Permanence des soins : il y a urgence pour les urgences

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Permanence des soins : il y a urgence pour les urgences

Publié le 31 mai 2022
Par Magali Clausener
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La semaine du 30 mai est chargée pour la nouvelle ministre de la Santé et de la Prévention, Brigitte Bourguignon. En effet, elle rencontre tous les jours les différents acteurs du système de santé notamment la Fédération hospitalière de France (FHF) mais aussi les syndicats de médecins libéraux. Depuis plusieurs semaines, les hospitaliers alertent sur le fait que les urgences ne pourront pas être assurées cet été sur l’ensemble du territoire. Ce qui se surajoute à l’état de crise que traverse en outre l’hôpital public.

Mobiliser tous les acteurs de santé

C’est ce que qu’a confirmé Frédéric Valletoux, président de la FHF, reçu par la ministre ce matin du 30 mai. La FHF estime ainsi que 80 % des établissements rencontrent des difficultés, qu’elles soient d’ordre général ou spécifiques à un service. Ces difficultés affectent selon les situations le nombre de lits ouverts, la continuité ou la permanence des soins. La situation tend à se généraliser sur l’ensemble du territoire. Pour préserver l’accès aux soins et alléger la surcharge de l’hôpital public, « il est nécessaire d’engager une rapide mobilisation collective de tous les acteurs de santé (hôpitaux, cliniques, maisons et centres de santé, cabinets, CPTS) pour la mise en œuvre de plans de continuité des soins dans les territoires », explique la FHF qui insiste sur le fait qu’il « s’agit de renforcer les solidarités et coordinations ».

Pour faire face à la situation, la FHF propose en particulier :

– l’installation de cellules de crise dans chaque agence régionale de santé (ARS) afin d’identifier les fragilités au niveau régional puis d’élaborer, en conséquence, des plans de continuité des soins opérationnels pour les semaines à venir, et en conduire le pilotage ;

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– la mise en place d’une obligation de transparence et de concertation sur les planifications d’activités et de congés de tous les acteurs (hôpitaux, cliniques, premier recours), indispensable pour donner leur pleine effectivité aux plans de continuité des soins adoptés et mieux répartir la réponse aux besoins de soins non programmés ;

– l’organisation conjointe des permanences des soins en établissement (PDSES) et en ambulatoire (PDSA) avec une obligation collective de résultat ;

– une communication pour une meilleure régulation de l’accès aux soins non programmés, sur le fondement de dispositifs existants (service d’accès aux soins ou SAS) ou à mettre en place.

Obligation de garde pour les libéraux

Ce n’est pas la première fois que Frédéric Valletoux met en cause les médecins libéraux dans le cadre de la permanence des soins ambulatoires. Le 19 mai, lors de l’inauguration de Santexpo à Paris, le président de la FHF n’a pas hésité à dire qu’une « obligation de participation de tous les praticiens devrait être décidée en urgence. Chaque praticien devrait s’inscrire sur une ligne de garde ou d’astreinte, en ville (PDSA) ou à l’hôpital (PDSES), lorsqu’elle est jugée indispensable pour l’accès aux soins sur le territoire d’exercice ». Les syndicats médicaux ont alors vivement réagi. Ce qui n’empêche pas le président de la FHF de rester sur sa position. Parmi les priorités de la Fédération, figure la refondation de la prise en charge des soins non programmés, ce « qui implique notamment que les permanences des soins en établissement et en ville soient organisées conjointement, selon des modalités à concerter ». La FHF souhaite également que les mesures de régulation de l’installation des professionnels soient étudiées « pour éviter, à l’avenir, la concentration de ressources au détriment de certains territoires ». Une autre pierre dans le jardin des médecins libéraux.