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« Nous avons détecté une personne qui nécessitait les urgences »
Comme 50 pharmaciens en Bretagne, Didier Roche s’est lancé dans le programme OSyS. Il pratique un « triage » des patients au comptoir dans 13 situations définies, de la douleur mictionnelle à la piqûre de tique. Et tire un premier bilan après trois mois d’implication.
OSyS est un acronyme pour « orientation dans le système de soins ». Comme 50 confrères bretons, Didier Roche participe à ce programme porté par l’association Pharma Système Qualité. Une expérimentation prévue pour durer deux ans qui a reçu de nombreux échos médiatiques sur les plans national et local début mai. Il faut dire que la démarche a tout pour séduire les usagers de la santé. L’officine devient à proprement parler une « gare de triage » où l’on peut être orienté, selon les cas, vers le conseil officinal, la consultation médicale ou le service des urgences. Pas moins de 13 situations* donnent lieu chacune à un arbre décisionnel, bâti avec l’appui de médecins. « Tous les mois, nous échangeons en visio sur nos expériences entre pharmaciens participants. La situation la plus fréquente concerne les plaies simples. Puis arrivent les douleurs pharyngées », indique ce pharmacien installé à Rieux, un bourg du Morbihan qui bénéficie d’un flux de passage touristique. En novembre dernier, son adjointe et lui suivent une formation d’une journée assurée par un médecin. Puis se lancent véritablement en février. Ils comptent déjà 18 triages à leur actif. « Nous faisons ce que nous faisions déjà mais de manière non formalisée et non encadrée. Auparavant, nous pouvions quelquefois manquer des étapes », estime le titulaire, satisfait de se sentir efficace.
Rassurer les médecins
La démarche mobilise l’équipe entière. Sensibilisée, celle-ci apprend à déceler les situations qui relèvent du triage. A deux reprises, l’orientation s’est effectuée vers les urgences. « Une personne d’une cinquantaine d’années s’est manifestée pour une douleur. Elle n’avait pas pensé se rendre aux urgences alors que c’était pourtant indispensable. Elle a été hospitalisée et nous a remerciés à plusieurs reprises ! » La préévaluation officinale permet de déterminer s’il y a besoin de recourir au médecin. « Si c’est le cas, nous prenons contact avec lui et il peut trouver un créneau pour voir le patient. Ce travail en amont évite à ce dernier de passer par la salle d’attente et de mobiliser le médecin pour rien. » C’est ainsi que les praticiens environnants ont fini par voir cette initiative d’un bon œil. « Au début, ils étaient interrogatifs. Il reste tout de même une poignée de médecins réfractaires », rapporte ce membre de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du pays de Redon. Chaque prise en charge est rémunérée 15 € dans ce cadre expérimental. 10 € rétribuent l’entretien initial et l’orientation et 5 € le suivi du patient. « Cela peut être utile de prendre contact au troisième jour puis un mois plus tard avec une personne qui se serait fait piquer par une tique. »
* Rhinite, douleur pharyngée, douleur lombaire, diarrhée, vulvovaginite, céphalée, constipation, douleur mictionnelle, conjonctivite, piqûre de tique, plaie simple, brûlure au 1er degré, dyspepsie fonctionnelle.
BIO Didier Roche
1986 Diplômé de la faculté de pharmacie de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)
1999 Installation à Rieux (Morbihan) après un parcours dans l’industrie pharmaceutique
2021 Implication en novembre dans le programme OSyS
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