorrhée, due à la bactérie Neisseria gonorrhœæ, ou gonocoque, se transmet par contact direct lors de rapports sexuels oraux ou ano-génitaux. Elle reste asymptomatique ou entraîne des symptômes urogénitaux : urétrite avec écoulement purulent, parfois inflammation du méat ou balanite chez l’homme, urétrite et/ou cervicite chez la femme. Anite, diarrhées, oropharyngite en cas de rapports buccaux ou conjonctivite après manuportage sont possibles. Non traitée, l’infection peut se compliquer d’abcès, prostatite ou épididymite, de salpingite.
• La chlamydiose, due à la bactérie Chlamydia trachomatis, représente, avec le gonocoque, la cause principale des urétrites. Asymptomatique dans plus de 50 % des cas, notamment chez la femme, elle peut aussi entraîner une cervicite avec leucorrhées, voire spotting, dyspareunies, cystalgies… Les principales complications sont une épididymite et une salpingite, avec risques de stérilité et de grossesse extra-utérine.
Objectifs
• Les antibiotiques sont prescrits de façon probabiliste, c’est-à-dire sans attendre le résultat des analyses, contre la gonorrhée et la chlamydiose. Ils sont précédés de prélèvements à partir de l’écoulement urétral ou par écouvillonnage endo-urétral pour confirmer le ou les germes en cause et d’un antibiogramme en raison de la résistance fréquente de ces germes. La consultation prévue après les résultats vérifie l’amélioration clinique et adapte, si besoin, le traitement antibiotique.
• Les préservatifs évitent la transmission sexuelle des infections au(x) partenaires(s).
Médicaments
Ceftriaxone
Cette céphalosporine de troisième génération est indiquée en première intention contre les IST non compliquées à gonocoque. Elle inhibe la synthèse de la paroi cellulaire bactérienne.
Azithromycine
Macrolide indiqué en monodose dans les urétrites et cervicites dues à Chlamydiae trachomatis, l’azithromycine inhibe la synthèse des protéines bactériennes.
Dispositif médical
Eden XL préservatif
Préservatif lubrifié en latex naturel de forme évasée et texture lisse, modèle XL (190 mm/57 mm), à la fois moyen de contraception et de prévention des IST.
Repérer les difficultés
• Vérifier que les prélèvements ont eu lieu avant de débuter le traitement.
• Expliquer la prise unique et la notion de traitement probabiliste, qui peut nécessiter des ajustements après les prélèvements et/ou si les signes persistent.
• Inciter au dépistage du ou des partenaires, même asymptomatiques.
• Préciser les mesures pour éviter la transmission jusqu’à guérison, puis au quotidien.
Ce que je dis au patient
J’ouvre le dialogue
« Vous avez fait les prélèvements au laboratoire ? » vérifie que le patient peut débuter le traitement. « Le médecin vous a expliqué qu’il faut prendre le traitement avant les résultats, même si un autre médicament peut être nécessaire ensuite ? Avez-vous pris rendez-vous avec une infirmière ? » évalue la compréhension du traitement. « Les mesures de prévention sont essentielles pour protéger vos partenaires et vous-même. Vous voulez faire le point ? » interroge sur les connaissances.
J’explique le traitement
Mécanisme d’action
Les deux antibiotiques tuent les principales bactéries responsables de l’infection, c’est pourquoi on les donne avant les résultats des prélèvements. Si ceux-ci montrent une autre cause, le médecin adaptera le traitement. Ces infections étant sexuellement transmissibles, il est impératif d’observer une période d’abstinence jusqu’à guérison, soit sept jours si le traitement est efficace, ou d’utiliser des préservatifs en cas de rapports sexuels. Le traitement ne protège pas d’une recontamination.
Mode d’administration
• Ceftriaxone : une injection par voie intramusculaire profonde réalisée par une infirmière le plus tôt possible. La dose de 1 g est en accord avec les nouvelles recommandations de 2020 de la branche européenne de l’Union internationale contre les infections sexuellement transmissibles (IUSTI-Europe) relatives aux infections gonococciques de l’adulte.
• Azithromycine Monodose : quatre comprimés à 250 mg en une prise, le plus tôt possible.
• Eden : utiliser un préservatif systématiquement en cas de rapport sexuel buccal, génital ou anal jusqu’à sept jours au moins après la prise des antibiotiques.
Effets indésirables
• Ceftriaxone : diarrhées, selles molles, éruption cutanée.
• Azithromycine : céphalées, vomissements, douleurs abdominales, nausées.
J’accompagne
Surveillance
La consultation est systématique après sept jours afin de vérifier la guérison et/ou adapter au besoin le traitement selon les résultats des prélèvements. En cas de vomissements après la prise de l’azithromycine, contacter le médecin pour connaître la conduite à tenir.
Dépistage
• Prévenir ses partenaires, y compris asymptomatiques, pour un dépistage des IST. Des prélèvements uro-génitaux, voire pharyngés et anaux, sont nécessaires pour dépister et traiter les infections le cas échéant. Même asymptomatiques, elles peuvent se compliquer et entretenir le cercle des contaminations.
• L’infection est l’occasion de dépister d’autres IST, notamment VIH, hépatites B et C, syphilis… En raison du risque de complications graves, la recherche de chlamydiae est recommandée systématiquement chez les femmes sexuellement actives entre 15 et 25 ans, puis tous les ans en cas de rapports non protégés. Idem pour les hommes avec facteurs de risque : antécédent d’IST, multi-partenariat, sexe avec des hommes…
Prévention
• Les préservatifs : seul moyen de se protéger des IST, à utiliser tant que le statut sérologique vis-à-vis des IST n’est pas connu pour les partenaires. Une digue dentaire, ou « carré de latex », peut éviter les contaminations lors de rapports bucco-génitaux/anaux.
• Vaccinations : contre l’hépatite B et les papillomavirus, recommandées pour les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes jusqu’à l’âge de 26 ans.
Vente associée
Proposer un lubrifiant à base d’eau sans corps gras susceptibles de détériorer le latex : Durex Natural, K-Y gelée, Saforelle lubrifiant…
Prescription
Dr B., généraliste.
Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic des infections par le VIH, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles (CeGIDD).
Isaac C., 25 ans, 73 kg, 1,68 m.
• Ceftriaxone IM solution injectable 1 g/3,5 ml
1 g en injection intramusculaire.
Azithromycine monodose 250 mg cp 1 g en une prise.
• Eden XL préservatif 1 boîte de 12.
Consultation dans 7 jours.
Dico +
→ Urétrite : infection de l’urètre, canal qui véhicule l’urine de la vessie vers l’extérieur.
→ Méat urétral : partie terminale du canal de l’urètre.
→ Balanite : inflammation du gland de la verge.
Dico +
→ Cervicite : inflammation du col de l’utérus.
→ Anite : inflammation de la région de l’anus.
→ Épididymite : inflammation de l’épididyme, canal qui relie les testicules et la prostate.
→ Spotting : légères pertes de sang en dehors des règles.
→ Dyspareunies : douleurs durant les rapports sexuels.
→ Cystalgies : douleurs de la vessie.
→ Salpingite : infection des trompes utérines.
Le patient me demande
« J’ai fait le dépistage du VIH. Vous n’auriez pas un autotest pour que j’aie un résultat aujourd’hui ? »
Tout dépend de quand datent le ou les rapports à risque. Il faut un délai de trois mois au moins pour que l’autotest VIH puisse détecter des anticorps avec un résultat fiable. Si c’est le cas, il peut en effet vous donner un résultat d’orientation, qui devra de toute façon être confirmé par une prise de sang. Pour cette dernière, le délai de détection des anticorps dans le sang est de six semaines après un rapport à risque.
- Formation à la vaccination : pas de DPC pour les préparateurs en 2025
- [VIDÉO] De la grossesse à la naissance : un accompagnement en officine personnalisé proposé par Amandine Greco, préparatrice
- [VIDÉO] Accompagnement post-natal en officine : les papas aussi !
- Entretiens pharmaceutiques en oncologie : tous concernés !
- Océane vient d’être diagnostiquée narcoleptique
![Les dispositifs de série pour abduction des hanches du nourrisson](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2025/01/3-FrejkacoussindabductionAM-SB-074Kids-680x320.jpeg)