Leclerc veut vendre des autotests à partir d’un sondage biaisé

« 81 % des Français sont favorables à la vente de tous les types d’autotests dans les grandes surfaces », affirme un communiqué du géant de la distribution Leclerc, qui se base sur un sondage d’opinion commandé à l’institut Ipsos, réalisé en février 2024 et intitulé « Les Français et la santé au quotidien. » 

90 % des sondés n’ont pas besoin d’acheter leurs autotests au supermarché

Réalisé sur Internet à partir d’un échantillon de 1 025 personnes, ce sondage entend démontrer que « l’accès aux infrastructures de santé se détériore au sein des territoires » et que les supermarchés doivent par conséquent vendre toutes sortes d’autotests – grossesse, éthylotests, tests de glycémie pour diabète, autotests VIH, etc. – Le même sondage indique pourtant l’inverse : 90 % des Français ne constatent aucune détérioration de l’accès à leurs pharmacies de proximité. D’autres chiffres confortent cette impression : 78 % des sondés ne doivent pas parcourir plus de distance qu’avant pour trouver une pharmacie et 82 % ne pensent pas que leur pharmacie habituelle soit « vraiment loin. »

Une majorité de sondés qui ne connaissent pas l’ensemble des autotests disponibles

Le groupe Leclerc souhaite vendre tous types d’autotests dans ses supermarchés. Or, son sondage indique que la majeure partie de son échantillonnage ne connaît pas de nombreux autotests ainsi que leur mode d’utilisation : 81 % des sondés ne connaissent pas les autotests de ménopause, 73 % ignorent l’existence des tests de la maladie de Lyme. Ils sont également 66 % et 64 % à ne pas connaître respectivement les autotests d’allergie et ceux du cholestérol. Seuls quatre types de tests sont plus ou moins connus des consommateurs sondés : les tests de grossesse, de dépistage du Covid-19, les éthylotests et les tests de glycémie.

Des interprétations tendancieuses

« Les utilisateurs des autotests jugent ces tests simples d’utilisation et n’ont pas besoin d’un pharmacien dans la grande majorité des cas pour se tester eux-mêmes, la notice explicative suffisant », prétend le sondage Ipsos/Leclerc. C’est probablement l’assertion la plus tendancieuse de cette étude d’opinion. Car les réponses obtenues pour tirer cette conclusion ne proviennent pas de l’ensemble de l’échantillon mais de la maigre portion de personnes sondées ayant déjà utilisé un ou plusieurs tests. D’ailleurs, pour ces résultats en particulier, le sondage comporte l’astérisque « Base faible, les résultats sont à interpréter avec précaution. »

À prendre avec des pincettes

Conclusion : s’il est vrai que de nombreux sondés ne sont pas contre la commercialisation des autotests en grande surface, le sondage ne démontre pas la pertinence d’une telle mesure. Pour la majorité des autotests ciblés, dont une grande partie de l’échantillonnage n’a jamais entendu parler, cette étude d’opinion démontre surtout que l’on ne peut pas faire l’économie du conseil avisé d’un professionnel de santé.