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L’herpès

Publié le 25 avril 2022
Par Nathalie Belin
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Les Herpes simplex virus sont responsables de l’herpès oro-facial et de l’herpès génital. Les antiviraux n’éradiquent pas les virus, qui perdurent à l’état latent et peuvent entraîner des récurrences nécessitant des mesures pour éviter une transmission à l’entourage.

La maladie

Physiopathologie

Herpès simplex virus

• Les Herpes simplex virus (HSV) sont des virus à ADN appartenant à la famille des Herpesviridae, qui comprend aussi le virus de la varicelle et du zona (VZV), le cytomégalovirus (CMV) et le virus d’Epstein-Barr (EBV).

• Les HSV sont des virus enveloppés, donc relativement fragiles dans l’environnement. Leur pouvoir infectieux est estimé à une à deux heures sur la plupart des supports. Leur transmission est strictement interhumaine puisque l’homme en constitue le seul réservoir.

• Les HSV sont des virus dermo-neurotropes, c’est-à-dire qu’ils se fixent préférentiellement au niveau cutané et sur le système nerveux. Ils sont responsables d’infections cutanéo-muqueuses, et sont capables de perdurer à l’état latent dans l’organisme au niveau des ganglions sensitifs. Il en existe deux types :

→ HSV-1, le plus souvent impliqué dans les atteintes oro-faciales, mais aussi génitales, suite à une transmission oro-génitale ;

→ HSV-2, responsable de l’herpès génital, l’une des infections sexuellement transmissibles (IST) les plus fréquentes. Il est parfois retrouvé dans des lésions herpétiques buccales du fait d’une transmission oro-génitale.

• Au cours de ces dernières années, les herpès génitaux liés à HSV-1 sont en augmentation : 15 à 40 % des cas selon les études, voire davantage chez les jeunes.

Primo-infection et latence

• Après le premier contact avec l’organisme, ou primo-infection, qui se fait souvent dans l’enfance pour HSV-1, le virus diffuse le long des neurones sensitifs et persiste à l’état latent dans les ganglions sensitifs innervant le territoire de la primo-infection : le ganglion de Gasser (voir Dico+) pour l’atteinte oro-buccale, et les ganglions sacrés pour l’atteinte génitale.

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• À l’état latent, le génome viral ne s’intègre pas au génome cellulaire. Le virus ne se réplique donc pas, ce qui lui permet d’échapper au système immunitaire et aux antiviraux.

• Chez certains patients infectés, le virus reste inactif et ces derniers ne connaîtront jamais de manifestations cliniques. Chez les autres, le virus peut se réactiver.

Réactivations

Sous l’effet de certains facteurs et/ou lors d’une immunodépression, même passagère, le virus chemine en sens inverse le long des fibres nerveuses et se réplique au niveau du territoire cutanéo-muqueux, où a eu lieu la primo-infection. Ces réplications virales peuvent se manifester par :

• une récurrence clinique, appelée aussi « récurrence » ou « poussée d’herpès », dont les symptômes sont souvent moins sévères que la primo-infection ;

• une excrétion virale asymptomatique : le virus est présent dans les sécrétions buccales, génitales, oculaires, mais le patient est asymptomatique.

Transmission

Par contact direct

La transmission se fait :

• par contact direct cutanéo-muqueux : salive, lésions cutanées (voir Signes cliniques), relations sexuelles génitales, oro-génitales et anales. Le virus étant fragile en milieu extérieur, une contamination via des objets souillés est considérée comme faible ;

• à l’occasion de la primo-infection, d’une récurrence, voire d’une excrétion virale asymptomatique. Cette dernière, intermittente, peut notamment être à l’origine de la transmission de l’herpès génital et de l’herpès néonatal (voir Complications).

Concernant l’herpès génital

• La pénétration n’est pas nécessaire à la contamination car les lésions peuvent siéger sur le pourtour des organes génitaux. Certains facteurs de risque d’infections à HSV-2 sont connus : sexe féminin, nombre de partenaires sexuels, précocité du premier rapport, antécédents d’infection sexuellement transmissible, infection à VIH, faible niveau socio-économique. Pour l’infection génitale par HSV-1, les facteurs de risque sont les contacts oro-génitaux.

• L’excrétion virale asymptomatique est d’autant plus importante que l’infection est due à HSV-2, que la primo-infection est récente – moins d’un an – et qu’il y a plus de douze récurrences par an. Par ailleurs, les lésions érosives liées à HSV-2 sont un facteur de risque d’acquisition mais aussi de transmission du VIH, l’infection herpétique étant susceptible de stimuler la réplication du VIH.

Facteurs favorisant les récurrences

D’une manière générale, toute baisse de l’immunité favorise les récurrences d’herpès. Certaines circonstances sont souvent décrites : fièvre, infections, traitement immunomodulateur (corticoïde…), exposition aux UV pour l’herpès oro-facial, menstruations, stress, fatigue, traumatisme local tel que chirurgie buccale, dermabrasion… et, pour les récurrences d’herpès génital, l’effet mécanique des rapports sexuels.

Signes cliniques

Herpès oro-facial

Primo-infection

Elle survient dans l’enfance ou chez l’adulte jeune, cinq jours en moyenne après le contact infectant, mais elle est asymptomatique dans 70 à 90 % des cas.

Lorsqu’elle est symptomatique, elle se manifeste classiquement par une gingivo-stomatite aiguë, douloureuse, associée à une fièvre élevée. Les vésicules, regroupées en bouquet, siègent au niveau des lèvres, des gencives, de la langue, du palais et/ou du pharynx. Leur rupture entraîne des ulcérations douloureuses rendant l’alimentation difficile. L’évolution est favorable en sept à dix jours en général.

Récurrences

Les signes cliniques sont identiques à ceux de la primo-infection mais moins marqués et la guérison est plus rapide. Les lésions siègent souvent sur le bord de la lèvre, c’est le « bouton de fièvre ». D’autres localisations sont possibles : narine, menton, joue…

Leur apparition est précédée de prodromes (= symptômes avant-coureurs) à types de brûlures, démangeaisons, picotements, rougeur, sensations d’engourdissement.

Herpès génital

Primo-infection

Elle n’est symptomatique que dans 10 à 50 % des cas. Après une période d’incubation de six à sept jours en moyenne, les lésions, vésicules, puis ulcérations, siègent sur les organes sexuels et/ou à proximité : cuisses, fesses, parfois atteinte anale isolée. Chez la femme, la primo-infection prend souvent l’aspect d’une vulvovaginite aiguë, avec parfois un œdème vulvaire important, une dysurie (= difficultés mictionnelles) et de la fièvre. Chez l’homme, elle est moins intense et prend la forme d’une balanite (inflammation du gland). En l’absence de traitement, elle dure dix à vingt jours en moyenne.

Récurrences

Les lésions sont atténuées et précédées de prodromes à types de prurit, brûlures, picotements. Des brûlures mictionnelles sont aussi des signes annonciateurs de la poussée. À noter. L’herpès anal et péri-anal, en hausse chez les femmes et les hommes homosexuels, présente souvent une symptomatologie bruyante : fièvre, vésicules/ulcérations périanales, écoulement anal.

Autres localisations

• Les lésions d’herpès peuvent atteindre tous les sites cutanés, parfois par auto-inoculation, ou du fait d’une immunosuppression : cuisses, mains… Le panaris herpétique est l’une des formes les plus connues. L’herpès est également la première cause d’érythème polymorphe récurrent (voir Dico+).

• L’atteinte oculaire peut être liée à une auto-inoculation ou à la réactivation rare mais possible du virus via le nerf ophtalmique plutôt que mandibulaire ou maxillaire. Souvent unilatérale, l’infection peut concerner la paupière (= blépharite), la conjonctive ou la cornée (= kératite). Cette dernière se manifeste par une baisse de l’acuité visuelle, une douleur oculaire et nécessite une consultation en urgence.

Complications

Selon les localisations

• Une poussée d’herpès oro-facial peut exceptionnellement se compliquer d’atteintes graves, comme une encéphalite herpétique ou une hépatite. De même, en cas d’herpès génital, les complications viscérales (hépatites, méningites…) restent exceptionnelles chez un sujet immunocompétent.

• Les plus graves atteintes herpétiques de l’œil sont les kératites herpétiques. Elles peuvent guérir spontanément, mais les récurrences laissent des cicatrices qui peuvent, à la longue, être à l’origine d’une baisse définitive de l’acuité visuelle. Une consultation et une prise en charge auprès d’un spécialiste sont impératives.

Selon le terrain

• Chez le patient immunodéprimé. Les atteintes peuvent être plus sévères et étendues et les récurrences, plus fréquentes. Le risque de dissémination de l’infection est plus important avec encéphalite, kératite, hépatite…

• Chez le sujet atopique. L’infection herpétique des lésions de dermatite atopique peut, dans les cas les plus graves, entraîner une atteinte disséminée, appelé syndrome de Kaposi-Juliusberg.

• Au cours de la grossesse. La plupart des primo-infections et des récurrences sont similaires à celles décrites en dehors de la grossesse. Exceptionnelle et survenant principalement lors d’une primo-infection herpétique au troisième trimestre, une hépatite fulminante constitue une urgence en raison de la gravité du pronostic maternel et fœtal : mort in utero, retard de croissance, atteintes oculaires neurologiques, cardiaques.

• Chez le nouveau-né. L’herpès néonatal est rare mais très grave, avec un risque d’atteinte neurologique ou de formes disséminées avec 40 à 70 % de mortalité. La contamination peut avoir lieu in utero lors d’une primo-infection de la mère, ou, le plus souvent, à l’accouchement par contact direct avec les sécrétions maternelles. Une contamination post-natale du nouveau-né est également possible à partir d’une atteinte oro-faciale ou génitale.

Diagnostic

Clinique, parfois biologique

• Herpès oro-facial et cutané. Le diagnostic est essentiellement clinique, basé sur l’aspect des lésions et leur caractère récurrent. Les examens biologiques destinés à isoler le virus sur un prélèvement des lésions ne sont effectués qu’en cas de lésions inhabituelles.

• Herpès génital. La clinique permet le plus souvent d’affirmer le diagnostic. Une confirmation virologique est nécessaire en cas de doute, ou pour préciser la souche virale. Par ailleurs, la recherche d’autres IST est systématiquement proposée : chlamydia, gonocoque, VIH, syphilis et hépatite B.

• Patient immunodéprimé, femme enceinte. Une confirmation virologique est nécessaire pour affirmer le diagnostic en l’absence d’antécédents connus d’herpès.

• Nouveau-né. Une recherche virale est faite sur des prélèvements oculaires et pharyngés si la mère présente des lésions évocatrices d’herpès à l’accouchement. Elle est recommandée également en cas d’antécédents d’herpès génital, même sans lésions.

Confirmation virologique

L’isolement du virus en culture cellulaire à partir d’un prélèvement des lésions est la méthode de référence. Le résultat, obtenu en deux à trois jours environ, permet un typage du virus pour différencier HSV-1 et HSV-2. La détection du génome viral par PCR (Polymerase Chain Reaction) est une technique plus sensible et rapide mais, à ce jour, plus coûteuse et non remboursée.

Évolution

• En dehors des formes graves, l’herpès est dans la grande majorité des cas une maladie bénigne. Toutefois, la fréquence des poussées, très variable selon les patients, peut considérablement altérer la qualité de vie, surtout en cas d’herpès génital. D’une manière générale, les récurrences tendent à diminuer avec le temps.

• Au niveau génital, l’infection à HSV-1, outre une excrétion virale asymptomatique moins fréquente que HSV-2 (voir Transmission), est également caractérisée par un risque de transmission plus faible et par une moindre fréquence des récurrences.

Son traitement

Objectifs

Outre des mesures conseillées pour limiter le risque de transmission de l’infection, la prise en charge vise à limiter la douleur, la durée de la poussée et la période de contagion.

En cas de récurrences fréquentes, l’objectif est de diminuer le nombre de poussées et la fréquence des épisodes d’excrétion virale asymptomatique.

Stratégie

Les antiviraux inhibent la réplication virale. Ils n’éliminent pas les virus à l’état latent, ce qui explique les récurrences de la maladie. Un antalgique de type paracétamol peut être prescrit au besoin pour soulager la douleur.

Les antiseptiques locaux tels que chlorhexidine aqueuse, Dakin… n’ont pas d’intérêt sauf en cas de surinfection des lésions.

Indications des antiviraux

• Par voie orale. En cas de primo-infection, les antiviraux réduisent la douleur, la durée des symptômes et la contagion. Dans le traitement des récurrences, ils diminuent légèrement la durée des symptômes et la contagion s’ils sont débutés dès les prodromes. En prophylaxie, ils limitent le nombre de poussées et améliorent la qualité de vie.

• Par voie locale. Ils ne sont recommandés que dans l’herpès oculaire. Leur intérêt est mal démontré dans les récurrences d’herpès orofacial mais l’emploi de l’aciclovir est fréquent en automédication. Ils ne sont pas préconisés dans les récurrences d’herpès génital en raison d’une efficacité insuffisante et du risque de sélection de souches résistantes.

Herpès oro-facial

• Primo-infection. Le valaciclovir est préféré à l’aciclovir en raison de sa facilité d’emploi. L’aciclovir par voie orale est seul utilisable avant 12 ans. Si la voie orale est impossible, et chez les moins de 2 ans, on recourt à l’aciclovir par voie intraveineuse.

• Récurrences. Le valaciclovir à dose importante, en prise sur une seule journée, a un intérêt s’il est instauré dès les premiers symptômes. L’aciclovir a une AMM si l’atteinte est sévère.

• Traitement préventif. En cas d’herpès labial induit par le soleil, un photoprotecteur est recommandé avant toute exposition solaire. Chez les patients ayant plus de six récurrences par an d’herpès labial non induit par le soleil, un traitement prophylactique par valaciclovir ou aciclovir est envisagé afin de réduire le nombre de récidives, avec une réévaluation tous les six à douze mois.

Herpès génital

• Primo-infection ou infection initiale non primaire (voir Dico+). Valaciclovir et famciclovir sont préférés à l’aciclovir.

• Récurrences. Valaciclovir et famciclovir (ou aciclovir) limitent la gêne et le risque de contagion. Il est recommandé que le patient dispose d’une prescription à l’avance afin de débuter le traitement dès les premiers symptômes.

• Traitement préventif. Valaciclovir, famciclovir et aciclovir au long cours sont indiqués s’il y a plus de six récurrences par an. La poursuite du traitement est réévaluée au bout d’un an.

Herpès oculaire

Le traitement relève de l’ophtalmologiste.

• Traitement curatif. Selon le type d’atteinte, superficielle ou profonde, le traitement repose sur les antiviraux locaux et/ou par voie générale. Dans les kératites herpétiques profondes, un corticoïde local peut être nécessaire en complément pour diminuer l’inflammation intraoculaire.

• Traitement préventif. Valaciclovir ou aciclovir chez ceux ayant plus de deux ou trois épisodes de kératite herpétique par an.

Chez la femme enceinte

• Les antiviraux sont utilisés selon les mêmes modalités. « La prise en charge de l’herpès génital relève dans tous les cas du gynécologue obstétricien », indique le Dr Odile Bagot, gynécologue, ancienne interne et chef de clinique des Hôpitaux de Strasbourg (67) et autrice de Vagin & Cie, on vous dit tout ! (Éd. Mango).

• En règle générale, une primo-infection génitale lors de la grossesse fait recommander un traitement antiviral, à poursuivre jusqu’au terme, afin de diminuer le risque de poussées au moment de l’accouchement(1). En cas de récurrences herpétiques, la décision d’un traitement prophylactique antiviral est décidée au cas par cas.

• Une césarienne est indiquée en cas de récurrence d’herpès à l’approche du terme(1).

Chez le nouveau-né

L’aciclovir par voie intraveineuse, à raison de 60 mg/kg par jour, est indiqué durant vingt et un jours dans les formes neurologiques ou disséminées, et pendant quatorze jours dans les formes localisées.

Patients immunodéprimés

Les antiviraux sont indiqués sur des durées plus longues. Le foscarnet (Foscavir, à l’hôpital) est indiqué en cas de résistance des antiviraux classiques.

Médicaments

Molécules

• Par voie générale (voir tableau p. 42) : aciclovir, famciclovir, valaciclovir.

• Par voie cutanée : aciclovir 5 % avec tube de 10 g indiqué dans l’herpès génital, et celui de 5 g dans l’herpès labial.

• Par voie ophtalmique : aciclovir, trifluridine (Virophta), ganciclovir (Virgan).

Mode d’action

Analogues nucléosidiques entrant en compétition avec les nucléotides naturels, les antiviraux ci-dessus inhibent l’ADN polymérase virale et bloquent ainsi la réplication de l’ADN viral. Pour être actifs, ils nécessitent une tri-phosphorylation qui fait intervenir une enzyme virale spécifique, la thymidine kinase.

• Biodisponibilité. Faible pour l’aciclovir, dont la demi-vie plasmatique est courte. Le valaciclovir, prodrogue de l’aciclovir, a une meilleure biodisponibilité. Le famciclovir est métabolisé en penciclovir, la forme active. Il dispose d’une bonne biodisponibilité par voie orale, de l’ordre de 77 %.

• Élimination rénale. Tous les antiviraux cités précédemment nécessitent une adaptation de la posologie chez l’insuffisant rénal.

Effets indésirables

• Voie générale. Céphalées et nausées sont les plus fréquentes. Sont également rapportés vertiges, éruptions cutanées avec prurit, réactions de photosensibilité sous valaciclovir, plus rarement troubles neurologiques, avec agitation, confusion, hallucinations, tremblements…, voire insuffisance rénale aiguë favorisée par une hydratation insuffisante (patients âgés ou fonction rénale altérée). Autres : des réactions cutanées graves mettant en jeu le pronostic vital sont rapportées sous valaciclovir et famciclovir.

• Voie cutanée. Sensations de brûlures, picotements transitoires, rares allergies cutanées avec eczéma de contact, urticaire…

• Voie ophtalmique. Brûlures et picotements transitoires. Le port de lentilles de contact est à éviter durant le traitement.

Les conseils aux patients

Observance

Antiviraux

• Recommander de débuter le traitement dès les prodromes (picotements, engourdissements) pour une meilleure efficacité.

• Sous traitement prophylactique, l’observance est essentielle pour limiter les récurrences et les périodes d’excrétion virale asymptomatique.

• En cas d’herpès oculaire, respecter le cas échéant quinze minutes d’intervalle entre chaque instillation et finir par le plus visqueux, gel ou pommade. Il est en général recommandé de suspendre l’usage des lentilles.

Gérer les effets indésirables

• Respecter les posologies prescrites et bien s’hydrater sous antiviral afin de faciliter son élimination. Alerter le médecin en cas d’apparition de troubles neurologiques : agitation, tremblements, confusion…

• Se protéger du soleil sous Zelitrex en raison d’un risque de réactions de photosensibilité.

• En cas d’herpès génital, uriner est particulièrement douloureux : « Je recommande de le faire sous la douche ou dans la baignoire en s’aidant d’un jet d’eau froide ou tiède afin de limiter la douleur », indique le Dr Bagot.

Soins locaux

Maintenir les lésions propres.

• Au niveau génital : toilette à l’aide d’un soin lavant doux dédié à la toilette intime pour ne pas irriter davantage la muqueuse. Séchage par tamponnements, sans frotter.

Des compresses d’eau froide ou des bains de siège froid peuvent soulager.

Prévoir des vêtements en coton confortables pour limiter les frottements et irritations.

• En cas d’herpès labial ou buccal : si les lésions se situent dans la bouche, des bains de bouche sans alcool aident à maintenir une bonne hygiène en complément du brossage si celui-ci est douloureux.

Automédication

Contre le bouton de fièvre

• Les antiviraux locaux (aciclovir, erazaban) s’utilisent cinq fois par jour, jusqu’à cicatrisation complète. Les études cliniques montrent que, appliqué dans les douze heures suivant le début des symptômes (sensations de picotements), l’aciclovir raccourcit la durée d’évolution des lésions d’un à deux jours.

• Certains patients sont satisfaits des topiques à base d’huiles essentielles antivirales et cicatrisantes : Olioseptil, Puressentiel, Aromaderm gel labial…

• Les patchs (Compeed, DermaPlast…) et les solutions filmogènes (Urgo…) limitent la contagion et favorisent la cicatrisation. Ils peuvent être combinés à une crème antivirale ou à des huiles essentielles une fois que la crème ou la solution a séché.

En cas d’herpès génital

• Le gel Clareva, formulé à base d’acides gras végétaux, calme les douleurs et favorise la cicatrisation.

• Une crème apaisante et cicatrisante, type Cicatridine crème intime, Cicalfate+ crème réparatrice et protectrice, Cicabio crème, Vea Olio…, peut aussi améliorer le confort.

• Attention aux corticoïdes. Par voie orale ou locale, ils sont formellement contre-indiqués en cas de virose en évolution, sauf indication vitale. Un collyre corticoïde peut être prescrit dans certaines kératites mais toujours en association à un antiviral.

Vie quotidienne

Primo-infection

Si l’alimentation est difficile, recommander de fractionner les prises et de privilégier des aliments mous ou semi-liquides (yaourts, compotes, purées, soupes…), froids ou tièdes.

« Anticiper » les poussées

• En cas d’herpès labial induit par le soleil, appliquer un écran labial protecteur systématiquement en cas d’exposition solaire. Éviter dans la mesure du possible les facteurs déclencheurs : stress, parfois prise d’alcool…

• Avoir sous la main, le cas échéant, un antiviral ou une prescription faite à l’avance afin d’agir dès l’apparition des premiers signes : brûlures, picotements, démangeaisons, engourdissements.

Limiter la contagion

• À quel moment ? Principalement au cours des poussées, même si elles sont minimes. Le virus est présent selon le cas au niveau des lésions cutanées, dans la salive, les larmes en cas d’herpès oculaire et les sécrétions génitales en cas d’herpès génital.

Le patient est contagieux dès le stade des prodromes (picotements, démangeaisons…) et jusqu’à la cicatrisation complète (stade des croûtes).

En dehors des poussées, le risque de transmission du virus existe, mais il est bien moindre.

• Envers qui ? L’entourage et en particulier les personnes à risque de forme grave : immunodéprimés, femmes enceintes, nourrissons, personnes souffrant de dermatite atopique.

• Comment ? Les lésions ne doivent pas entrer en contact direct avec l’entourage. Il faut éviter de les toucher pour éviter tout risque d’autoinoculation ou se laver les mains systématiquement après.

→ En cas d’herpès labial. Pas de baisers sur la bouche ou la peau, ni de contacts oro-génitaux.

Ne pas échanger couverts, brosse à dents, stick labial ; en cas de port de lentilles, ne pas les humecter avec sa salive.

→ En cas d’herpès génital. Éviter les rapports sexuels. Utiliser une serviette de toilette personnelle même si le risque de transmission indirect est rare. Il est à noter que la transmission du virus herpétique est plus fréquente dans le sens homme → femme.

Sexualité

L’herpès génital, du fait des ulcérations génitales ou des microtraumatismes présents lors des poussées, est un facteur de risque d’acquisition du VIH. Un dépistage des IST est recommandé au moment du diagnostic.

Projet de grossesse

Les poussées d’herpès ne sont pas plus fréquentes ni plus sévères au cours de la grossesse. Il est en revanche impératif de signaler tout antécédent au gynécologue et d’être attentive à tout signe de poussée.

Impact psychologique

→ Les récidives fréquentes d’herpès labial et surtout génital sont difficiles à vivre et à évoquer avec son partenaire. Expliquer toutefois que, s’il s’agit d’une pathologie chronique et contagieuse, elle reste le plus souvent bénigne. En prenant des précautions, il est tout à fait possible d’éviter une contamination.

→ Une première « crise » d’herpès peut survenir des années après la primo-infection, qui elle-même peut avoir été asymptomatique. L’apparition d’un herpès génital au sein d’un couple n’est pas forcément synonyme d’infidélité. D’ailleurs, celui-ci peut aussi être lié à HSV-1 suite à des rapports bucco-génitaux.

(1) Prévention et prise en charge de l’infection herpétique au cours de la grossesse et de l’accouchement, Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), 2017.

Tous nos remerciements au Dr Odile Bagot, gynécologue, ancienne interne et chef de clinique des Hôpitaux de Strasbourg (67) et autrice de Vagin & Cie, on vous dit tout !, paru aux Éditions Mango.

Dico+

→ Ganglion de Gasser : appartenant au nerf trijumeau, il se situe en arrière de la cavité orbitaire. Le nerf trijumeau se divise en trois branches : ophtalmique, maxillaire et mandibulaire.

Info+

→ Il existe une immunité croisée mais partielle entre HSV-1 et HSV-2. Ainsi, une primo-infection orale et des récurrences liées à HSV-1 n’empêchent pas d’être infecté ultérieurement par HSV-2.

Dico+

→ Érythème polymorphe : dermatose éruptive maculo-papuleuse, parfois bulleuse, avec ou sans atteinte des muqueuses, non contagieuse.

Info+

→ La majorité des excrétions virales asymptomatiques sont de courte durée, moins de 12 heures.

Principales contre-indications

En dehors d’antécédents d’hypersensibilité, il n’y a pas de contre-indications à la prescription des antiviraux.

Dico+

→ Infection initiale non primaire : premier contact avec HSV-1 ou HSV-2 chez un patient déjà infecté par l’autre type viral. En général, les symptômes sont moins sévères que lors d’une primo-infection.

Avis du spé

“Éviter tout rapport sexuel durant les poussées”

Dr Odile Bagot, gynécologue, ancienne interne et chef de clinique des Hôpitaux de Strasbourg (67) et autrice de Vagin & Cie, on vous dit tout ! (Éd. Mango).

Quels messages peut-on faire passer lorsque, dans un couple, l’un des partenaires souffre d’un herpès génital ?

Avant tout, il faut dédramatiser la situation. De nombreuses personnes dont le ou la partenaire a un herpès génital ne sont pas contaminées. Le message de prévention est simple : éviter les rapports sexuels, même protégés, durant les poussées car les lésions peuvent être présentes hors des zones recouvertes par le préservatif, féminin ou masculin. Les personnes atteintes d’herpès savent en reconnaître les premiers symptômes. La prise d’un antiviral sur cinq jours doit alors être recommandée car le traitement réduit la durée de la poussée et limite les récidives. En dehors des poussées, le risque de contamination reste possible via des périodes d’excrétion virale asymptomatique mais il est très faible et ne justifie pas de préconiser l’emploi systématique du préservatif.

En savoir+

→ Société française de dermatologie

Elle propose des recommandations datant de 2016 sur le diagnostic et le traitement des maladies sexuellement transmissibles, dont l’herpès génital.

sfdermato.org

À RETENIR

SUR LA PATHOLOGIE

→ L’herpès labial ou oro-facial est dû le plus souvent à HSV-1 et l’herpès génital à HSV-2. Après la primo-infection, souvent asymptomatique, le virus persiste à l’état latent au niveau des neurones sensitifs et peut se réactiver chez certaines personnes. Ces récurrences, ou « poussées d’herpès », surviennent à une fréquence très variable selon les personnes et le statut immunitaire.

→ La transmission s’effectue par contact cutanéo-muqueux direct avec les lésions (baisers, rapports sexuels…) essentiellement lors des poussées, parfois lors de périodes d’excrétion virale asymptomatique. Lors de rapports oro-génitaux, HSV-1 peut être transmis au partenaire et être responsable d’un herpès génital et, inversement, HSV-2 peut être à l’origine de lésions gingivales.

→ L’infection est grave chez les personnes immunodéprimées et les nouveau-nés, impliquant une prise en charge spécifique au cours de la grossesse.

SUR SA PRISE EN CHARGE

→ Les antiviraux par voie orale réduisent les symptômes, la durée d’une poussée et la période de contagion. Ils doivent être débutés dès les prodromes (picotements, brûlures…) annonçant une poussée. Les antiviraux locaux ont peu d’intérêt et ne sont pas recommandés dans l’herpès génital.

→ Un traitement prophylactique au long cours est indiqué chez les patients ayant plus de six récurrences par an.

SUR LES CONSEILS

→ La contagion est importante lors des poussées, depuis les prodromes jusqu’au stade de croûte ou disparition des vésicules. Durant ce laps de temps, il faut éviter les contacts avec les lésions. Un préservatif, masculin ou féminin, ne recouvre pas toujours toutes les lésions et ne garantit pas une protection efficace.

→ Attention à l’auto-inoculation, qui peut conduire à un panaris herpétique, un herpès oculaire… : se laver les mains après avoir touché les lésions.

→ Gestion des poussées : stick labial photoprotecteur en cas d’herpès labial induit par le soleil, dispositifs protecteurs et cicatrisants (patchs, huiles essentielles…) ; soins apaisants en cas d’herpès génital (Clareva gel, Cicalfate, Cicatridine…), application de compresses froides, bains froids.

En savoir+

→ Collège national des gynécologues et obstétriciens

Il propose des recommandations sur la prise en charge de l’herpès génital au cours de la grossesse, parues en 2017.

cngof.fr

→ Haute Autorité de santé

La conférence de consensus sur la prise en charge de l’herpès cutanéo-muqueux chez le sujet immunocompétent de 2001 permet de comprendre l’histoire naturelle de la maladie, ses symptômes et les principes de sa prise en charge.

has-sante.fr

→ L’Assurance maladie

Elle propose deux dossiers, l’un sur l’herpès labial, l’autre sur l’herpès génital, avec des conseils pratiques de prise en charge et de prévention de l’infection.

ameli.fr