Médicaments génériques : les remises des pharmaciens menacées ?

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Médicaments génériques : les remises des pharmaciens menacées ?

Publié le 29 mars 2022
Par Francois Pouzaud
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L’association Gemme (GEnérique Même MEdicament) aurait aimé souffler ses 20 bougies (elle a été créée en 2002) d’une manière un peu plus festive mais l’état du marché du générique en ville en 2021 n’y incite pas vraiment les 22 acteurs industriels qui la composent. Alors que la progression du marché pharmaceutique remboursable hors Répertoire des génériques culmine à 10 % en valeur, le médicament générique progresse péniblement de 2,9 % en chiffres d’affaires, malgré une hausse des unités de 5,1 %. La baisse des prix (2 à 4 % en moyenne, 60 M€ en 2021) et des tarifs forfaitaires de responsabilités (TFR) n’y est pas étrangère.

Avec une part de marché l’an dernier de 41 % en volume et de 19 % en valeur, la France accuse toujours un retard important du générique par rapport aux standards européens (plus de 75% de pénétration des génériques au Royaume-Uni, en Allemagne, aux Pays-Bas…).

Plus grave, l’impact délétère de la clause de sauvegarde (dispositif de régulation consistant au paiement d’une contribution déclenchée au-delà d’un seuil d’accroissement fixé par le gouvernement par rapport à l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie), estimée pour 2021 autour de 400 M€ et jugée injuste par les génériqueurs (car mis à même niveau de contribution que les laboratoires de médicaments innovants et coûteux), assèche selon la taille et la place de l’entreprise sur le marché français entre 30 % et 100 % de sa rentabilité. Conséquence : s’il n’y a plus ou presque plus de rentabilité, les génériqueurs baisseront drastiquement les remises commerciales aux pharmaciens.

L’offre pourrait également se réduire. En effet, cette politique de régulation économique et financière menace aujourd’hui la viabilité d’un secteur qui pèse 15 000 emplois et plus de 60 sites industriels en France. « Un des acteurs du générique a cessé ses activités en ville », alerte Stéphane Joly, président du Gemme. Et de déclarer : « Avec la reprise forte de l’inflation conjuguée à la hausse énergétique, le prix de revient industriel va augmenter et rendre exsangue la rentabilité de nos entreprises. »

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L’espoir des hybrides

Les industriels du Gemme misent désormais sur le développement de la substitution des médicaments « hybrides » (potentiel de chiffre d’affaires de 300 à 400 millions d’euros) et sur celui du marché des biosimilaires qui, en ville, n’est toujours pas à la hauteur des ambitions affichées (+ 10,5 % en valeur, + 20,9 % en volume en 2021 pour un taux moyen de pénétration en officine de 25,3 %, alors que l’objectif fixé par l’Etat était de 80 % en 2022 !).