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Les orthèses de poignet-main

Publié le 25 avril 2022
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Destinées à immobiliser le poignet et la main, hormis les doigts, les orthèses de poignet-main sont faciles à enfiler. Face à une offre pléthorique, le choix de l’orthèse en fonction du profil du patient est la clé de l’adhésion thérapeutique.

Définition

Une orthèse de poignet-main est définie, selon la liste des produits et prestations (LPP), comme un appareil de correction de la main et du poignet destiné à corriger des déformations, à limiter ou immobiliser en extension ou flexion leurs articulations, et à permettre éventuellement leur rééducation.

Principe

L’orthèse de poignet-main immobilise de manière plus ou moins stricte le poignet et les métacarpes, à l’exclusion des phalanges (voir dessin). En cas de syndrome du canal carpien ou de Guyon (voir Info+ p. 48), le poignet est immobilisé en position neutre de repos.

Description

• Toutes les orthèses de poignet-main se présentent sous la forme d’une gaine ou d’un gant, en lycra ou mousse, entourant le poignet et une partie de la main, à quelques exceptions près. Ainsi, CarpaForm de Donjoy ressemble plutôt à un « exo-squelette ».

• Elles sont munies d’une ou plusieurs pièces rigides, appelées éclisses, qui servent à immobiliser. A minima, elles ont une éclisse palmaire. Parfois, elles possèdent une éclisse dorsale métallique en aluminium.

• Elles comportent un système de fermeture ajustable d’une seule main.

• Elles sont unilatérales ou bilatérales et existent en plusieurs tailles.

Indications

L’orthèse de poignet-main est indiquée :

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• en traumatologie : entorse, fracture du scaphoïde, reprise d’activité sportive, en relais d’une résine.

• en rhumatologie : rhizarthrose, qui est une arthrose de l’articulation trapézo-métacarpienne.

• en cas de troubles musculo-squelettiques (TMS) : tendinopathies, dont celle de Quervain, qui est une inflammation de la gaine synoviale entourant les tendons du pouce au bord latéral du poignet ;

• en neurologie : syndromes du canal carpien et de Guyon ;

• en post-opératoire et en rééducation : pour immobiliser le poignet et la main.

Classification

L’offre est importante, on peut arbitrairement retenir trois critères de classification et quatre catégories.

→ Rigidité de l’orthèse : la matière utilisée doit être source de confort pour le patient.

→ Le nombre d’éclisses et la longueur de l’orthèse sont des leviers de l’immobilisation.

→ Les accessoires permettent d’adapter l’orthèse aux besoins d’un patient.

• Orthèses rigides longues. Avec un bras de levier long de 16 cm ou plus, ces orthèses améliorent la qualité de l’immobilisation. Utilisées principalement en phase de repos, elles sont souvent encombrantes. Exemples : Confort Plus poignet d’Orliman a une hauteur de 27 cm 1, contre 17 cm pour Manucare III Stable de Medi. ManuLoc long de Bauerfeind est la version longue de ManuLoc. Certains laboratoires proposent plusieurs orthèses pour une même indication, telles RespiForm et DuoForm de Donjoy, indiquées pour une immobilisation en traumatologie et en rhumatologie.

• Orthèses rigides courtes. Avec un bras de levier plus court que les précédentes, elles sont adaptées à une activité professionnelle car plus aérées et souvent discrètes. Exemples : Le Poignet de Thuasne 4 est indiquée en cas de traumatisme modéré grâce à ses deux éclisses. ComfortForm de Donjoy est, elle, disponible dans de nombreuses tailles.

• Orthèses élastiques. Elles sont souples et stabilisent l’articulation. Grâce à leur tissu compressif, elles réduisent un œdème et soulagent la douleur. Elles sont munies d’un insert au niveau du styloïde ulnaire (saillie osseuse dans la partie basse de l’ulna, qui comporte deux surfaces articulaires, l’une s’articulant avec la surface articulaire du radius, l’autre inférieure, séparée du carpe par le ligament triangulaire). Exemples : Neo Soft d’Orliman 2, orthèse courte, est adaptée à l’utilisation au travail. Manugib 3D de Gibaud, grâce à sa bande de sanglage évidée au niveau du styloïde ulnaire et son éclisse palmaire, offre une grande stabilisation. ManuTrain de Bauerfeind se différencie de la précédente par sa pelote viscoélastique qui limite les pressions, et par son système de sangles en deux parties amovibles qui permet un ajustement personnalisé de la stabilisation.

• Orthèses répondant à un besoin spécifique selon la pathologie ou le profil du patient.

→ Pour les patients ayant des difficultés de préhension, certaines orthèses disposent d’un système de serrage spécifique de technologie Boa (voir Dico+), qui facilite la mise en place et assure un serrage de précision. Exemple : attelle de poignet Fixquick d’Orliman 3.

→ Pour les patients avec de larges poignets, certaines orthèses ont des taillages très grands. Exemple : attelle de poignet One Plus d’Orliman. À l’opposé, pour les poignets très fins, certaines orthèses ont de petits taillages. Exemple : ComfortForm de Donjoy existe avec une circonférence de 11,5 à 14 cm correspondant à une taille XS.

→ En cas de pansement à la main et au poignet, l’orthèse doit avoir une grande amplitude d’ouverture. Exemple : ManuImmo Open de Thuasne 5 s’ouvre totalement pour faciliter l’enfilage et le retrait.

→ Dans le syndrome du canal carpien, un évidement de décompression au niveau de la face interne du poignet soulage, comme CarpaForm de Donjoy.

→ En cas d’œdème important, certaines orthèses permettent sa réduction par cryothérapie. Exemple : l’orthèse Igloo est fournie avec une pompe à air et un pack de gel amovible permettant d’ajuster le serrage en fonction de l’importance de l’œdème.

Mesures et essayage

Mesurer la circonférence au pli de flexion du poignet, à même la peau. En cas de styloïde proéminent, prendre la mesure sous cette saillie osseuse.

La mise en place peut être facilement réalisée par le patient.

→ Détacher l’éclisse palmaire et dorsale si elle existe.

→ Glisser la main dans l’orthèse ouverte, à plat, en passant le pouce dans l’évidement prévu.

→ Retourner le poignet et positionner l’éventuelle éclisse dorsale, puis placer l’éclisse palmaire dans l’axe du poignet.

→ La fermer en ajustant à la morphologie et à la douleur du patient.

→ Après une première mise en place, conformer les éclisses pour une ergonomie optimale, puis replacer l’orthèse. Le soulagement et le confort du patient doivent être immédiats.

Durée du port

Le prescripteur veille à une immobilisation limitée au nécessaire. En général, pour les atteintes musculo-squelettiques, la mise au repos de l’articulation est la première préconisation. Se référer aux recommandations du médecin.

Entretien

Avant le nettoyage, retirer toutes les pièces amovibles telles que sangles et éclisses, et coller les fixations auto-agrippantes sur ellesmêmes. Les pièces amovibles sont entretenues à l’aide d’une éponge humide.

Pour prolonger la durée de vie de l’orthèse, la laver régulièrement, avec de l’eau tiède et du savon neutre, à la main ou à défaut en machine dans un filet sur cycle doux (30 °C).

Présécher à l’aide d’une serviette en tamponnant afin d’absorber un maximum d’humidité, avant de laisser sécher à l’air libre, à plat et loin d’une source de chaleur. Une fois l’orthèse sèche, remettre les éléments amovibles avant l’utilisation suivante.

Réglementation

• Prescription : par un médecin ou un kinésithérapeute sur une ordonnance séparée qui précise la nature et le lieu de l’atteinte, ainsi que les modalités de port.

• Délivrance : pas de substitution du modèle prescrit en nom de marque.

• Inscription à la LPP : ce type d’orthèse est inscrit à la LPP au Titre II, Orthèses et prothèses externes > Chapitre 1 : Orthèses > Sous-chapitre 6 : Appareils divers de correction orthopédique > Orthèse statique pour poignet-rigide pour une correction orthopédique de la main et du poignet.

Chaque type d’orthèse possède un code LPP générique commençant par « 2 », mais chaque marque a un code LPP personnel débutant par « 7 ». ManuTrain de Bauerfeind dispose d’un code individuel, 7149030, et d’un code générique, 2182755.

→ Le code LPP 2182755 correspond à une orthèse statique pour poignet rigide avec une éclisse palmaire unique ; tarif LPP : 41,64 €.

→ Le code LPP 2159526 correspond à une orthèse statique pour poignet-main pour une correction orthopédique de la main et du poignet rigide avec plusieurs éclisses de longueur variable ; tarif LPP : 56, 64 €.

• Tarif LPP. Plus le degré d’immobilisation est grand, plus le tarif LPP est élevé. Il peut être défini par différents éléments inscrits au cahier des charges de l’orthèse tels que :

→ les éclisses : plus leur nombre est important (1, 2 ou 3), plus l’orthèse immobilise ;

→ la longueur : plus l’orthèse est longue, plus elle immobilise. Ainsi, la base de remboursement est de 41,64 € ou de 56,64 €.

Ces tarifs LPP ne sont pas des prix limites de vente, il est donc possible de faire payer un dépassement au patient.

Info+

→ Le nerf ulnaire innerve une partie de la main. Il est responsable de la sensibilité de l’auriculaire et d’une partie de l’annulaire. Il contrôle certains muscles responsables de la force, de la dextérité et de l’écartement des doigts. Il passe au niveau du poignet sur son bord interne dans un tunnel ostéo-fibreux, dit canal de Guyon, à côté du canal carpien.

→ Le nerf médian donne la sensibilité dans la pulpe du pouce, de l’index et du majeur et de la moitié de l’annulaire. Il assure la mobilité de certains muscles du pouce. Il traverse le poignet au sein du canal carpien, situé à la face palmaire du poignet et fermé par un ligament épais. Toute augmentation de pression dans le canal carpien entraîne une souffrance du nerf.

Dico+

→ Le système de serrage Boa, très utilisé pour les chaussures de sport ou de travail, mais aussi pour les orthèses, fonctionne avec un disque placé au-dessus du produit et un câble de laçage fin en acier inoxydable imprégné d’un nylon ultrarésistant. Il suffit de tourner le disque pour enrouler ou dérouler le câble en acier inoxydable, et ainsi serrer ou desserrer.

Info+

→ Les syndromes du canal carpien et de Guyon se manifestent par des fourmillements, une diminution de la force de préhension ou des douleurs. La douleur est localisée sur la pince, entre le pouce et l’index, pour le premier syndrome et sur les trois derniers doigts pour celui de Guyon.

Mémento de la délivrance

→ Adapter le modèle au patient en le questionnant sur ses pratiques professionnelle et sportive.

→ Le confort et le soulagement doivent être immédiats.

→ Dépassement tarifaire possible. Pas de substitution si nom de marque.